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Etienne Mougeotte : « Dans l’affaire Al-Dura, l’attitude d’Arlette Chabot qui refuse de livrer les rushs, est scandaleuse, comme la solidarité corporatiste derrière Charles Enderlin »


Etienne Mougeotte : « Dans l’affaire Al-Dura, l’attitude d’Arlette Chabot qui refuse de livrer les rushs, est scandaleuse, comme la solidarité corporatiste derrière Charles Enderlin »

Etienne Mougeotte, à la tête du Figaro depuis 4 ans, a exposé lors d’une très récente rencontre à la CCFI sa vision des médias français sur le Moyen-Orient et sur la façon dont sont traitées les informations vis à vis du Moyen-Orient et d’Israël « qui est passé d’un petit état agressé à un pays dominateur ».

Il reprend la ce mot « dominateur » employé par le Général de Gaulle le 20 novembre 1967 pour qualifier Israël qui avait emporté la guerre des 6 jours, le 6 juin 1967. « Au fond, De Gaulle définissait comme une caractéristique essentielle que le peuple juif était dominateur » ce qui constitue un tournant dans l’opinion publique française, les médias, aussi bien télé que radio, c’est à ce moment là, où Israël qui était un petit pays agressé est devenu le pays « agresseur ».

L’affaire Mohamed Al Dura est traitée par Etienne Mougeotte :

« Tué, mais par qui ? ».

« On se rend compte qu’il est impossible à cette époque, et encore aujourd’hui, d’ouvrir un débat en France sur cet épineux sujet sur le fait de savoir qui avait réellement tiré, israéliens ou palestiniens, si les images étaient le fruit d’un montage, s’il s’agissait d’un accident.

Impossibilité d’avoir ce débat qui témoigne d’une certaine attitude des médias français et des journalistes sur ce sujet, il s’agit la d’un mélange de préférences partisanes anti-israélien par certains et le phénomène extravagant de solidarité corporatiste derrière Charles Enderlin dont le reportage posait problème ».

Un autre point analysé par Etienne Mougeotte est celui du traitement par les médias français de la Révolution Arabe ou « Printemps Arabe ».

Etienne Mougeotte : « Il est intéressant de voir comment les médias français se sont, dans un premier temps, engagés dans un enthousiasme absolu suite aux chutes des dictateurs tels que Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Egypte ou encore Kadhafi en Lybie, et dans un second temps de constater ce sentiment de gêne des médias qui s’installe progressivement suite à la montée au pouvoir des islamistes et même des salafistes.

Un autre point très important et un sujet qui n’est pas assez traité par les médias français : L’Iran.

Etienne Mougeotte : « Il est intéressant de constater le comportement ‘‘ethnocentré’’dont fait preuve la France et les médias français. On s’en rend compte lorsque pas un mot n’a été dit, si ce n’est une chronique d’Alexandre Adler sur Europe1, et qu’aucune chaîne télé n’a relayé l’information selon laquelle l’Union Européene avait mis en route un embargo pétrolier de l’Iran ».

« Les médias télés et radios, à l’inverse du Figaro ou du Monde, n’attachent pas une importance fondamentale à ce genre de nouvelles, préférant faire du journalisme de proximité. Il existe en France une espèce d’idée préconçue que c’est ce qu’attend le public français des médias et cette incapacité à sortir du cercle franco-français pour aller vers le reste du monde. « Mais qui dit que les français ne seraient pas intéressés par le sujet du Moyen-Orient ? Personne » !

« Il serait peut être bon que les journalistes fassent leur propre auto-critique pour enfin sortir de ce schéma et de cette idée que le public attend seulement des journalistes d’être dans la compassion et la proximité. »

Un autre point abordé et qui nous ramène au point de départ à savoir l’attitude des médias à l’égard d’Israël.

Etienne Mougeotte : « Le principal problème est qu’aujourd’hui Israël est souvent présenté comme l’agresseur et les palestiniens comme victimes.

