Le rêve de toutes les organisations terroristes est de parvenir à détourner un avion. Bien avant le 11 septembre 2001, les détournements d’avion étaient presque devenus ordinaires. Il y a 33 ans, le premier avion de la compagnie aérienne israélienne El Al était détourné. Depuis les organisations terroristes n’ont jamais cessé de tenter de reproduire ce type d’attentats.
Détournement d’un avion El Al vers l’Algérie (1968)
Où et quand?
Le Boeing 707 du vol 426 d’El Al Rome–Tel Aviv fut détourné le 23 juillet 1968. Il s’agissait du premier détournement d’une compagnie israélienne. L’avion transportait à son bord 38 passagers et 10 membres d’équipage.
Qui a détourné l’avion et que revendiquaient-ils ?
Cinq terroristes du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) étaient responsables de ce détournement. Ils exigeaient la libération de prisonniers incarcérés en territoire israélien. Mais les terroristes voulaient aussi faire connaître au monde entier les revendications palestiniennes.
Que s’est-il passé ?
Après que les ravisseurs armés de fusils ont pris le contrôle de l’appareil, ils ont ordonné au pilote de se diriger vers l’Algérie. L’un des terroristes a diffusé un message sur le réseau de communication : « Ceci n’est pas le vol El Al 426 à destination de Tel Aviv, c’est le vol al-Asifa 707 (NDLR : une organisation politique et militaire fondée par Yasser Arafat en 1958) à destination d’Alger ». Après l’atterrissage de l’appareil en Algérie, les otages qui n’étaient ni israéliens ni juifs furent libérés, ainsi que les femmes et les enfants. Sept membres d’équipage et cinq passagers israéliens furent retenus en Algérie par les autorités locales qui étaient de mèche avec les terroristes.
Comment cela s’est-il terminé ?
Dans un premier temps, le gouvernement israélien refusa de satisfaire les demandes des terroristes, avant d’être contraint d’engager des négociations avec la médiation des représentants de plusieurs pays. Après cinq mois, Israël accepta de libérer 24 Palestiniens. L’avion et les derniers otages furent libérés après 39 jours de captivité. Suite à cet évènement, l’Armée Israélienne décida de lancer l’Opération « Gift » au Liban en décembre de la même année ; quant aux organisations terroristes, elles poursuivirent leurs tentatives (parfois réussies) de détourner des avions.
Détournement du vol 840 de la compagnie aérienne TWA (1969)
Où et quand ?
Le Boeing 707 de la compagnie aérienne TWA qui effectuait un vol entre Los-Angeles et la Grèce fut détourné le 29 août 1969. L’avion transportait 7 membres d’équipage ainsi que 120 passagers dont 6 Israéliens.
Qui a détourné l’avion et que revendiquaient-ils ?
Leïla Khaled et Salim Issaoui du FPLP. Comme précédemment, leur objectif était d’attirer l’attention sur leurs revendications.
Que s’est-il passé ?
Les terroristes ont pris le contrôle de l’avion à l’aide de fusils, de grenades et d’explosifs. L’avion a atterri à Damas, et les passagers ont été pris en main par les autorités syriennes dans l’une des salles de l’aéroport. Tous les passagers furent libérés après une journée sauf les six otages israéliens. Quatre femmes israéliennes ont été libérées, mais les deux autres passagers israéliens Selah Mualem et Shlomo Samuelov furent transférés vers une prison syrienne, ce qui leur valut le surnom d’ »otages de Damas ».
Comment cela s’est-il terminé ?
Mualem et Samuelov furent retenus 98 jours dans une prison syrienne. Au début du mois de décembre, un échange de prisonniers eut lieu. Les deux otages de Damas ainsi que deux pilotes israéliens qui étaient détenus en Égypte, Giora Romm et Nissim Ashkenazi, furent libérés. En échange, Israël libéra 71 prisonniers égyptiens.
Tentative de détournement du vol El Al 219 (1970)
Où et quand ?
Le 6 septembre 1970, des terroristes du FPLP tentèrent de détourner le vol El Al 219 qui avait décollé à Tel Aviv et avait fait escale Amsterdam avant de repartir pour New-York. L’avion transportait à son bord 138 passagers et 10 membres d’équipage. Le détournement lui-même fut déjoué, mais d’autres terroristes de cette organisation réussirent à détourner quatre autres jets appartenant à d’autres compagnies aériennes internationales et à les faire atterrir à Dawson Field en Jordanie. Le 6 septembre demeure l’une des journées les plus noires du transport aérien.
Qui a détourné l’avion et que revendiquaient-ils ?
Quatre terroristes de l’organisation tentèrent d’embarquer sur l’avion à Amsterdam, mais seulement deux réussirent : Leïla Khaled et Patrick Argüello. Les deux autres furent refoulés par les forces de sécurité israéliennes, mais ne renoncèrent pas et embarquèrent sur le vol Pan Am 93 et détournèrent l’avion. Leurs revendications étaient la libération de terroristes et d’attirer l’attention du monde.
Que s’est-il passé ?
Lorsque l’avion fut proche des côtes britanniques, les terroristes sortirent leurs pistolets, menacèrent les passagers et exigèrent d’entrer dans la cabine de pilotage. Le capitaine de l’avion fit plonger brusquement l’avion, faisant ainsi perdre leur équilibre aux terroristes qui tombèrent. Un affrontement eut lieu dans l’avion, au cours duquel un agent de sécurité de l’avion tira sur Argüello. Le reste des passagers et des agents de sécurité maîtrisèrent Khaled. Argüello parvint à lancer une grenade dans le couloir de l’avion, mais par chance celle-ci n’explosa pas. L’avion atterrit à Londres, puis Argüello et Khaled furent transportés en ambulance vers un hôpital. Argüello succomba à sa blessure, et Khaled fut arrêtée par les Britanniques.
