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L’enseignement du mépris chez l’éditeur de Jules Isaac


L’enseignement du mépris chez l’éditeur de Jules Isaac

Suite à notre article du 1er juillet révélant qu'un manuel de français des classes de 4ème aux éditions Hachette proposait un exercice de pure propagande palestinienne, Stéphane Perez nous livre son analyse du passage incriminé.

Notre précédent article sur lequel Stéphane Perez s'est inspiré :

Les manuels scolaires des éditions Hachette sont anti-israéliens ! Cette fois pour les classes de 4ème !

L’enseignement du mépris chez l’éditeur de Jules Isaac

Courrier d’indignation à l’intention des Editions Hachette

 

J’ai appris ce 1er juillet, que votre manuel de Français des classes de 4ème "Les couleurs du français 4èmeédition Hachette " proposait l’exercice suivant en page 189

 

 

Sous une photographie de Patrick BAZ intitulée :

Une petite fille courant entre des soldats israéliens dans la vieille ville de Jérusalem, le 11 octobre 1990

 

Lié à cette photo est proposé un exercice ainsi libellé :

« La scène que vous découvrez sur cette photographie vous choque : vous décidez d'écrire à un journal pour exprimer votre émotion. »

Consignes : écrivez une lettre d'une quinzaine de lignes, en cherchant à émouvoir le lecteur.

  

En tant que père de deux enfants de 11 et 17 ans, je suis particulièrement choqué par le contenu et le présupposé anti israélien de cet exercice de style, et je vais essayer de vous en expliquer les raisons.

L’objet de cet exercice est-il journalistique ?

 

1° D’un point de vue photographique, l’image est parfaite, nous trouvons l’opposition de la petite fille en robe rose désarmée de face et des soldats armés casqués de dos. Aucun de ces hommes (qui sont vraisemblablement des conscrits) n’est de face, on ne voit pas leurs visages, ils sont déshumanisés par le photographe.

 

2° Le libellé de cet exercice de français démontre qu’un jeune de 14ans ne doit pas exercer d’esprit critique : Cette photographie doit le choquer au premier degré. La proposition n’est pas interrogative, elle ressemble beaucoup à l’impératif « indignez-vous ! ». Le jeune élève doit donc exprimer une émotion téléguidée (l’identification supposée à une jeune fille arabe palestinienne) et il doit émouvoir son lectorat en commentant une photo qui est subjective donc mensongère par essence. Les registres de cet exercice sont donc l’antithèse du raisonnement et de l’esprit critique, c’est l’enseignement de l’émotion et donc du fanatisme.

 

Le journaliste devrait analyser et rapporter les faits, feriez-vous l’éloge de la presse à sensation ?

Je remarque que cet exercice est proposé dans un livre de français, dans ce cadre vous auriez pu gommer toute indication de lieu et de nationalité de cette légende.

 

Puisque ce n’est pas le cas, une approche historique s’impose donc :

 

Le photographe Patrick Baz est spécialisé dans les conflits du Moyen Orient. Il est libanais (ou franco libanais selon ses différentes biographies), et a réalisé certaines des meilleures photos de guerre publiées depuis une dizaine d’années par l’AFP. Cette photo date du début de sa carrière (il a 26 ans), et a été montrée à l’occasion de plusieurs expositions prestigieuses.

 

Il est à noter que la légende anglaise de cette photo est différente de la version française : Palestinian girl runs 11 October 1990 through a row of Israeli soldiers in Jerusalem’s Old City as security has been increased following rioting that erupted in response to the killing of 21 Palestinians 08 October 1990.

  • Nous apprenons qu’il s’agit d’une situation exceptionnelle de rioting (émeute) qui justifie cette présence armée. Mais quelle est cette situation exceptionnelle qui prévalait entre le 8 et le 11 octobre 1990 ? c’est simplement la première guerre du golfe : L’Irak envahit le Koweit le 2 aout 1990, le 1er octobre 1990, Georges Bush (le père) est à la tribune des Nations-Unies. Il monte une coalition comprenant en outre plusieurs pays arabes contre l’Irak. Dans ce contexte, l’OLP fait courir une rumeur de destruction des mosquées de Jérusalem par des juifs qui voudraient reconstruire le 3° Temple, le but étant de créer une diversion pour soutenir Saddam Hussein. Cette, manœuvre de diversion atteindra son comble lorsque des fusées Scud bombarderont Israël qui ne pourra répondre pour ne pas affaiblir les alliés.
  • Il est à noter qu’en 1920 au moment de la Conférence de San Remo, les leaders arabes palestiniens de l’époque avaient porté les mêmes accusations pour empêcher la création du Foyer National Juif en Palestine, cela avait provoqué un pogrom contre la population juive de Jérusalem.
  • En l’absence de cette indication historique, la photo légendée fait croire que l’armée israélienne en armes occupe une cité paisible peuplée de petites filles vêtues de rose. Le choix de Jérusalem occupée par des soldats n’est pas non plus innocent puisqu’il fait référence implicite aux évangiles et à l’occupation romaine, la petite palestinienne devient le symbole christique dénoncé par Jules Isaac (l’auteur du livre d’histoire Mallet-Isaac) dans son ouvrage « l’enseignement du mépris » (1962).

Patrick Baz est un bon photographe, en tant que responsable régional de l’AFP, il a été interrogé en 2006 par le journal Le Monde au sujet des photos truquées des agences de presse. Dans l’article « Guerre du Liban et "fauxtographies" » Le Monde 16/09/2006 : Selon lui, au Liban, "Israël a perdu la guerre des images. Du côté israélien, on a vu l'armée, les chars. De l'autre, uniquement des victimes. Le Hezbollah est resté invisible.". 

 

Mais Patrick Baz reconnaît aussi qu'il existe "une tentation de rendre les photos plus spectaculaires pour les vendre. Il y a une telle compétition… Tout le monde veut être dans le "play report" (catalogue) qui dresse la liste des photos reprises dans la presse". On peut déduire des propos de Patrick Baz, qu’il est averti en 2006 que les photos font partie d’une « guerre des images» contre Israël, et ce même s’il n’en avait pas conscience en 1990.

 

La publication de cette photo dans un livre scolaire de français en 2011 n’est donc pas innocente pour les rédacteur de l’ouvrage. J’espère, Monsieur l’éditeur,  avoir réussi à vous émouvoir, même si mon texte fait plus de 15 lignes.

 

Stéphane Perez pour Europe Israël

 

 





Journaliste québécois, pro-atlantiste, pro-israélien,pro-occidental



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