Il y a naturellement une responsabilité des médias et des journalistes, cette espèce de tradition pro-arabe. Il y a à la fois un effort à fournir de la part d’Israël et de ceux qui défendent Israël en France, un effort de pédagogie des médias comme ont réussi à le faire ceux qui défendent la cause palestinienne.

Il arrive souvent que certains médias fassent appel à des personnalités juives anti-israélienne et on assiste à une sur représentation de juifs anti-israéliens qui n’est pas le reflet du point de vue partagé sur Israël. Il en sort donc qu’il y a un double effort à faire :

1- De pédagogie : D’explications de défenses des positions d’Israël.

2 – De la part des israéliens qui ont perdu le contrôle des mots et des images

Le maniement des symboles et des mots, et le contrôle des images : Deux sujets dans lequel les partisans des thèses arabes et palestiniennes sont devenus experts à l’inverse des israéliens et qui constitue une faiblesse. Cet effort des israéliens n’est pas simple vue la retenue, logique, des israéliens lors d’attentats et le refus d’exhiber leurs morts comme le font les palestiniens, malgré l’importance et le poids des images sur l’opinion publique.

Dernier point et on en a déjà parlé, c’est évidemment que tout ce qui permet à des journalistes français d’aller en Israël et de voir la réalité d’Israël à un impact extrêmement positif qui ne se traduit pas effectivement immédiatement mais qui contribue à rétablir la réalité et l’image réelle d’Israël.

Alors que ceux qui n’y sont jamais allés raisonnent avec cette espèce de chape de plombs qui recouvre un peu les médias français et cette idée que les israéliens sont les agresseurs et les palestiniens les victimes ce qui n’était pas le cas il y a 25-30 ans.

Questions-Réponses

Q. Est- ce que la responsabilité en matière de conditionnement d’opinion est celle des médias ou celle des politiques ? Les politiques ne donneraient ils pas le tempo de ce que les médias vont reproduire ?

Etienne Mougeotte : Oui, les médias jugent et commentent, mais ils sont d’abord le reflet de ce que expriment les politiques, il est vrai que le sujet d’Israël n’est pas au centre des préoccupations des responsables politiques. C’est souvent un sujet marginal et il est vrai que de ce point de vue là, il y a évidemment une responsabilité des politiques. Il faudrait que ce sujet soit l’un des sujets principal du débat électoral et il serait bon de connaitre de manière claire les positions des uns et des autres. On voit bien la division au sein de la gauche avec d’un côté une gauche pro-israélienne et toute une partie de la gauche, extrême gauche et verts pro-palestiniens.

En conclusion, oui, la responsabilité des politiques est fondamentale, les médias sont quand même en première intention les miroirs puis exercent une fonction éditoriale.

Q. On a évoqué l’importance de la pédagogie pour l’information et la plupart des journalistes sont issus des Universités. N’y aurait-il pas un gros travail à faire au niveau des universités et des échanges entre les universités françaises et israéliennes, car le boycott provient souvent des universités, lieu fort d’antisionisme.

Etienne Mougeotte : Il est vrai que si on remonte en amont il y a sûrement dans les universités et le corps enseignant des tendances anti-israéliennes assez fortes et on assiste toujours à la même chose, c’est-à-dire que lorsqu’on emmène des gens pour la première fois en Israël, ils découvrent une réalité qui n’est pas ce qu’ils imaginaient à travers ce qu’ils avaient pu lire ou entendre. Ceci est vrai, non seulement pour les universitaires mais aussi pour les étudiants, les échanges étudiants sont évidemment très importants même si ils sont très difficiles à organiser.

Q. Sur la question de l’antisémitisme en France et de la pudeur de certains politiques sur le sujet. Au niveau des médias, pourquoi est-il si difficile d’appeler les choses par leur nom, pourquoi les médias ne vont pas jusqu’au bout ?

Etienne Mougeotte : On est effectivement dans la langue de bois complète.

Dire aujourd’hui que 70 à 75% des détenus français sont d’origines maghrébines ou sub-sahariennes est indicible.

Il est vrai qu’il y a la même incapacité de dire des choses simples, l’un des ressorts de l’antisémitisme actuel étant les communautés maghrébines.

