Alors que le président Obama a demandé d’Israël qu’il “revienne” aux lignes de 1967, le Premier Ministre israélien vient de lui répondre avec assurance que cette exigence, faite pour la première fois dans l’histoire par un président américain, signifie purement et simplement la perte très rapide de l’État Juif : « Israël ne peut pas revenir aux frontières de 1967 avec les Palestiniens car ces frontières sont impossibles à défendre ».
« Je pense que pour parvenir à la paix, les Palestiniens devront accepter certaines réalités essentielles », a ajouté le Premier Ministre. « Et la première est qu’Israël est prêt à des compromis généreux pour la paix, mais ne peut pas revenir aux frontières de 1967, parce que ces frontières sont impossibles à défendre, parce qu’elles ne tiennent pas compte de certains changements qui sont survenus sur le terrain, des changements démographiques qui se sont déroulés au cours des 44 dernières années. »
La rencontre, vendredi, entre le président des États-Unis, Barack Obama, et son hôte, Benyamin Nétanyahou, qui s’est tenue en fin de matinée pour se prolonger par un déjeuner de travail, a eu lieu dans un contexte extrêmement tendu.
Le New York Times rapporte même qu’ayant eu vent de l’intention d’Obama d’évoquer les frontières antérieures à la guerre des Six-Jours, “Bibi” Nétanyahou a appelé la Secrétaire d’État, Hillary Clinton, « furieux », jeudi matin, avant le discours, pour lui demander d’enlever le passage en question. Barack Obama est passé outre. « Washington ne comprend pas la réalité », a dit l’entourage du Premier Ministre israélien, très « déçu ».
À l’issue d’une réunion de quelque deux heures à la Maison-Blanche, Obama, qui échoue depuis plus de deux ans à relancer le processus de paix, a reconnu mais minimisé un alignement imparfait entre les deux alliés. « Évidemment, il y a quelques différends entre nous sur des formulations et le langage, et ce genre de choses arrive entre amis, mais nous sommes complètement d’accord sur le fait qu’un vrai accord de paix ne peut être conclu que si Israël peut se défendre en définitive contre des menaces », a-t-il dit. Au lendemain d’un discours consacré aux révoltes populaires qui agitent le Moyen-Orient depuis six mois, Barack Obama a répété qu’il existait « un moment d’opportunité à saisir » pour la région, mais il a aussi mis en garde contre des « périls significatifs » comme « la situation en Syrie, qui est évidemment un motif d’inquiétude aiguë pour Israël ».
En attendant, Tsahal a renforcé ce week-end son dispositif face aux lignes syriennes sur le plateau du Golan, de crainte de nouvelles manifestations après les affrontements du 15 mai. Des renforts ont notamment été déployés dans le secteur de Majdal Shams, chef-lieu des localités druzes israéliennes du plateau.
Une chose est sûre, lors du congrès de l’AIPAC qui aura lieu demain matin, Obama ne sera certainement pas le président américain le mieux accueilli de l’histoire du lobbying juif américain.
Jonathan-Simon Sellem – JSSNews
21/05/2011