Mercredi 11 septembre à 9 heures, un bijoutier de Nice, Stéphane Turk, 67 ans, a été attaqué par deux hommes armés de fusils à pompe, alors qu’il était en train d’ouvrir sa boutique. Les deux racailles l’ont menacé de leurs armes, frappé, puis dépouillé. 1 million de personnes avaient apporté, sur Facebook, leur soutien au bijoutier de Nice qui a tué l’un des deux braqueurs de sa boutique alors qu’il s’enfuyait en scooter avec son butin.
- Alors que ses agresseurs s’enfuyaient avec le butin sur un scooter identique à celui du djihadiste Mohammed Merah, le bijoutier a ouvert le feu dans leur direction, abattant le passager, un multi-récidiviste de 18 ans, déjà condamné à de nombreuses reprises pour vol et violence.
- Après avoir ressenti de fortes douleurs consécutives aux coups reçus durant son agression, le bijoutier a été hospitalisé jeudi soir aux urgences.
- Vendredi matin, il a été placé sous surveillance électronique et mis en examen pour homicide volontaire.
Dans son intéressant exposé sur la légitime défense qui déjà était au cœur de l’affaire Galinier, mis en examen en 2010 pour « tentative d’homicides volontaires » après avoir « blessé par armes à feu deux jeunes femmes tentant de cambrioler son domicile », Philippe Landeux* expliquait, le 30 août 2010 :
« Les individus se constituent en Société pour augmenter leurs chances de survie, donc leur sécurité, ce qui implique qu’ils aient les uns envers les autres un devoir de non-agression et d’assistance mutuelle. L’ennemi des uns est l’ennemi de tous. En revanche, cela n’interdit pas à chacun de défendre ses droits (en particulier ses biens et sa personne) par ses propres moyens quand il ne peut compter que sur lui-même. La Société est faite pour décupler la force des citoyens, non pour affaiblir par des lois iniques les individus plus qu’ils ne le seraient dans l’état de Nature où il n’y a pas de lois, où chacun se défend comme il peut.
Un agresseur rompt le pacte social (si tant est qu’il soit citoyen) : il est dans l’état de Nature vis-à-vis de sa victime qu’il plonge dans le même état vis-à-vis de lui, et ce tant que cette dernière ne peut compter sur le secours de la Société. Il a violé et anéanti toutes les lois : sa victime n’en a aucune à respecter envers lui. A chacun dès lors d’user des moyens dont il dispose pour repousser l’autre ou en venir à bout. Que le premier soit vainqueur ou vaincu (et vivant), il se retrouve face à la Société qu’il a trahie et dont il a agressé, voire tué, un membre. C’est assez dire qu’il sera poursuivi. Mais, s’il a péri, tant pis pour lui : son sort tragique n’intéresse pas la Société. Quant à sa victime qui l’a maîtrisé, repoussé ou même tué, la Société ne peut non seulement rien lui reprocher mais doit au contraire le féliciter d’avoir su défendre les droits qu’elle lui reconnaissait et de lui avoir conservé un citoyen qu’elle devait protéger.
Telles sont l’origine et les conséquences du Principe de légitime défense. »
Lorsque je préparais cet article, 1 million de personnes avaient apporté, sur Facebook, leur soutien au bijoutier de Nice qui a tué l’un des deux braqueurs de sa boutique alors qu’il s’enfuyait en scooter avec son butin.
Sommes nous dans une situation de légitime défense ?
Quelques heures plus tard, au moment de rédiger l’article, le nombre de soutiens est passé à 1.1 millions. Alors que mon article est prêt à être publié, le nombre est passé à 1.2 millions.
Et pourtant…
Philippe Landeux ajoute :
« La seule chose que la Société puisse et doive faire lorsqu’il est invoqué pour justifier une défense victorieuse est de vérifier les faits pour s’assurer que celui qui l’invoque défendait bel et bien ses droits qui étaient ou qu’il pouvait croire menacés. »
1.2 millions de personnes ont-ils vérifié les faits ?
Ont-ils vérifié ce que légitime défense signifie au regard du droit ?
La police n’est qu’au début de son enquête. 1.2 millions de personnes, derrière leurs ordinateurs et sur Facebook l’ont déjà cloturée ? Ils ont déjà décidé de l’innocence du bijoutier ?
- Il est indiscutable que le bijoutier est victime du sentiment d’abandon des honnêtes gens par les pouvoirs publics qui relâchent les délinquants sitôt présentés devant un tribunal.
- Il est indiscutable que le bijoutier, frappé par les malfrats, menacé de fusils à pompe, humilié, choqué, et cambriolé, n’était pas en possession de tous ses moyens et ne peut être jugé sans tenir compte de ces circonstances atténuantes.
- Il est indéniable, enfin et surtout, que le sentiment d’injustice ressenti par les honnêtes gens vis à vis de la sollicitude du gouvernement pour les voyous ne peut qu’être nié par le pouvoir, et plus encore par les magistrats extrémistes du mur des cons, puisque ce sont précisément ces voyous là que le projet de loi pénale de Christiane Taubira va remettre en liberté, et le 1.2 million de soutiens est le cri des Français impuissants qui se sentent abandonnés à la violence urbaine.
Mais si le bijoutier a tiré alors que ses cambrioleurs prenaient la fuite, il n’est pas possible d’invoquer la légitime défense : il n’était plus en danger, n’avait rien à défendre, et quelque soit le degré de préjudice moral, on ne tue pas pour récupérer des bijoux volés.
