Il y a près de trente ans, je travaillais comme Nagar, menuisier adjoint, sur un chantier de maisons que nous transformions en y créant une chambre supplémentaire aménagée pour les enfants avec une cloison en bois de pin , une porte coulissante, des étagères.
Cela se passait à Sdé Boker, le kibboutz était passé de la « Ligne enfants enfants séparés » à la lina mishparti, la « ligne familiale ». Les enfants ne dormiraient plus désormais ensemble dans les « maisons d’enfants » mais dans les maisons privées de leurs parents.
Lors des pauses, chacun se parlait sur le chantier. La température extérieure était de 35 degrés mais on ne ressentait pas trop la chaleur car le taux d’hygrométrie est très faible dans le désert du Néguev.
Le maçon me dit en hébreu : « J’aime bien déjeuner ici, dans la salle à manger commune ! »… « je suis le seul à travailler et toute ma famille attend ma paye à la fin du mois »Si il recevait un salaire, c’est qu’il n’était pas membre du kibboutz…Je lui demandais alors ou il habitait ? Ber-Shéva ? Mitzpé Ramon ? Arad ?
« Non, me dit il en souriant, moi, je viens de Gaza, je suis palestinien … »
Il était brun avec de grands yeux verts et s’exprimait dans un hébreu assez fluide avec un accent, un peu comme celui d’un marseillais pour un parisien.
Il me confia ceci :
« Si un jour, je ne pouvais plus travailler ici, ce serait non seulement une catastrophe pour moi mais encore pour toute ma famille, mes parents, mes frères et sœurs, mes neveux….Avec mon salaire et ce que l’on me donne en plus ici, les pastèques, les pommes, les œufs, je peux faire vivre et manger régulièrement plus de quinze personnes, je suis le seul à travailler ,tu comprends…c’est imortant, « zé hachouv »…. »
Et il ajouta, avec un grand sourire, observant mon intérêt pour ses paroles :
« Tu sais, c’est curieux notre histoire, hier on se combattait et aujourdhui, regarde, c’est nous qui construisons Israël avec vous (On était en 1984)…on travaille ensemble sur un même chantier sans problèmes. »
Je lui répondis que la paix était la meilleure des choses pour nos deux peuples, que les attentats n’apporteraient rien aux palestiniens.
Les temps ont bien changé.
Histoires singulières © Patrick Bénichou pour Europe Israël – reproduction autorisée avec mention de la source
Biographie :
Né à Tlemcen en 1953, Patrick Bénichou a fait ses études secondaires à Boulogne et supérieures à Paris IX Dauphine .
Il a milité activement plusieurs années dans sa jeunesse auprès de Daniel Charbit et de Simon Epstein
Il a vécu au kiboutz Sdé Boker dans les années 1970.
Consultant en organisation et en aménagement de l'espace, il s'est consacré parallèlement à l'écriture ces dix dernières années.Il a publié 3 romans et nouvelles de différents genres.
Parallèlement à ses activités et depuis 30 ans, il peint et crée des vitrines miniatures thématiques sous le nom de Bip.
Ses oeuvres graphiques et ses créations sont exposées sur Artmajeur.com
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– 1 nouvelle de science Fiction : la véritable et étrange histoire de Liki.
– 1 roman décrivant la saga d'un groupe de familles juives fuyant l'Espagne et l'Inquisition en 1492 : Etoiles dans la nuit.
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Etoiles dans la nuit Patrick Bénichou
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