Expulsion des religieux du Comité d’Ethique : ce que cache ce retour à une laïcité musclée.
Juifs et protestants français viennent de perdre leurs représentants au sein du Comité consultatif national d’éthique. Et cela, bien que le président de la République soit tenu, selon les textes, de nommer 5 personnalités qui appartiennent aux « principales familles philosophiques et spirituelles ».
Ce contentieux remet en cause bien des acquis permettant une vie juive en France, et pose de plus en plus la question de son avenir dans ce pays.
Avertissement : L’affaiblissement de la Communauté juive de France, et de ses Institutions, autorise, semble-t-il, les pouvoirs publics à passer outre l’avis de ses représentants. Ce pouvoir qui nous mène en bateau, par une communication souvent lénifiante, montre par des gestes aujourd’hui récurrents, la futilité des contacts entre les Institutions Juives et la République, que les médias nationaux et communautaires nous servent pour nous endormir. Le contentieux grandit à vue d’œil, entre la Communauté Juive et l’État, puisque, après les prises de position sur le mariage pour tous, c’est à présent la PMA et les questions relatives à la fin de vie, que l’on veut voir passer sans obstruction, parallèlement à la mise en cause de l’abattage cacher que l’on veut affubler de l’adjectif « rituel » ce qui renvoie au crime rituel, au lieu de le qualifier comme l’abattage par saignée, en posant clairement les termes d’un débat scientifique non-résolu sur la souffrance animale.
Ce contentieux remet en cause bien des acquis permettant une vie juive en France, et pose de plus en plus la question de son avenir de ce pays.
Le Comité consultatif national d’éthique a fait l’objet de 22 nominations – 15 nouveaux membres et 7 renouvellements. Un sujet fait du bruit chez les religieux puisque le pasteur Louis Schweitzer ainsi que le rabbin Michael Azoulay n’ont pas été renouvelés et ont été « remplacés » par une historienne du protestantisme – Marianne Carbonnier-Burkard – et un neurologue qui par ailleurs se dit attaché à la tradition juive – Lionel Naccache. Que penser de ce « nettoyage religieux » ?
Damien Le Guay : D’abord, il y a une question de forme. La politesse républicaine, qui suppose de prévenir, d’avertir, n’a pas été de mise. Les deux évincés l’ont appris par les journaux. Les protestants s’en sont émus. Le Rabbin a manifesté son étonnement. Ensuite, si les textes du CCNE ne prévoient pas de « représentants des religions » en tant que tels, une tradition s’était instaurée pour permettre à ces derniers d’avoir voix au chapitre. Le président de la République doit, selon les textes, nommer 5 personnalités, qui appartiennent aux « principales familles philosophiques et spirituelles ». Enfin, le choix de ne pas les renouveler, eux et pas d’autres, est bien une décision politique. Il n’y a plus de religieux en tant que tels au sein du CCNE. Ceux qui les ont remplacés ont des « sensibilités religieuses ».
Et si, contrairement au discours d’apaisement du président actuel (Jean-Claude Ameisen), Claude Baty, représentant officiel des protestants de France, a cru devoir écrire au ministre de l’Intérieur pour protester et si le Pasteur Schweitzer et le Rabbin Azoulay ont publiquement manifesté leurs désaccords, c’est bien qu’il y a un problème. Un problème lié à leur état religieux, à leur fonction religieuse.
Existe-t-il derrière ces changements un but politique inavoué ? Quelle vision de l’éthique cela implique-t-il ?
