Vu d’Israël, le débat hexagonal sur la nature et les perspectives des « révolutions arabes » semble totalement hors du réel.
On a fait semblant de croire, dans les milieux français prétendument bien informés, que l’aspiration démocratique des peuples tunisiens, libyens ou égyptiens était le soleil radieux de ce printemps arabe.
Or, il se trouve que les Israéliens ont l’ouïe plus fine et leur regard plus acéré sur ces événements qui les concernent de près.
On a voulu croire, chez nous que l’absence de slogans antioccidentaux et de vociférations contre Israël dans les manifestations de ce printemps allait ouvrir une période de détente dans le conflit israélo-arabe.
Quelques semaines plus tard, l’ambassade d’Israël au Caire était mise à sac. En Tunisie le parti islamiste Ennhada fait de la lutte contre l’État juif un étendard. En Libye, il n’est pas question, malgré les bons offices de BHL, de voir les nouveaux dirigeants normaliser leurs relations avec « l’entité sioniste », entre guillemets bien entendu.
En France, on masque sous des artifices langagiers cette triste réalité : ainsi on qualifie d’islamistes modérés les dirigeants de Ennhada qui sont en passe d’accéder au pouvoir à Tunis. On peut être certain qu’ils vont modérément, mais fermement, réintroduire la charia dans le plus laïc des pays du Maghreb.
Mais ils sont modérés, vous dit-on, parce qu’ils se réclament du modèle turc.
On n’attend même pas de les voir en action pour leur décerner ce brevet de modération.
Israël ne peut pas se permettre ce type d’aveuglement : Ses dirigeants savent que la caste corrompue des nationalistes arabes héritiers du nassérisme est condamnée à disparaître au Caire, à Ramallah et à Damas. Ils ont une idée de l’état d’esprit de leurs probables remplaçants : c’est celui du Hamas de Gaza et du Hezbollah de Beyrouth. Alors, à Jérusalem, on écoute d’une oreille distraite les donneurs de leçons de Paris ou d’ailleurs.
Source : fmradiojuives.com, par Luc Rosenzweig