D’après le rapport de l’AIEA publié le 8 novembre 2011, « le point de non retour serait atteint », l’Iran ne serait plus qu’à quelques mois de l’arme nucléaire. A cette fin, la République Islamique aura bénéficié de nombreuses complicités, dont celle du père de la bombe pakistanaise Abdul Quadeer Khan, de la Corée du Nord, d’experts de l’ex-URSS, et de la « bienveillance » de l’ancien Directeur Général de l’AIEA, Mohamed El Baradei.
Malgré les preuves « accablantes », le président Mahmoud Ahmadinejad multiplie les attaques contre les USA et Israël et dans le même temps, dénonce un complot où il n’y a « aucune preuve sérieuse ». Le régime des Mollahs est donc bien décidé à « poursuivre son programme nucléaire » et ne « renoncera en aucun cas à ses droits ». Face à ce danger, les occidentaux n’ont encore jamais fait preuve d’une réelle détermination pour en finir avec ce programme « controversé », se contentant de trains de sanctions répétés et inefficaces. Bien que l’option diplomatique soit encore privilégiée, un nombre croissant de protagonistes se posent ouvertement la question d’une intervention militaire contre les sites nucléaires perses.
Le régime des Mollahs se retrouve désormais à la croisée des chemins et en cas de conflit, ne pourra pas bénéficier d’une aide efficace de ses supplétifs qui sont dans une situation difficile, comme la Syrie en plein soulèvement populaire et le Hezbollah sous le coup d’une accusation du TPI. Quant au Hamas il semble prendre ses distances suite à l’accord Shalit.
En croisant les informations éparses, on s’aperçoit que la guerre a déjà commencé mais selon des approches non conventionnelles. Ainsi, plusieurs scientifiques atomistes iraniens sont décédés dans des conditions suspectes. Citons également, le sabotages spectaculaires d’infrastructures iraniennes, dont celle de la base ultrasecrète Imam Ali au nord-ouest du pays, et tout récemment celle du centre de missiles balistiques Mordarres à 40km de Téhéran. Ou encore, des cyber-attaques avec le ver Stuxnet qui a mis à mal les centrifuges de Natanz servant à enrichir l’uranium, et ayant perturbé la bonne marche du fleuron de l’industrie nucléaire, la centrale de Bouchehr, ou dernièrement l’apparition du virus informatique Duqu.
En retour, il n’est pas exclu, que la main de l’Iran se dissimule derrière le piratage de sites sensibles comme celui du Mossad, attribué au groupe de hackers « Anonymous ». Dans la même ligne, la reprise de « la pluie de missiles » sur le sud d’Israël par le Djiad islamique, malgré l’accalmie négociée avec le Hamas, peut s’interpréter comme un message non voilé de ce qu’il pourrait arriver en cas de conflagration.
Ces éléments ne font que s’ajouter à une longue liste qui tendent à accréditer la thèse que la République islamique serait au centre d’un vaste complot. Ainsi en octobre 2011 on apprenait que des agents iraniens avaient planifié l’assassinat de l’ambassadeur d’Arabie Saoudite aux USA, Abdel Al-Jubeir. D’autres attentats étaient également en préparation à Washington contre l’ambassade d’Israël, et à Buenos Aires contre celles d’Israël et d’Arabie Saoudite, ainsi qu’à Bahreïn où une cellule terroriste vient d’être démantelée.
Les démonstrations de force et la guerre psychologique sont des armes de choix obligeant les iraniens à être sur le qui vive en permanence et sur tous les fronts. Dans ce contexte, l’annonce d’exercices d’une amplitude sans précédant entre les USA et Israël impliquant plus de 5000 soldats, la livraison de « bombes anti-bunker » à l’Etat Hébreu et aux Emirats Arabes Unis, ainsi que l’essai réussi d’un missile balistique de type Jéricho par Israël, ne sont pas faits pour rassurer Téhéran. De même que les indiscrétions révélées par les médias laissant entendre que le Koweit « pourrait servir de station pour attaquer un autre pays de la région ». Ou encore que l’Arabie Saoudite pourrait distraitement regarder ailleurs, si d’aventure des avions étrangers étaient amenés à survoler son territoire. En face, hormis un corps d’élite et ses missiles, il est largement admis que l’Iran ne peut opposer qu’un armement dépassé. Il en irait tout autrement si elle disposait de la bombe atomique.