Le problème est double. D’une part, il s’agit d’un climat. La laïcité est un cadre général, des règles mais aussi un savoir-vivre ensemble, un respect mutuel. Pourquoi ne pas avoir renouvelé ces deux « religieux », compétents, spécialistes de ces questions, sans même avoir cherché une concertation avec les protestants et les juifs ? Sans doute pour les « sanctionner ». Tout le monde sait que la position du CCNE sur l’euthanasie (avis de juillet 2013 défavorable à la légalisation de l’euthanasie) n’a pas plu. De plus, il faut envisager de meilleures manières les débats à venir – ceux sur la PMA et l’euthanasie. Le changement de la moitié des membres du CCNE permet « d’assurer ses arrières ». D’autre part, il s’agit d’une certaine conception de « l’éthique de discussion », au fondement des comités d’éthique, et qui suppose que l’intelligence soit collective, la discussion libre, la conviction mutualisée. Le Rabbin Azoulay considère qu’il y a derrière ces évictions un « préjugé réducteur et choquant sur la capacité des religieux à pourvoir penser librement et intelligemment ». Dès lors, si, comme le dit le rabbin Azoulay, les religieux n’ont plus voix au chapitre en ceci qu’ils sont religieux, c’est qu’ils sont considérés, par nature, comme incapables d’entrer dans ce processus de mise en commun des convictions. Si tel est le cas, alors existe une sorte de discrimination à l’égard des religieux – avec tout à la fois un a priori négatif qui n’est pas lié à une personne mais a une catégorie et, d’autre part, un défaut de reconnaissance, une sanction professionnelle, une dévalorisation des compétences au regard d’une supposée incapacité à sortir de sa condition. Pourquoi un rabbin serait-il moins convaincu et libre en même temps que Michelle Meunier, nouvellement élue au CCNE qui ne cache pas ses convictions LGBT ?
Faut-il relativiser l’importance de l’évènement ou au contraire y voir un révélateur de l’exclusion progressive des religieux dans le débat public ?
On peut le considérer. L’actuel président du CCNE le dit. M. Sicard, ancien président du CCNE, pense de même. Mais le Pasteur Schweitzer va quand même jusqu’à considérer que « le message est clair » : il s’agit d’un « retour à une laïcité musclée ». Une certaine laïcité montre ses muscles et considère que les religieux n’ont pas place autour de la table quand il est question de religion, de laïcité ou de sujet de société. S’est-elle imposée dans certaines dernières décisions ? On peut se poser la question. Claude Baty s’étonne que dans le nouvel « observatoire de laïcité », dirigé par Jean-Louis Bianco, aucun de ses membres ne soit un religieux alors même, dit-il « qu’il y a des francs-maçons ». La laïcité ne concernerait-elle pas les religieux ? Les religieux, a priori, ne joueraient pas le jeu ? Pourquoi ? Dernier indice : sans concertation aucune, France-Culture a déplacé certaines émissions religieuses du dimanche matin (celles des protestants et des juifs), à 7 h du matin pour laisser place, pendant une heure, à une émission de Frédéric Lenoir, « les racines du ciel » – émission intéressante au demeurant. Nous ne sommes plus dans les religions mais la « spiritualité laïque », la quête de soi. Les deux premiers invités de cette émission furent Luc Ferry et Mathieu Ricard. C’est tout dire ! Pourquoi mettre un dimanche matin, dans le temps des religions, une émission qui n’est pas religieuse si on ne considère pas, sans le dire, que la « spiritualité laïque » va venir remplacer les « religions » – ce qu’a clairement dit Luc Ferry lors de la première émission ?
Sommes-nous en train de confondre athéisme et laïcité ? De remplacer le dialogue par l’analyse ?
Il y aura toujours deux conceptions de la laïcité. Soit elle est envisagée comme un cadre général de limites et de respect. Alors, tout le monde est laïc – y compris les religieux s’ils respectent les règles de la République. Soit elle est envisagée comme un combat, une séparation entre les laïcs (qui seraient ceux qui n’ont pas de religions) et « les croyants » qui ne seraient que les seuls « croyants religieux ». Ainsi, pour ce qui concerne une ultra-laïque, Caroline Fourest se présente comme « une laïque » – ce qui laisse à supposer que son interlocuteur ne l’est sans doute pas ! Cette laïcité-cadre et cette laïcité-contre ont des a priori différents.