Si, en revanche, le voyou qui était passager sur le scooter a pointé son arme en direction du bijoutier, alors la légitime défense reprend toute sa place.
Il faudra, pour le savoir, attendre les enquêtes balistiques, et les extraits des vidéos surveillance.
Il faudra souhaiter, si la légitime défense est avérée, que le gouvernement ne fasse pas du bijoutier un nouveau martyr sacrifié au nom de l’idéologie « du mur des cons ».
D’ici là, je ne peux pas apporter mon soutien au bijoutier. Pas tant que les éléments de l’enquête qui préciseront les circonstances des suites du cambriolage ne seront pas connues, même si, et j’en suis scandalisé, les criminels bénéficient de la grande tendresse des bien pensants.
© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info
* Je ne partage certainement pas l’admiration de Philippe Landeux pour l’antijuif Alain Soral. Cela ne justifie pas pour autant que je m’interdise de le citer : quand Jean Marie Le Pen dit qu’il fait beau, je ne hurle pas au loup.
Des que des voyous entrent dans un magasin,armes et prets a voler la legitime defense devient pour le moins logique.
Si Monsieur Turk n’avait pas obtempere aux ordres des cambrioleurs IL SERAIT MORT.
Son seul moyen de defense,pour son bien,pour sa vie et pour nettoyer le pays de
voyoux fiches et recidivistes, etait qu’il les arrete par tous les moyens a sa dispositions.
Loin de le mettre en garde a vue,c’est un remerciement du ministre de l’interieur,voir du gouvernement,que merite Monsieur Turk.
A defaut,il a ceux de centaines de milliers de citoyens.
ce bijoutier ne demande qu’à travailler, rien de plus. Il a été agressé, volé, les voyous savent ce à quoi ils s’exposent, le bijoutier a bien fait de tuer l’un d’eux, j’aurai aimé que ce soit les deux. Puisque les politiques ne peuvent rien, QUE DES PAROLES, PAROLES !…comme la chanson de Dalida, il faut bien que l’on défende son outil de travail ! c’est tout de même navrant de devoir en arriver jusque là, il y a en France de plus en plus de vols, agressions en tous genres, et depuis un certain nombres d’années les commerçants sont la cible des voyous. Si la répression était plus dure, il est fort possible que les jeunes voleurs seraient moins nombreux et réfléchiraient avant de se mettre en action.
Merci d’avoir cité mon texte. Mais vous ne l’avez cité qu’en partie. Vous omettez, pour commencer, la fin de la phrase suivante : « La seule chose que la Société puisse et doive faire lorsqu’il est invoqué pour justifier une défense victorieuse est de vérifier les faits pour s’assurer que celui qui l’invoque défendait bel et bien ses droits qui étaient ou qu’il pouvait croire menacés et n’a pas au contraire provoqué l’agression dont il se dit victime ou attenté le premier aux droits de l’autre. » Manifestement, ce n’est pas le bijoutier qui a ouvert les hostilités.
Ensuite, je comprends que vous n’ayez pas cité tous les sophismes employés pour courir au secours des agresseurs et accabler les victimes, mais mon article est très clair :
Ce n’est pas « la façon dont un citoyen se défend détermine s’il était ou non en état de légitime défense, alors que c’est la situation même dans laquelle il se trouvait au moment où il a été agressé dans sa personne ou seulement dans ses biens, qu’il se soit ensuite défendu ou non, qui le détermine. »
« Le seizième [sophisme] est de dire qu’un citoyen qui parvient à retourner la situation n’est plus en état de légitime défense vis-à-vis de son agresseur et n’a donc plus le droit de le toucher. Or l’état de légitime défense dure autant que l’état de Nature dans lequel son agresseur l’a plongé, lequel état ne cesse d’exister que lorsque le citoyen peut enfin se reposer sur des concitoyens (il ne suffit donc pas que des citoyens soient présents, il faut aussi qu’ils interviennent et soient capables de conjurer tout danger). La Société ne peut blâmer ses citoyens d’avoir profité d’un moment d’inattention de leurs agresseurs ou d’un retournement de situation peut-être passager en leur faveur pour les tuer ou les blesser alors que c’est précisément dans ces instants qu’ils peuvent en triompher et que la légitime défense n’est pas un vain mot. Car, enfin ! ne reconnaître aux citoyens le droit de se défendre que dans les moments de surprise et d’impuissance n’aurait pas de sens ! La légitime défense implique nécessairement le droit d’être offensif si la situation le permet. Les agresseurs doivent donc savoir que, dès lors qu’ils contraignent un citoyen à réagir, ils l’absolvent aux yeux de la Société de tout ce qu’il peut faire contre eux dans sa rage, une rage qu’ils ont déclenchée, et qu’ils risquent donc jusqu’à leur vie. Encore une fois, il n’y a pas de lois dans l’état de Nature si ce n’est celle du plus fort, et tant pis pour les agresseurs qui présument de leurs forces et sous-estiment celles de leurs victimes. »
Le bijoutier de Nice était précisément dans ce dernier cas. Il ne pouvait rien faire quand il était en joue. Il a tiré quand il a pu saisir son arme et que SES AGRESSEURS s’enfuyaient. Se demander s’il était en état de légitime défense, c’est denier aux citoyens le droit de se défendre (user de force contre leurs agresseurs) ou ne reconnaître ce droits qu’aux morts.
Merci pour vos précisions. Nous avons soutenu le bijoutier de Nice comme beaucoup.