Seules des sanctions « paralysantes » et coordonnées seraient à même de dissuader la République islamique dans sa marche forcée. Mais le Chine et la Russie ont fait savoir qu’elles s’y opposeraient. On peut donc considérer la page diplomatique comme tournée. Il ne reste malheureusement plus que deux solutions : soit la capitulation en acceptant un Iran nucléaire totalement incontrôlable et aux ambitions démultipliées par l’impuissance occidentale, soit de réduire de manière significative sa capacité de nuisance par la force.
Si l’option militaire devait être choisie, plusieurs scénarios seraient envisageables dépendant de la constitution ou non d’une coalition et de la participation éventuelle des USA. On peut en outre s’interroger sur la portée des attaques : soit des frappes ciblées sur les seuls sites nucléaires connus que l’on sait dispersées, parfois proches d’agglomérations et bien défendus par des systèmes de radars russes. Soit l’on accepte des « dégâts collatéraux » plus ou moins étendus aux infrastructures pétrolières qui affaibliraient de manière durable l’Iran, et par effet domino pourraient favoriser des soulèvements régionaux hostiles à Téhéran. Quoi qu’il en soit, il vaudrait mieux pour Israël de ne pas devoir agir en solitaire, non seulement en terme d’efficacité et d’ampleur des attaques, mais également pour supporter les conséquences diplomatiques d’un tel assaut. Pour l’heure, la Grande Bretagne semble la plus proche des positions israéliennes, mais l’histoire nous a appris que faute de la présence d’autres alliés, il y a peu de chance qu’elle s’engage seule aux côtés de l’Etat Hébreu.
Il existe une autre possibilité. Les Mollahs acculés, pour assurer la survie de leur régime en péril, pourraient opérer un changement radical sur le nucléaire et se débarrasser du même coup de l’encombrant Mahmoud Ahmadinejad avec lequel ils sont en conflit. Pour être acceptable, cette solution devrait apporter toutes les garanties de transparence. Sinon ce serait reculer pour mieux sauter.
La crise mondiale, des intérêts économiques contradictoires et des échéances électorales rapprochées sont autant d’éléments qui altèrent la juste perception du problème iranien. Les priorités et les temporalités ne sont pas les mêmes pour les Russes, les Chinois, les USA, les Européens, Israël et les monarchies pétrolières. A défaut d’un agenda commun, ou tout au moins de la constitution d’une coalition, les iraniens profiteront de la situation pour mener à terme leur entreprise de déstabilisation mondiale.
Finalement l’avenir va dépendre des décisions américaines. Barak Obama, briguant une deuxième mandat, va-t-il prioriser à des fins électorales la préservation de la timide reprise économique au détriment du traitement des lourdes menaces qui pèsent sur la planète, ou choisira-t-il de régler une bonne fois pour toute le problème, redonnant ainsi de l’espoir au monde et aux USA son rôle de première puissance ? Comme l’horloge perse arrive bientôt à son terme, il serait heureux pour nous tous que le pensionnaire de la Maison Blanche ne tarde pas trop à répondre, en espérant qu’il prenne la bonne décision.
Soit assuré de toute notre reconnaissance.
© Pr Hagay Sobol Europe Israël – reproduction autorisée avec un lien vers la source
Pr Hagay Sobol
Professeur des Universités, Docteur en Médecine et Sciences.
Président du Centre Fleg Marseille, Membre du comité directeur du Crif Provence
et du comité régional Provence du FSJU
Membre du Collectif « Tous enfants d’Abraham »