Le vrai problème, c’est que cela n’est pas uniquement cela, c’est clairement un foyer incroyablement actif et toxique.

Q. 1.Est ce que vous avez des éléments sur l’impact des nouveaux médias, internet, blog, twitter sur l’information de l’opinion publique par rapport à la situation au Moyen-Orient et si on peut mesurer leur impact, dans quel sens va-t-il ?

2. Pouvez-vous nous dire quel est selon vous l’état du débat à droite sur les sujets du moyen-orient ?

Etienne Mougeotte : 1- Sur les nouveaux médias, il est difficile de répondre.

Concernant le Proche-Orient, il y a une double influence :

– Directe, sur ceux qui sont de plus en plus nombreux sur internet
– Influence sur les journalistes et c’est probablement aujourd’hui un des fils à suivre et à décrypter. De plus en plus, l’opinion des journalistes des anciens médias presse, radio, télé se nourrit de ce qui circule sur internet. Dans le meilleur des cas on dit que les journalistes sont à même de faire le tri parmi les infos, rumeurs et désinformations mais en réalité ils se nourrissent aussi des sujets dominants.

2. Sur la situation à droite, il est vrai qu’il y a de grandes différences sur la position de Claude Goasguen et sur celle de Dominique de Villepin. Clairement il existe des lignes de partage à droite, mais il semble néanmoins qu’il n’y a pas à droite cette part qui existe dans la gauche de la gauche ou la gauche d’un militantisme pro palestinien affirmé. Il y a des gens qui ont une forte sympathie pour la cause arabe et qui du coup sont assez hostiles à Israël mais le clivage est moins extrême.

Q. On parle encore aujourd’hui de la mort du petit Mohamed Al dura, 12 ans après, d’ailleurs à ce sujet, Mr Philippe Karsenty attaque Arlette Chabot qui refuse de montrer des rushes de cet évènement, et on ne parle pas des 5000 syriens qui meurent tous les jours. Comment expliquez-vous cela ?

          

Etienne Mougeotte : C’est la force des Symboles. Un enfant, avec la force émotionnelle de ces images, pèse très lourd. Il ne s’agit pas de dire que la mort d’un seul et la mort de 5 000 personnes, ça ne se met pas en parallèle.

Pourquoi on en parle encore ?

Car il y a une rétention d’information, l’attitude d’Arlette Chabot qui refuse de livrer les rushes est scandaleuse, ça signifie qu’ils ne veulent pas qu’on aille au bout du débat et heureusement qu’on en parle encore.

Cette image qui a fait le tour du monde a eu un impact très fort.

Q. L’approche plus équilibrée, plus objective du Figaro vis-à-vis du conflit au Proche-Orient est-elle volontaire ou s’agit-il d’un pur hasard ?

R. Modestement, je serai tenté de dire que ce n’est pas tout à fait un hasard si le Figaro a retrouvé une position qui était celle d’il y a 25-30 ans. Donc, j’ai surement eu ma modeste part.

Q. Est ce que si Israël attaquaient l’Iran, les pays arabes se rapprocheraient de l’Iran et ne pensez vous pas que la presse européenne va se lancer dans une chasse à l’agresseur et trouver que « ces grands démocrates » qui dirigent l’Iran sont des victimes du « prédateur » Israël ?

Etienne Mougeotte : Vos craintes ne sont pas infondées. Tout dépendrait de l’organisation des choses, mais ce risque là existe, y compris naturellement pour les médias français.

Q. Concernant le traitement médiatique au sujet de la libération de Guilad Shalit, la presse écrite n’avait pas eu un ton aussi dithyrambique et élogieux que les chaînes d’infos comme BFM télé ou I-télé. Comment vous l’expliquez ?

Etienne Mougeotte : Il est vrai que cet évènement a été pour les chaines d’informations en continue un des évènements de « Breaking News ». Mais il est vrai aussi que depuis, il a un peu disparu des esprits. Et cela me donne une piste et une idée d’article : « Quelle est la nouvelle vie de Guilad Shalit ».

