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Le « Printemps arabe », un an après …, par Richard Darmon


Le « Printemps arabe », un an après …, par Richard Darmon

TUNISIE
Dans ce pays qui a mis le feu aux poudres du Printemps arabe en renversant – pour des raisons au départ surtout socio-économiques – le régime du président Ben Ali, le parti des Frères musulmans locaux (Ennahda) a gagné les élections législatives.

Bien que ses leaders aient promis de ne faire que « quelques changements » dans le statu quo institutionnel d’une Tunisie aux traditions politiques méditerranéennes assez pluralistes et ouvertes, le bloc fondamentaliste au sein même de Ennadah fait pression pour restructurer la Constitution en accord avec la Charia, la loi musulmane. Ce qui inquiète près de la moitié des Tunisiens laïques qui menacent de redescendre dans les rues, mais cette fois contre le fondamentalisme …

MAROC
Les « islamistes modernes » viennent aussi de remporter les législatives. Voilà pourquoi, de manière urgente, le roi Mohammed VI se doit de mettre en œuvre les réformes qu’il avait promises pendant la campagne… afin notamment d’éviter la recrudescence de manifestations populaires contre son régime qui avaient commencé l’an dernier. D’autant que dans ce pays où, en surface, tout apparaît calme, serein et bien huilé, de nombreux groupes politiques extrémistes s’organisent pour préparer le renversement de la monarchie alaouite installée au pouvoir depuis quatre siècles.

ALGÉRIE
Même s’il a pu survivre sans trop de dommages – avec seulement quelques manifestations de protestation à Alger et ailleurs – à une année de soulèvement dans tout le monde arabe, le leadership « entre deux chaises » du président Bouteflika semble à terme miné. Après ces premiers signes de rébellion, le pouvoir avait aussitôt promis de modifier la Constitution – notamment avec plus de « transparence » et la possibilité pour chaque parti de se présenter aux élections -, ce qui avait apparemment calmé les islamistes. Alors que l’opposition démocratique algérienne fourbit ses armes pour le prochain round des protestations, les fondamentalistes islamistes conservent bon espoir d’arriver à en prendre finalement le contrôle.

LIBYE
Après l’odieux lynch du colonel Kadhafi et l’assassinat de la plupart des membres de sa famille (les autres étant en fuite), le pays est dirigé par un « gouvernement intérimaire » où dominent les factions armées noyautées par Al Qaïda. Ce n’était sans doute pas ce que voulait l’OTAN qui a largement contribué par ses bombardements intensifs à la défaite militaire du régime Kadhafi, ni même la majorité de Libyens qui s’étaient opposés – avec beaucoup de pertes en vies humaines – à son système despotique et à tant d’inégalités socio-économiques. Nul ne sait donc de quoi sera fait l’avenir de ce pays resté très pauvre – malgré ses ressources pétrolières – et ethniquement divisé en quelque 150 tribus différentes …

ÉGYPTE
Alors que se poursuit au Caire l’humiliant procès d’Hosni Moubarak, qui fut président de l’Égypte pendant 30 ans, le général Mohammed Tantawi, leader du Conseil national des Forces armées assumant l’intérim du pouvoir grâce au Gouvernement militaire provisoire (GMP), semble contrôler encore la situation malgré la poursuite d’émeutes sporadiques de la Place Tahrir, organisées chaque fois par des courants différents de l’opposition.

Aux deux premiers tours des élections à la « Chambre basse » du parlement, les partis islamistes ont glané plus de 60 % des voix (dont 40 % pour les Frères musulmans du Parti de la Liberté et de la Justice). Mais aucune formation civile – y compris les libéraux avec leur 20 % de voix – ne supporte désormais le maintien du GMP, censé ne rester au pouvoir que jusqu’au printemps 2012, date prévue pour les élections présidentielles.

Conséquence de cette instabilité chronique : le tourisme, principale source de revenus, est en plein déclin, les investissements étrangers ont presque disparu, des milliers d’entreprises ont fermé, le tout faisant faire un énorme bond au chômage…
Au plan sécuritaire, Israël s’inquiète du fait que la péninsule du Sinaï est désormais aux mains des milices bédouines islamisées et des groupes terroristes du Djihad global multipliant les contrebandes d’armes vers Gaza.

