Zeev Jabotinsky, le petit-fils du fondateur du mouvement sioniste révisionniste, note le tournant qui s’est opéré dès 1993 dans la vision et le narratif israéliens du conflit avec les Arabes palestiniens. « Jusqu’en 1993 », explique Jabotinsky, « tous les dirigeants israéliens, de gauche comme de droite, parlaient des droits historiques et légaux du peuple juif sur la terre d’Israël.
Mais Rabin, Pérès et les Accords d’Oslo, ont rompu cette vision, et depuis lors, il n’est plus question que des ‘besoins sécuritaires’ d’Israël.
La justification historique et juridique de notre présence sur cette terre a disparu du consensus israélien ». Jabotinsky poursuit son analyse, et indique « que cet abandon avait créé un vide dans lequel s’étaient engouffrés les Arabes palestiniens, qui ont imposé au monde le concept de ‘droits historiques du peuple palestinien’ et détérioré la légitimité de l’Etat d’Israël ».
Les résultats de ce dangereux glissement se ressent tant sur le plan extérieur qu’intérieur.
Sur le plan extérieur, chaque solution envisagée pour le conflit évoque « les droits » des Palestiniens et les « besoins sécuritaires » d’Israël. Ainsi aucune confrontation juridique n’est plus possible pour prouver le bon droit des juifs. Il s’agit d’un « droit » contre un « besoin ».
Sur le plan intérieur, ce glissement a fait que celui qui parle aujourd’hui « des droits historiques du peuple juif sur Erets Israël », comme le faisaient tout naturellement des sionistes socialistes tels que Katznelson, Ben-Gourion ou Golda Meïr, est aujourd’hui taxé de « nationaliste intransigeant » voire de « fasciste ».
par Shraga Blum