Avec Vaclav Havel, le peuple juif et l’État d’Israël perdent un ami qui ne leur a jamais manqué.
Le premier président de la Tchécoslovaquie libérée du joug communiste avait renoué avec la tradition de son pays, dont les livraisons d’armes entre 1946 et 1948 permirent au Yishouv, puis à Israël de se défendre contre ses agresseurs.Soumise à la domination soviétique, la Tchécoslovaquie officielle s’était alignée sur les positions pro-arabes de Moscou. Mais, à la différence d’autres pays de l’Est, cet antisionisme officiel ne trouvait aucun écho dans une société imperméable à l’antisémitisme.
Au sein de l’Union européenne, la République tchèque s’est toujours montrée soucieuse de défendre une approche équilibrée dans le conflit proche-oriental. Son actuel ministre des affaires étrangères, le prince Schwartzenberg, s’efforce aujourd’hui de faire valoir, dans les enceintes internationales, qu’Israël n’est pas le principal coupable de tous les maux du Proche et Moyen-orient.
Ce n’est pas toujours facile, mais cet ancien conseiller de Vaclav Havel, issu d’une haute lignée aristocratique de l’Empire austro-hongrois, porte la mémoire des ravages de l’antisémitisme dans l’histoire du siècle dernier.
Vaclav Havel, qui savait ce que la culture de son pays devait à tous ces Juifs qui ont œuvré à Prague et dans d’autres cités de Bohème-Moravie, était intransigeant face aux antisémites, les anciens comme les nouveaux.
La communauté juive tchèque ne compte aujourd’hui que quelques milliers de membres, alors qu’elle fut, avant la Shoah, l’une des plus prospères et brillantes d’Europe centrale.
Aujourd’hui, Prague est une destination touristique très prisée des Israéliens, et des Juifs du monde entier, qui sont nombreux à suivre dans la ville les traces du Maharal, ou aller se recueillir dans la synagogue vieille nouvelle, la plus ancienne d’Europe conservée jusqu’à nos jours.
Désormais, leur itinéraire devra prévoir un instant de recueillement sur la tombe de Vaclav Havel.
Source : Radios Juives Francophones, par Luc Rosenzweig