Le même jour, trois autres avions furent détournés, dont le sort fut différent de celui du vol El Al. Les vols détournés étaient les suivants : le vol TWA 741 (55 Israéliens étaient sur le vol), le vol Swissair 100 (20 Israéliens étaient sur le vol), le vol Pan Am 93 et le vol BOAC 775 (détourné trois jours plus tard). Les avions atterrirent à Dawson Field, une piste d’atterrissage isolée dans le désert de Jordanie.
Comment cela s’est-il terminé ?
125 otages furent transférés à Amman, alors que les Israéliens, les Américains, les Suisses et les Allemands de l’ouest, ainsi que les passagers juifs, furent détenus dans les avions. Après deux semaines de négociations, un accord d’échange de prisonniers fut signé, permettant la libération de tous les otages contre celle des terroristes de l’organisation, dont Leïla Khaled.
Le 12 septembre 1970, les terroristes du FPLP firent exploser les trois avions vides devant la presse internationale. Cela eut pour conséquence d’accélérer les événements de « Septembre Noir » en Jordanie, au cours desquels le Roi Hussein combattit les organisations terroristes qui menaçaient de prendre le contrôle de son royaume, et les chassa.
Détournement de l’avion de la Sabena (1972)
Où et quand ?
Le 8 mai 1972, un avion Boeing 707 du vol 571 de la compagnie aérienne belge Sabena fut détourné alors qu’il faisait route de Bruxelles vers l’aéroport Ben Gourion en Israël. L’avion transportait 99 passagers et dix membres d’équipage.
Qui a détourné l’avion et que revendiquaient-ils ?
Les pirates de l’air appartenaient à l’organisation terroriste « Septembre Noir ». Ils avaient embarqué à Bruxelles. Quatre terroristes participaient au détournement lui-même : deux hommes et deux femmes. Les pirates de l’air exigeaient la libération de 315 prisonniers palestiniens détenus en Israël et menacèrent même de faire exploser l’avion si leurs exigences n’étaient pas satisfaites.
Que s’est-il passé ?
Alors que l’avion volait au-dessus de la Grèce, l’un des terroristes se leva, entra dans la cabine de pilotage, pointa un pistolet sur la tête sur capitaine et lui ordonna d’atterrir à l’aéroport Ben Gourion. Israël se préparait déjà à planifier une opération de sauvetage, réalisée par les forces spéciales israéliennes, la « Sayeret Matkal » alors dirigée par Ehud Barak. Israël négocia avec les preneurs d’otage tandis que les forces spéciales se préparaient en discrétion à un sauvetage héroïque.
Comment cela s’est-il terminé ?
Le 9 mai, des soldats de la « Sayeret Matkal » s’approchèrent de l’avion vêtus de combinaisons blanches, prétendant être des mécaniciens venus pour assurer la maintenance de l’avion. Les soldats, dont Benjamin Netanyahu faisait partie, s’introduisirent dans l’avion et réussirent à éliminer deux terroristes et à neutraliser les deux autres en quelques minutes. Au cours de l’opération, trois passagers furent blessés. Une femme parmi les blessés décéda par la suite. Les deux femmes terroristes furent libérées suite à un C’était la première fois que l’organisation terroriste « Septembre Noir » dirigeait ses actions contre l’État d’Israël. Quatre mois plus tard, l’organisation devrait prendre une orientation plus violente avec l’enlèvement et le massacre de 11 athlètes israéliens pendant les Jeux Olympiques de Munich.
Détournement d’un avion d’Air France – Opération Entebbe (1976)
Le 27 juin 1976, des terroristes du FPLP et de la Fraction Armée Rouge prirent en otages les passagers d’un avion Airbus d’Air France qui effectuait un vol Israël-Paris. L’avion fut détourné peu de temps après avoir décollé d’Athènes en Grèce où il faisait escale. L’équipage fut ensuite contraint par les terroristes de faire atterrir l’avion à Entebbe en Ouganda où les passagers et les membres de l’équipage furent retenus en otage : 228 passagers et 12 membres d’équipage, dont une centaine de Juifs qui étaient en partie israéliens.
A Entebbe, les quatre preneurs d’otages reçurent le soutien de trois autres pirates et des forces du président ougandais Idi Amin Dada. Les terroristes demandaient une rançon et la libération de 53 terroristes palestiniens dont 39 étaient prisonniers en Israël en échange de la libération des otages.
Dans la nuit du 3 au 4 juillet 1976, quatre avions de transport militaire Hercules C-130 de l’armée israélienne décollèrent secrètement d’Israël, avec à leur bord des véhicules, des armes et des soldats de l’unité d’élite des forces spéciales israéliennes (« Sayeret Matkal »), de l’unité d’élite de la Brigade Parachutiste et de l’unité d’élite de la Brigade Golani. Deux appareils Boeing 707 se posèrent sur le site, l’un ramenant des équipements médicaux, et l’autre le poste de commandement de l’opération.
Les soldats de la « Sayeret Matkal » s’étaient déguisés en membres du cortège du président Ougandais Idi Amin Dada afin de confondre les responsables ougandais de la tour de contrôle. Ils réussirent ainsi à s’infiltrer avec succès dans le terminal où les otages étaient détenus. Ils parvinrent à libérer les otages après plusieurs échanges de tirs avec les terroristes et les soldats ougandais.
Trois otages ainsi que le commandant de la « Sayeret Matkal », le Lieutenant-colonel Yonathan Netanyahu, trouvèrent la mort dans l’opération. L’opération a été renommée rétroactivement Opération Yonathan en sa mémoire.