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La France tout au bord de l’explosion, par Guy Millière


La France tout au bord de l’explosion, par Guy Millière

Dimanche 26 janvier sera donc « jour de colère », on le sait.
Plusieurs dizaines d’associations hétéroclites ont appelé à manifester à Paris. Les mots d’ordre seront dirigés contre le gouvernement et contre François Hollande. Ils seront aussi vecteurs de tout un ensemble de refus, rassemblés symboliquement, sur le site de convergence, sous la forme d’une grappe.

Ces refus sont, c’est le moins qu’on puisse dire très multiples, et énoncés de manière souvent floue : ce qui n’empêche pas d’y voir des tonalités prendre forme. Il est question de « politique étrangère erratique », mais, aussitôt après, de « vassalité atlantiste ». Il est question de « chômage », de « matraquage fiscal », de « désindustrialisation », mais aussi de « toute puissance de la finance ». Ce que semblent montrer ces quelques thèmes en politique étrangère est, en fait, non pas l’errance, mais une crainte vague et purement fantasmatique, de soumission de la France aux Etats-Unis. Ce que semblent montrer ces thèmes en matière économique, c’est une peur du déclin et de l’asphyxie, et la désignation comme facteur causal d’un bouc émissaire, la « finance ».

Ce qui sous-tend ces refus est, en réalité, l’état d’esprit qui règne dans le pays, état d’esprit que montrent les enquêtes d’opinion, et que détaille Valeurs actuelles dans son dernier numéro : la population française est très pessimiste concernant l’avenir, très frustrée, très anxieuse, inquiète, défiante vis-à-vis des institutions, des partis politiques et du reste du monde, hostile à l’Europe et à la mondialisation, tentée par le protectionnisme, le repli, et un régime autoritaire.

Ces refus, comme ce qui les sous-tend, me laissent, je dois le dire, une impression de malaise, car je n’y vois aucun signe de dynamisme, aucune perspective féconde, et par contre des pulsions délétères et des tentations aux parfums âcres, très éloignées de ce que Karl Popper appelait les « sociétés ouvertes », proche de celles qui se sont cristallisées dans la première moitié du vingtième siècle, dans les mouvements de type fasciste.

Je pense que la France n’a pas une politique étrangère erratique : elle a la politique étrangère d’un pays qui a été puissant, qui ne l’est plus, et qui cherche ici ou là à préserver ce qui peut l’être sans en avoir les moyens. La France n’est pas soumise aux Etats-Unis, bien sûr : en tant que petite puissance, elle doit s’appuyer sur des alliances avec plus puissant qu’elle. Sous Jacques Chirac, face à Bush, elle a choisi la Ligue arabe et la Russie et est devenue chef de file de l’antiaméricanisme. Aujourd’hui, sous Obama, Président anti-américain et islamophile, elle se rapproche de la ligne Obama dans des dossiers tels ceux concernant l’Iran ou la Syrie. Si la France reste, pour partie, soumise à quelque chose, c’est, plutôt, à la politique arabe de la France. En Afrique présentement, la France tente de sauver ce qui peut l’être des intérêts français, dans le contexte d’une avancée de l’islam radical que la France entérine ailleurs. La vérité globale est que la France n’a plus les moyens d’avoir une politique étrangère cohérente.

Je pense que la France a des gouvernements successifs qui mènent des politiques économiques calamiteuses qui l’enfoncent dans l’ornière : les impôts sont effectivement trop élevés, les réglementations sont trop complexes et trop nombreuses, la compétitivité des entreprises est détruite, les usines ferment sans être remplacées par d’autres activités. Ce sont les politiques économiques suivies qui sont responsables, pas la finance, qui se contente d’investir là où c’est profitable, et de ne pas le faire où ce n’est pas profitable, et pas la mondialisation, qui est une réalité, simplement et strictement une réalité. Une économie est à même de s’insérer positivement dans la concurrence, ou elle ne l’est pas : si elle ne l’est pas, les problèmes ne viennent pas de l’existence de la concurrence, mais de ce qui fait que l’économie concernée dysfonctionne. Ceux qui pestent contre la mondialisation utilisent souvent les bienfaits de celle-ci, et devraient se demander où est fabriqué leur ordinateur ou leur téléphone portable. Ceux qui pestent contre la finance doivent savoir qu’en ayant de l’argent dans une banque, ils ont de l’argent qui contribue à la finance.

Je pense que ce ne sont pas les institutions qui sont en cause, mais une difficulté bien plus profonde. L’économie française est une économie mixte où la plupart des entreprises importantes ont partie liée avec l’Etat, sous forme de commandes, de subventions, d’injections de capital : ce qui les place en dépendance du politique et crée une interdépendance entre elles et le politique, ce qui est une grande force d’inertie. Plus largement, la culture française, le système d’éducation, le fonctionnement de la pensée ont été gagnés par un glissement vers l’hégémonie d’un corpus d’idées socialistes, étatistes, auquel se sont agrégés des fragments de dogmes hostiles au capitalisme, au droit naturel, à l’initiative individuelle, à la civilisation occidentale et à ses valeurs essentielles.