Q. Sur le Wall Street Journal, on peut souvent lire au début d’un article : « nous n’avons pas pu vérifier une seconde fois tel ou tel élément ». On ne le retrouve jamais dans les journaux français. La réponse que certains journalistes me donnaient étaient « oui mais nous, nous sommes mal payés ».

Mais quel est le rapport entre faire son travail de façon professionnelle et sa fiche de paie ?

Quel regard avez-vous à ce sujet vis à vis de vos journalistes ?

Etienne Mougeotte : Nos journalistes sont quand même correctement payés. Dans l’ensemble, il est vrai que le statut des journalistes, leur rémunération s’est dégradée sur 30 ans. Il est vrai qu’il y a dans la presse anglo-saxonne une tradition de vérifications des données et une capacité à dire : « Nous n’avons pas pu trouver cette information » qui n’existe pas dans la presse française et chez les journalistes français où on est quand même dans l’à peu près, le « on dit », l’oubli du conditionnel quand il faudrait l’employer.

C’est l’une des grandes tares des médias français. Il n’y a pas cette tradition anglo-saxonne de l’exactitude absolue des faits. On mène des batailles permanentes pour la relecture de quelqu’un qui donne une interview.

De gros progrès sont encore à faire de ce côté là.

Source : IsraëlValley, par O. B.





Psychosociologue, consultant sur les questions de conflits, crises, violences et débriefing dans tous les secteurs où ces problèmes se posent.



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  • 4 thoughts on “Etienne Mougeotte : « Dans l’affaire Al-Dura, l’attitude d’Arlette Chabot qui refuse de livrer les rushs, est scandaleuse, comme la solidarité corporatiste derrière Charles Enderlin »

    1. BENSOUSSAN MICHELLE

      ENFIN ! Une Analyse d’un directeur de rédaction d’un journal français où l’un de ses reporters (ex-otage)chargé de traiter cette partie du monde, est loin d’être objectif dans -ses commentaires formulés-le plus souvent-à charge contre Israël!!! Bien sûr « plus scoops » et vendeurs…à voir le nombre de posts renchérisseurs !!!…De plus,à quoi bon vérifier ce qui nous a déjà été servi tout frais par d’autres instances ????
      Quoiqu’il en soit, cette analyse d’Etienne Mougeotte est un aveu (un peu) tardif -en regard de la durée du conflit(…depuis 1967)- mais prouve un besoin de prise de conscience objective. Il sait ce qui est en train de se tramer actuellement au Moyen-orient et les conséquences de cette situation pourraient comme un boomerang nous être préjudiciables !
      Ce réveil journalistique sur le traitement de l’information à propager sur ce conflit, par l’ensemble de la profession, ainsi que les lieux d’enseignement devront revoir leur(s) copie(s)…Certes !!!
      Donc, à quand, Monsieur Etienne Mougeotte, « Une Conférence/Un Colloque de Presse déontoglogique/- O B J E C T I V E – et NON P A R T I S A N E « !!!
      à l’adresse de tous vos confrères, que vous initierez !! CECI EST URGENT! (vous pourrez choisir l’Unesco pour son déroulement !!!) MERCI

    2. Roberto

      Pauvre type, triste personnage qui pense se faire une réputation, et peut être même du fric sur des mensonges; pour un journaliste, c’est la pire des choses. Faire des montages, rapporter des événements montés de toutes pièces c’est lamentable. Il est soutenue par la « vieille peau » d’Arlette CHABOT qui refuse de remettre à la justice les « rusch » de l’événement, ça veut tout dire. Si l’affaire avait été aussi claire, limpide, et pouvant étayer leurs affirmations, c’est eux mêmes qui auraient remis ces pièces. Cependant, la justice ne s’y est pas trompée en condamnant ces deux « faussaires de l’info ».

    3. Roberto

      Arlette CHABOT a fait son temps à la télé. Il est temps qu’elle disparaisse de nos petits écrans, et qu’elle laisse la place à des jeunes, au physique agréable et dignes d’occuper un tel poste. A présent, j’estime qu’on l’a assez vue. Ciao Arlette.

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