« Un pur acte de provocation contre l'État d'Israël. » Selon deux parlementaires européens, mercredi 11 mai, la préparation d'une nouvelle flottille à destination de Gaza devrait être sérieusement réprimée par l'Union européenne.
La nouvelle flottille espère réussir là où le “Mavi Marmara” a échoué l’an dernier.
Les députés anglais Charles Tannock et Peter Van Dalen, issus du parti des conservateurs et réformistes européens au Parlement européen, ont tous deux condamné l'initiative, prévue à la fin du mois de mai, en guise de commémoration de la précédente. La flottille subira sans doute pourtant un léger retard, de deux semaines.
Les militants anti-Israel prévoient de rejoindre l'organisme humanitaire turc islamiste IHH afin de rompre le blocus de l'enclave palestinienne. Il est prévu que la flottille quitte la mer Méditerranée, composée de 15 vaisseaux, avec à leur bord plus de 1500 militants du monde entier.
« Cette flottille n'a pour objectif que de provoquer Israël », s'est indigné le Dr Tannock. « Israël affronte de façon quotidienne, sur son territoire, le terrorisme perpétré par le Hamas. Il est donc de son droit de prendre les mesures nécessaires et d'imposer un blocus pour empêcher armes ou terroristes d'entrer sur le sol de la bande de Gaza », précise le parlementaire européen.
« La communauté internationale était prompte à châtier Israël pour ses actes à l'encontre de la flottille Mavi Marmara, l'an dernier. », poursuit-il. Mais selon lui les manœuvres de la flottille étaient « irresponsables et hostiles et doivent être condamnées par l'Union européenne et sa plus haute représentante, Catherine Ashton ».
Van Dalen, du parlement hollandais, a appelé le gouvernement de son pays à agir à l'échelle européenne. « Israël a déjà réduit le blocus de Gaza et laissé passer de nombreux convois humanitaires », rappelle-t-il. Et de conclure : « Si ces groupes tentent de gérer le blocus, alors ils ne doivent pas être surpris de la réponse qu'ils recevront. Israël a le droit de se défendre ! »
La nouvelle initiative a également été critiquée par la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de la sécurité étrangère. A Strasbourg, mercredi, elle évoquait les conditions de vie « horribles » à Gaza, en partie à cause du blocus, mais, a-t-elle ajouté : « Je ne crois pas que l'envoi d'une flottille soit la réponse adéquate ».
Les États-unis ont à leur tour réagi à l'annonce de la nouvelle flottille. Un groupe représentant les différentes tendances politiques du Congrès américain a adressé une lettre au gouvernement turc pour mettre fin au projet.« Nous vous écrivons aujourd'hui pour exprimer notre sérieuse inquiétude sur le soi-disant mouvement de libération de Gaza et sur l'organisme humanitaire turc islamiste IHH, qui prévoit d'envoyer une seconde flottille, dans les semaines à venir, pour provoquer une confrontation directe avec l'État d'Israël », écrivent les députés. « Nous vous demandons de les en dissuader et de leur demander de travailler de manière productive avec le gouvernement israélien pour procurer à Gaza une aide, mais non des armes ».
Plus de 36 diplomates ont signé la missive adressée au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Parmi eux : Steve Israël, député de l'État de New York, et Tom Cole, représentant de l'État de l'Oklahoma. Et la lettre de poursuivre : « Israël, comme n'importe quel autre pays du monde, doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger ses citoyens. Cela commence par empêcher l'entrée d'armes à Gaza. Si les organisateurs de la flottille cherchent la confrontation, les Israéliens n'auront d'autre choix que d'embarquer dans les vaisseaux et de rechercher des armes. »
Vaines oppositions et détermination acharnée
L'onde de choc du Mavi Marmara continue de secouer les relations diplomatiques israélo-turques. Selon le quotidien progouvernemental turc Zaman, le bureau du procureur d'Istanbul a prié le gouvernement turc de révéler les noms des commandos israéliens présents sur le navire, en mai 2010. Et les récentes réactions internationales ne semblent pas influer sur l'organisation de la nouvelle flottille. En Irlande, les militants anti-Israël ont fait l'acquisition d'un vaisseau pour accompagner le convoi ; et les voix s'élèvent de toutes parts pour fustiger l'État hébreu. Manuel Tapial, organisateur du convoi, s'est quant à lui empressé d'annoncer que les parlementaires de gauche Willy Meyer et Paul Murphy feront partie de l'équipage de la flottille.
D'autres militants sont issus du parti politique nationaliste Sinn Fein, qui encourage le boycott d'Israël.
Durant l'opération Plomb durci, Snodaigh, parlementaire irlandais du Sinn Fein, avait affirmé à la commission parlementaire des Affaires étrangères qu'Alan Shatter, un député juif, et l'ambassadeur israélien avaient eu recours à de la « propagande, ainsi qu'à des prétextes alambiqués et des mensonges » pour justifier le conflit. Et, cynique, de préciser que Joseph Goebbels, le ministre nazi de la propagande, aurait été ravi.
Chris Andrews, autre parlementaire irlandais, fait lui aussi référence à Israël comme à un État terroriste. Il a appelé à lancer un boycott économique, diplomatique et politique à l'encontre de l'État hébreu et a demandé l'expulsion de l'ambassadeur en fonction en Irlande.
Enfin, un parlementaire du nom de Richard Barrett estime qu'Israël est un pays « fondé sur l'oppression, la violence et l'apartheid, qui n'a pas le droit d'exister » tant qu'il nie les droits des Palestiniens. Au regard de ces propos, les ardents opposants à la flottille semblent finalement bien isolés.
Source : jpost, par JONNY PAUL, CORRESPONDANT À LONDRES