« Un Arabe et un Haredi (*) sont sur une moto. » Non, ce n’est pas le début d’une blague juive. Hezy, de Mea Shearim, et Fadi, de At-Tur, sont tous deux bénévoles au sein de l’association médicale United Hatzalah.
L’histoire de Fadi Bahir et de Hezy Roth peut définitivement devenir un film : imaginez un homme ultra-orthodoxe tout de noir vêtu, pénétrant dans le quartier arabe de Jérusalem-Est afin de sauver des vies. Quelques heures plus tard, un Arabe court en plein coeur du quartier de Mea Shearim, le quartier haredi (ultra-orthodoxe) de Jérusalem, afin d’apporter une aide médicale.
Ceci est leur histoire. Hezy et Fadi se sont portés volontaire pour aider l’association médicale United Hatzalah, semblable au Magen David Adom, l’équivalent de la Croix-rouge en Israël. Hezy réside à Mea Shearim, tandis que Fadi vit dans le quartier arabe d’At-Tur. Les habitants arabes du quartier Est de Jérusalem ont récemment commencé à se porter volontaire auprès de l’association United Hatzalah, au sein de laquelle travaillent déjà 1800 bénévoles – dont la plupart sont haredim. Ils viennent surtout en aide aux habitants des quartiers arabes, les bénévoles juifs ayant souvent peur d’y entrer.
L’un de ces nouveaux bénévoles, Fadi Bahir, a demandé à travailler avec un bénévole haredi. Il a donc fait équipe avec Hezy Roth, et ensemble, ils visitent les quartiers haredi de Jérusalem ainsi que les alentours du Mont des Oliviers, près duquel se trouve At-Tur. Hezy possède une échoppe de poisson, et Fadi est chargé de l’entretien de la mosquée Al-Aqsa. « Toute cette histoire est vraiment dingue », confie Fadi, souriant. « Certaines personnes de Mea Shearim m’approchent pour me demander de l’aide. Je me suis retrouvé plus d’une fois, avec ou sans Hezy, en plein milieu d’une yeshiva (école juive orthodoxe), pour procéder à une réanimation. »
« On nous prend pour des tarés »
Il se trouve que les rues arabes et haredi se ressemblent beaucoup. Les imposantes ambulances du Magen David Adom ont des difficultés à passer au milieu des allées et ne sont pas familières avec les emplacements des maisons, et les auxiliaires médicaux ont parfois peur d’aller dans des endroits hostiles. C’est là que l’équipe « multi-confessionnelle » entre en jeu : Elle n’a pas d’escorte policière et peut facilement se déplacer en moto.
« Une ambulance peut parfois prendre 50 minutes avant d’arriver, » explique Fadi. « La personne peut mourir dix fois entre temps. Prenez Silwan par exemple, un village de Jérusalem-Est. Il n’y ni adresse ni numéro là-bas. » Et Hezy ajoute : « Lorsque quelqu’un est en danger, il se fiche de la personne qui le sauve. Ce qui nous lie tous les deux nous paraît totalement naturel, mais nous sommes tous deux considérés comme des tarés dans nos quartiers. »
« Fadi et Hezy sont la preuve que l’engagement de sauver des vies dépasse toute politique », affirme le président de United Hatzalah, Eli Beer. « Parce que nous sommes une association qui sauve des vies, qui est donc toujours préparée aux urgences, nous savons qu’un front uni est nécessaire pour servir du mieux qu’il soit la population israélienne. »
(*) haredi = religieux orthodoxe, ou "craignant D’ieu".
Source : Jew pop.com, Akiva Novick pour Ynet News, traduit de l’anglais par Lara Granat
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