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Snobs arabisants par Daniel Pipes


Snobs arabisants  par Daniel Pipes

 

Est-il nécessaire de connaître la langue arabe pour écrire sur les Arabes ou pour prendre une décision politique les concernant ? Oui, grognent avec une moue de dédain certains de ceux qui ont étudié cette langue et que l’on connaît sous le nom d’arabisants.
La langue arabe est montée à la tête de Antony Sullivan.

 

 

 

Antony T. Sullivan, par exemple, tient à rappeler ses qualifications dans la revue Historiquement parlant. Critiquant un article, « Les racines militaires de l’Islam» rédigé par deux non arabisants, George Nafziger et Mark Walton, il écrit: «Comme quelqu’un qui croit que la compétence en langue étrangère et une traduction juste des mots étrangers et des concepts en langue anglaise sont importants», – notez l’estime de soi exagérée de Sullivan – «je dois avouer que je suis extrêmement déçu par cet article. » Et quelle effroyable erreur ces auteurs ont-ils donc commise pour détruire ainsi leur thèse? Ont-ils mal compris ce qu’est le jihad(guerre sainte islamique)? Non, quelque chose de bien pire:

« Ce qui est le plus énorme c’est que les auteurs se réfèrent plus d’une fois à la direction de la prière musulmane comme étant la qilbah. Cela est inexact: Nafziger et Walton ont inversé la deuxième et la troisième consonnes du mot arabe (racine: qâf-bâ-lâm). Le mot correct est qibla (accent sur la première syllabe), et en anglais ce mot est le plus souvent écrit avec l’orthographe indiquée. Le système de translittération recommandé par l’International Journal of Middle East Studies, la revue scientifique américaine la plus importante dans ce domaine, estime qu’il n’y a aucune raison d’ajouter un «h» à la lettre finale (tâ marbûta) de ces mots tels que qibla.

Sullivan conclut sur une note encore plus pompeuse: «Il est regrettable que ceux qui n’ont pas une solide maîtrise de l’arabe choisissent d’écrire sur des sujets qui demandent une compétence linguistique mais ce n’est malheureusement que trop commun à l’époque dans laquelle nous vivons.

Juan Cole « est maître » en langues et en mauvaise politique.

Mais Nafziger et Walton comprennent bien que la guerre est « le principal processus par lequel l’Islam s’est répandu à travers le monde», tandis que Sullivan, malgré sa profonde connaissance des tâ marbûtas, propage la désinformation islamiste («le terrorisme et le Jihad ne sont pas des jumeaux identiques, mais des ennemis historiques »). Son erreur à lui s’inscrit dans une tromperie arabisante plus grave, cachant le vrai sens du jihadet faisant semblant que cela signifie l’amélioration de soi plutôt que la guerre offensive.

Juan Cole, professeur à l’Université du Michigan, offre un autre exemple haut en couleur de snobisme arabisant. Sa biographie officielle proclame qu’il «maîtrise l’arabe, le persan et l’ourdou et lit un peu le turc. » De façon ridicule, il soutient que les problèmes américains en Irak ont résulté d’un manque de connaissance de la langue arabe: «nous avons vu tous les experts du Moyen-Orient du moment qui ne connaissaient pas l’arabe et n’avaient jamais vécu dans le monde arabe ou parfois même n’avaient jamais été là-bas qui ont été exhibés comme des sources bien informées ».

Mais la connaissance de ces nombreuses langues dont il se vante n’a pas empêché Cole de donner d’horribles conseils, comme encourager Washington à faire confiance aux Frères musulmans et à négocier avec le Hamas.

De manière amusante, Cole fustige tout spécialement l ‘American Enterprise Institute , en demandant « y a t-il quelqu’un là-bas … qui parle un seul mot d’arabe? » et il se moque d’un érudit bien précis, Michael Rubin. « Je n’ai jamais vu Rubin citer une source arabe, et je me demande s’il connaît même la langue ; il est iranisant de formation. » Rubin (dont la biographie ne dit rien sur les langues qu’il « maîtrise ») m’informe qu’il a « une connaissance pratique de l’arabe »qui le rend apte à citer les journaux arabes pour l’analyse politique. Contrairement à Cole, Rubin ne se vante pas d’avoir appris des langues difficiles ; et aussi contrairement à Cole, Rubin offre des conseils stratégiques judicieux pour un éventail impressionnant de questions.

« Le cercle fermé » de David Pryce-Jones est « une étape importante. »

Par ailleurs, notez l’incohérence de Cole et d’autres arabisants; «ils écrivent eux-mêmes librement sur Israël, bien qu’ils ne parlent pas un mot d’hébreu » remarque Lee Smith de Weekly Standard. Peut-être que trop d’étrangers connaissent l’hébreu pour qu’il soit tout à fait aussi prestigieux?

Si l’on peut difficilement imaginer des recherches sérieuses sur, disons, les Etats-Unis sans connaître l’anglais, les non arabisants écrivent des études utiles et importantes sur les Arabes en raison de la vaste quantité d’informations disponibles dans les langues occidentales, notamment l’anglais. Par exemple, j’ai fait l’éloge de David Pryce-Jones dans the Closed Circle : An Interpretation of the Arabs (le cercle fermé: une interprétation des Arabes) comme «une étape décisive pour la compréhension de la politique du Moyen-Orient. » Si l’on n’a guère besoin de l’arabe pour écrire sur les Etats-Unis, les locuteurs typiquement de langue maternelle arabe, ont besoin d’informations disponibles dans les langues occidentales pour exceller.

Bien sûr, cela aide de connaître les langues. Mais, comme le suggèrent ces exemples, les langues ne protègent pas contre l’idéologie, les engouements à la mode, la pédanterie ou la désinformation. Elles ne garantissent ni la recherche de qualité ni la perspicacité politique. Celui qui a appris l’arabe peut être fier de cette prouesse sans se vanter que cela l’emporte sur les autres qualifications. C’est un outil parmi d’autres, non pas un statut.

 

par Daniel Pipes
National Review Online
22 novembre 2011

Version originale anglaise: Arabist Snobs
Adaptation française: Anne-Marie Delcambre de Champvert







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