Le paradoxe en France est que la République (de gauche comme de droite) est plutôt rétive vis-à-vis de toutes irruptions des religions dans l’espace public alors même que les traités européens, qui nous engagent, sont eux favorables au dialogue, à l’écoute des religions et à la contribution de ces dernières au débat public. Ainsi l’article 17 du traité de Lisbonne indique que l’Union doit avoir un « dialogue ouvert, transparent et régulier » avec les religions. Et le 30 mai dernier, les plus hautes autorités européennes, ont organisés une réunion avec les autorités religieuses d’Europe pour redonner sens et confiance en l’avenir de l’Europe. Et si la Commission européenne fait des « rappels à l’ordre » sur les Roms, elle n’en fait pas sur ce « dialogue »-là ! Elle pourrait en faire un suite à l’éviction des religieux du CCNE !
Avec qui dialoguer si ses interlocuteurs sont renvoyés en dehors des instances de dialogue ?
Damien Le Guay ATLANTICO.
Philosophe et critique littéraire, Damien Le Guay est l’auteur de plusieurs livres, notamment de La mort en cendres (Editions le Cerf) et La face cachée d’Halloween (Editions le Cerf).
Il est maître de conférences à l’École des hautes études commerciales (HEC), à l’IRCOM d’Angers. Il est président du Comité national d’éthique du funéraire et Vice-président de l’Amitié Charles Péguy.
Concernant le pasteur, je ne sais pas. Par contre, Lionel NACCACHE est le fils brillant d’un ami, très ancien fidèle de ma communauté. J’ai connu Lionel tout petit et j’ai assisté à sa Bar Misva. Puis il fit ses brillantes études. Il revient parfois à la synagogue quand il est en visite chez ses parents. C’est indéniablement un vrai juif, connaissant bien Notre Tradition. Notre communauté a donné d’autres personnages à la société française, dont un est encore en activité à un très haut niveau.
Mais concernant l’avenir des Juifs en France, la question n’a même plus à être posée. Depuis le début de la dernière (en date) vague de violence nazislamiste, à Roch Hachana 5761 (octobre 2000), nous assistons à l’accélération du « kibbouts galouyte », c’est à dire le rassemblement des exilés. Alors, quand bien même la classe politique et la propagande française ne s’adonneraient pas à l’antisémitisme de plus en plus ouvert que nous connaissons, nous n’avons pas à nous incruster en terre d’exil. A moins de souhaiter disparaître en tant que juif, comme l’ont fait entre 2/3 et 4/5 des Hébreux qui n’ont pas voulu sortir d’Egypte.
Ils n’acceptent plus aucuns freins ni censure à leurs débauches, Ils récolteront ce qu’ils ont semés.
Social values derive from Judaism. What Holland is doing is like children getting rid of their parents. Practically speaking it is like committing intellectual murder. Europe is becoming more and more secular/pagan, therefore, to placate the Christians, he has to placate the Jews and what about the Muslims?
Charles dalger
« Le pasteur , je ne sais pas »
Eh bien sachez que les Huguenots ont toujours été les pestiférés comme les juifs!
Aujourd’hui , ils sont mis dans le même panier que les juifs, car ce sont les seuls amis des juifs, les seuls qui connaissent les prophéties de l’Ancien et Nouveau Testament, les seuls à voir que beaucoup d’entre elles ont été accomplies et les autres sont sur le point de l’être .
La prophéties de Zacharie qui dit que toutes les nations se ligueront contre Israël, que Jérusalem sera « l’œil du Cyclone » etc….
Mais n’en déplaise aux arabes et à l’Occident, JERUSALEM est la » Ville de notre Dieu « , la « Ville du Grand Roi » ( Psaumes 48, 3à9 ) choisie par lui pour jouer un rôle particulier dans la destinée des hommes, parce que Dieu lui a accordé une bénédiction et une protection particulière (Ps 132:14)
On voit bien actuellement, Obamuz qui veut donner Jérusalem Est et la JUDEE SAMARIE aux musulmans, ses coreligionnaires; on voit bien qu’il n’a pas de Parole : au début de son 1er mandat ,il disait que Jérusalem est indivisible !!
Dans le NT, dans Luc 21:24 on lit :Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu’à ce que le temps des nations soit accompli. cette précision du Seigneur concernant le temps des nations est cruciale pour comprendre le conflit actuel en Israël.