JORDANIE
Les inquiétudes du roi Abdallah II sont justifiées ! Bien qu’il ait survécu à cette 1re année du Printemps arabe avec quelques cortèges – surtout des syndicats professionnels noyautés par les islamistes – de manifestations à Amman « contre la vie chère », le pire est sans doute devant lui avec des Frères musulmans locaux renforcés nouant des liens officiels avec le Hamas palestinien et des cellules du Djihad global opérant librement sur le territoire du royaume… Le tout, alors que l’opposition et les étudiants exigent une réforme de fond des institutions « vers plus de démocratie » qui tarde à venir. Autre sujet d’inquiétude : le tout récent retrait américain dans l’Irak voisin et l’instabilité sécuritaire qui va en découler risquent fort de faire revenir en Jordanie des centaines de milliers de réfugiés d’origine palestinienne…

ARABIE SAOUDITE

Deux facteurs ont fait que le « Printemps arabe n’a pas ébranlé la monarchie saoudienne : le soutien politique et financier des ESA et de l’occident, mais aussi l’habile décision du roi Abdallah qui, dès les premières émeutes en Égypte, a sauvé son régime en insufflant d’urgence 130 milliards de dollars dans de gigantesques plans de construction de logements à prix abordables, d’augmentation des salaires et de relance de l’emploi – ce qui a satisfait une large majorité de Saoudiens contents de leur bon niveau de vie et de l’alliance de Riyad avec l’Occident.
Mais de la fumée couve-t-elle peut-être sous le sable rempli de pétrole du 1er pays au monde exportateur d’« Or noir » : les extrémistes islamistes du Djihad global y sont aussi en recrudescence, pendant que l’Iran noyaute le soulèvement en cours des minorités chiites au sud-ouest du royaume.

 

YÉMEN
Après une année d’émeutes et le départ « volontaire » du président pro-occidental Ali Abdallah au pouvoir depuis des décennies – qui a été remplacé par le Premier ministre Mohamed Basindawa, leader de l’opposition -, la situation semble provisoirement stabilisée. Mais de sérieuses menaces risquent d’y déclencher bientôt une guerre civile : les milices liées aux réseaux Al-Qaïda et surtout les agents des Gardes révolutionnaires iraniens noyautant l’opposition chiite des grandes villes sont en train de miner ce calme apparent.

BARHREIN
S’inspirant des initiatives de Riyad, le roi Al-Khalifa a su rapidement lancer quelques réformes sociales et décréter une amnistie générale des prisonniers politiques, ce qui a valu à son régime de pouvoir passer le cap de cette 1re année de soulèvements arabes. Mais face à l’influence de plus en plus déstabilisatrice des agents iraniens poussant à la révolte la majorité chiite de cette petite île stratégique qui contrôle les flux maritimes pétroliers au sud du détroit d’Ormuz, le roi a dû faire appel à l’armée saoudienne et à ses blindés pour endiguer les émeutes. Preuve que la situation ne saurait demeurer statique !

 IRAN
Bien que l’opposition iranienne ait été durement muselée après l’échec des grandes manifestations de rue de l’été 2009 dans les grandes villes du pays, les mollahs au pouvoir à Téhéran sont inquiets de voir un jour les protestations populaires revenir un jour déstabiliser leur dictature islamiste. D’autant que pour eux, le bilan d’une année de soulèvements dans les pays arabes – qu’ici et là, ils ont en partie aidé à faire irruption, notamment au Bahreïn, au Koweït, au Yémen et aussi en Égypte – n’est pas si positif, car ce sont surtout les forces sunnites qui en émergent comme les véritables vainqueurs (comme en Tunisie, au Maroc et en Égypte, où les Frères musulmans ont exigé la fin des interventions iraniennes dans la vie politique intérieure du pays).

Autre grave sujet de préoccupation pour les dirigeants iraniens : la chute probable de Bachar Assad en Syrie – principal pays de l’axe « Téhéran-Damas-Beyrouth-Gaza » au profit des Frères musulmans sunnites syriens – risquera d’affaiblir sérieusement le Hezbollah chiite libanais, bras armé avancé des mollahs à la frontière-nord d’Israël.

KOWEÏT
L’émir Sabbah al-Ahmad a de quoi s’inquiéter : l’opposition locale, en pleine expansion, a déjà manifesté à plusieurs reprises contre son régime, alors que les Iraniens ne cessent d’introduire dans son pays des agents chiites préparés à l’insurrection dès que le moment sera venu… pour annexer ce pays voisin d’un Irak déjà déstabilisé depuis des années par la grande révolte chiite.

SYRIE
Voilà plus de neuf mois que le soulèvement de l’opposition contre la dictature – surtout menée par la population des grandes villes sunnites – déstabilise le régime Assad et son oligarchie alaouite au pouvoir depuis plus de 40 ans, mais sans toutefois parvenir à les renverser.

 Alors que ce soulèvement a déjà fait plus de 5 500 morts, près de 20 000 blessés et des dizaines de milliers d’emprisonnés depuis mars dernier, la répression menée par le clan Assad s’intensifie de jour en jour, au grand dam de la Turquie et de la Ligue arabe qui ont commencé à prendre des sanctions économiques contre Damas. Et ce, alors que les pays occidentaux, qui étaient pourtant intervenus massivement en Libye avec les frappes aériennes de l’OTAN, contre les milices mercenaires de Kadhafi, ne semblent pas vouloir appuyer militairement l’opposition syrienne …

Source : Hamodia, par Richard Darmon





Psychosociologue, consultant sur les questions de conflits, crises, violences et débriefing dans tous les secteurs où ces problèmes se posent.



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