C'est devant un parterre de journalistes français que le ministre des Affaires stratégiques, Moshe Yaalon, a voulu faire le point sur la situation d'Israël au Moyen-Orient, lundi. Le vice-Premier ministre a abordé de nombreux thèmes, du printemps arabe à l'Iran ; il est également revenu sur les « contre-vérités » présentes en Occident face au conflit israélo-palestinien.
Révoltes arabes : Israël ne s'implique pas
Si Yaalon a affirmé avoir un « regard positif » sur le printemps arabe, notamment en Tunisie et en Égypte, il s'est inquiété des conséquences que ces événements pourraient avoir pour l'État hébreu.
« Tout ceci est la preuve que les régimes totalitaires ont perdu leur habilité à contrôler l'information, notamment avec Internet. Ils ont ainsi perdu leur capacité à contrôler leur peuple. Israël se réjouit de voir naître ces nouveaux pouvoir civils », a-t-il expliqué, avant de s'inquiéter des « menaces économiques et politiques » que ces mouvements ont engendré.
Yaalon précise : « La région est très instable et cela va prendre beaucoup de temps pour la stabiliser. Nous devons nous y préparer. La mauvaise nouvelle pour Israël est qu'avec ces révoltes, les mouvements islamistes et djihadistes tentent de profiter de cette instabilité pour gagner un certain pouvoir politique ». Cependant, Yaalon a tenu à démentir toute intervention israélienne dans ces luttes pour la démocratie. Il souligne : « Israël ne s'immiscera pas dans les révoltes arabes. Nous attendons de voir pour décider de notre attitude. C'est leur problème, c'est à eux de le régler ».
Iran : « Le véritable danger »
Durant la conférence, le ministre des Affaires stratégiques s'est attelé à minimiser le rôle d'Israël dans l'instabilité régnant au Moyen-Orient. A plusieurs reprises, il est revenu sur ce qu'il qualifie de « contre-vérités occidentales » à propos du conflit israélo-palestinien.
« Une chose doit être claire : les révoltes arabes n'ont aucun lien avec les problèmes israélo-palestiniens, ni avec l'existence d'Israël »,a-t-il martelé. Selon Yaalon, la cause de cette instabilité est clairement identifiée : « Une lutte de pouvoir entre l'Iran chiite et l'Arabie Saoudite sunnite ». Et le ministre de préciser : « L'Iran tente de s'immiscer dans tous les problèmes de la région : en Afghanistan, au Yémen par le biais de la minorité chiite, au Bahreïn avec la majorité chiite, dans les territoires palestiniens par le biais du Hamas ». Mais il répète : « Tout cela n'a rien à voir avec Israël. Ce sont des luttes de puissance. Lier le conflit israélo-palestinien au printemps arabe est une contre-vérité ».
Yaalon va même plus loin dans son analyse, et souhaite écarter Israël de toute accusation de « déstabilisation régionale ». Il explique : « Les problèmes avec l'Iran ne sont pas un conflit entre la République islamique et Israël. Il faut élargir notre point de vue : cette instabilité est le résultat d'une lutte entre l'Iran et les États-unis, entre l'Iran et l'Occident ». Avant d'ajouter : « Téhéran nous prend pour cible car nous sommes vus comme un membre du camp occidental. Mais le problème vient d'une défiance entre le Djihad et l'Occident ».
Yaalon a ainsi appelé les pays de l'ouest à « s'unir et à agir ensemble contre la République islamique ». Il a appelé à une plus grande isolation politique du régime ainsi qu'à un renforcement des sanctions économiques « déjà efficaces mais pas suffisantes ». Enfin, le ministre des Affaires stratégiques a appelé à la mise en place d'une « option militaire commune crédible ».
Citant le gouvernement français de Nicolas Sarkozy, dont il a souligné l'action, il a espéré que « les gouvernements occidentaux allaient suivre l'exemple de la France ». Avant de conclure : « L'Iran est un défi pour le monde Occidental. Il faut régler ce problème pour pouvoir stabiliser le Moyen-Orient ».
Changer les mentalités
Dernier grand thème abordé par Yaalon : Le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Il a ainsi rappelé que le conflit entre les deux partis allait bien au-delà d'un « simple conflit de territoires ».
« Le problème ne porte pas sur l'étendue de l'État israélien ou sur la taille d'un éventuel futur État palestinien »,a-t-il souligné avant d'affirmer : « C'est un combat pour la reconnaissance d'Israël en tant qu'État juif ».
Le ministre a déclaré que le gouvernement de Netanyahou était prêt « à s'asseoir à la table des négociations sans préconditions ». Affirmant qu'Israël était prêt à discuter avec le Hamas si celui-ci acceptait les conditions du Quartet. Il a ensuite accusé l'Autorité palestinienne et Mahmoud Abbas de mettre un frein aux négociations pour la paix en utilisant de « fausses excuses ». Il a ainsi cité en exemple les implantations de Judée Samarie, demandant : « Est-il réaliste de considérer que les 5 % d'implantations présentes en Cisjordanie représentent un réel problème pour la paix ? »
Yaalon a rappelé que si Israël n'avait pas de conditions pour l'ouverture des négociations, l'État hébreu avait trois questions pour les Palestiniens : « Êtes-vous prêts à reconnaître le caractère Juif de l'État d'Israël ? Un partage des territoires permettra-t-il de mettre un terme définitif au conflit ? Et pouvez-vous nous garantir la sécurité d'Israël ? ». Selon lui, aucune des réponses données par l'AP n'est satisfaisante aujourd'hui : « Ils refusent de reconnaître notre statut Juif. Et nous avons vu les résultats lorsque nous avons rendu des territoires aux Palestiniens : Ils sont devenus des terres de terrorisme ».
Rappelant qu'un processus de paix viable devait se baser sur un changement de mentalité de la part des deux camps, Yaalon a fustigé le système d'éducation palestinien : « Pour eux, le conflit n'a pas débuté en 1967, mais lors de notre création en 1948 », s'est-il exclamé. « Tant que le drapeau israélien n'apparaîtra pas dans leurs livres d'éducation ou sur leurs cartes, il n'y aura pas de paix possible », a expliqué le ministre. Avant d'ajouter : « Le problème est que les enfants palestiniens sont éduqués dans la haine d'Israël. Ils célèbrent encore la Nakba et la Naksa. Comment voulez-vous ainsi préparer la population à une réconciliation avec Israël ? Selon moi tout le problème est là ».
Source : JPost