Je pense que la France est dans une phase de délitement, de destruction lente qui s’accélère.

Je pense que la « colère » est un symptôme, un résultat du délitement et de la destruction, une réaction au délitement et à la destruction.

Je pense qu’elle est le résultat d’un sentiment plus fort que la frustration, l’anxiété ou l’inquiétude : l’angoisse face à la déchéance et à la perte de repères et d’identité.

Je pense qu’elle n’est porteuse d’aucune perspective. Des millions de gens sentent que « cela » ne va pas du tout et désignent une multitude de causes sans pouvoir définir exactement la raison précise pour laquelle « cela » ne va pas, et sans pouvoir définir le remède lui-même d’une façon précise.

Je pense que l’hégémonie dont j’ai parlé plus haut a détérioré les possibilités de définir la raison précise pour laquelle « cela » ne va pas, et qu’elle a détérioré aussi les possibilités de définir les remèdes.

Je pense dès lors que le délitement et la destruction vont continuer, et que la « colère » elle-même va continuer.

Où cela conduira-t-il ? Je n’ai pas la réponse. Cela ne conduira, en tout cas, pas à des lendemains meilleurs qu’aujourd’hui.

S’il ne fait strictement aucun doute que le gouvernement et François Hollande ont aggravé la situation qu’ils ont trouvé en arrivant, tant par des impôts et des règlements nouveaux que par ses attaques contre la famille, la situation était déjà très préoccupante avant, et le départ du gouvernement et de François Hollande ne rendrait pas, en soi, la situation moins préoccupante.

Un travail des idées serait plus que jamais indispensable. Je crains qu’il n’ait pas lieu. Présentement, il n’a pas lieu, sinon de façon très minoritaire.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.







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  • 6 thoughts on “La France tout au bord de l’explosion, par Guy Millière

    1. NOËL

      Dans les années 1990 nous avions informé Chirac et Giscard que c’était la fin du salariat de masse, et qu’en conséquence il fallait réformer l’éducation Nationale afin de stopper « la fabrication de salariés avec un mental de salariés »

      Comme toujours ils ont la science infuse et n’ont rien entendu, rien vu. Ne parlons pas de cette gauche fonctionnarisée et cette ultra gauche fasciste, voulant détruire les entreprises ou le « patronat ».

      Demain les robots arrivent en masse pour remplacer les salariés. Les banques sont responsables avec des industriels de la crise et de l’islamisation de l’Europe en particulier la France. Les Européens ne voient pas la catastrophe arriver, c’est démentiel.

      La Goldman entre autres est en première ligne semble-t-il? Les financiers ont joué avec nos deniers qui va payer d’après-vous?

    2. NOËL

      Excusez-moi, j’ai oublié le plus important, vous remercier de vos articles très clairvoyants pour la plupart.

      Bonne continuation.

    3. ben guigui

      Je crains que les Juifs de France ne soient encore designes le bouc emisaire si la tempete de mecontantements et de frustations devaitt gagner la France.
      Ce serait.peut etre le moment de songer au depart de preference vers Israel.

    4. NOËL

      Trop nombreux sont les journalistes criant un peu trop fort sur l’antisémitisme antijuif La grande majorité des Français ne désignent pas les juifs, voir le lien.

      http://www.lemonde.fr/societe/ « LE MONDE | 24.01.2013 à 11h26 • Mis à jour le 24.01.2013 à 19h02 |
      Par Stéphanie Le Bars

      L’islam par contre fait peur car ce concept aux croyances pourries est dangereux il est rejeté par plus de soixante-dix % des gens. Les Européens se réveillent?

      Le grand débat mondial sur ce concept mortifère de conquêtes est bien entamé, il débouchera soit sur une interdiction de l’islam, soit sur des révoltes sanglantes. La France s’est toujours battues pour la Liberté. Actuellement des ignorants et des instruits-idiots veulent nous vendre un islam Light..

      Les juifs ont plus à craindre -comme -nous des musulmans, mais nos merdeux de politiciens se droguent avec les pétrodollars et les énergies fossiles, d’ou cette islamisation dont on ne veut pas et qui sera combattue tôt ou tard par les Français. Il suffit de constater l’histoire de France.

      Le racisme devrait concerner la couleur de peau en aucun cas les religions. La définition de ce mot est erronée volontairement; le racisme en religion ne veut rien dire, puisque ça concerne des croyances et des pensées. Ca ne devrait concerner que la morphologie et la couleur de peau. Mais allez faire comprendre à un bourricot qu’il n’est pas une poule, c’est peine perdue….

    5. Xavier D

      Encore une fois merci pour la justesse de votre analyse. Nous allons vers une situation que le PS a bien connu du temps d’un certain FH alors premier secretaire : Déchirements, clivages, absence d’autorité, mensonges, tromperies …. Bref un mode de gouvernance qui conduit au chaos !!
      Et bien sur toujours les mêmes boucs émissaires …..

    6. Geigy

      Une analyse qui fait froid dans le dos, d’autant plus que la couverture qui pourrait nous réchauffer est bien mince et s’effiloche…

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