Si la Seconde guerre mondiale a connu son lot de 'collabos', certains ont décidé de se battre contre la botte allemande. Parmi la population juive, de jeunes opprimés ont uni leurs forces pour se soulever contre l'Allemagne nazie. Dans le ghetto de Varsovie, Mordehai Anielewicz a mobilisé les résistants pour qu'ils viennent à bout de l'occupant, bien qu’il savait le combat perdu d'avance.
À partir de 1939, les nazis ont entrepris de rassembler les Juifs dans des ghettos. Bien souvent avec l'accord des autorités ces populations se sont retrouvées cloîtrées entre quatre murs, contraints de vivre dans des conditions déplorables. Partout en Europe se sont dressés ces ghettos au milieu des grandes villes afin d'enfermer la "Juiverie" loin des "races pures". L'un des ghettos ayant le plus marqué l'histoire de la Seconde guerre mondiale est celui de Varsovie.
En Pologne, la majorité de la communauté juive a été exterminée durant les pogroms, mais aussi à l'intérieur même du ghetto. Erigé en 1940, le ghetto a enfermé les Juifs de Varsovie et des alentours. Bien trop petit pour pouvoir abriter les populations dans des conditions décentes, la vie dans le ghetto se fait de plus en plus dure. Afin de ne pas avoir à trop s'y immiscer, les Allemands entreprennent d'organiser le ghetto de l'intérieur. Ainsi y est créé un Conseil juif (Judenrat) auquel les nazis s'adresse pour gérer la situation.
Le Conseil a pour mission de faire régner l'ordre dans le ghetto et de tenter d'améliorer le sort de ses habitants. Adam Czerniakow est nommé à la tête de cet organe. Le 23 juillet 1942 il finira cependant par se suicider pour ne pas répondre à l'ordre des Allemands qui lui ont demandé de livrer des enfants. "On exige de moi de tuer de mes propres mains les enfants de mon peuple", a-t-il écrit dans son journal avant de se donner la mort. L’homme avait travaillé pendant des mois avec les autorités nazies, espérant ainsi protéger la population du ghetto. Comprenant que ses tentatives étaient vaines face à la détermination meurtrière de l’armée d’Hitler, Adam Czerniakow s’est donc résolu à mettre fin à ses jours.
En outre, les Allemands avaient obligé le Judenrat à créer un nouvel organe à leur service : la police juive. En parallèle, des organisations juives se mettent en place pour venir en aide à la population et appeler à la résistance.
Les première rafles commencent et les populations juives sont toujours dans l'ignorance : elles pensent que les Allemands les emmènent, non pas vers une mort certaine, mais vers des camps de travail. En 1942, les organisations juives du ghetto ont cependant vaguement entendu parler de Treblinka. Zalman Friedrich, blond aux yeux bleus, appartenant à l'une des organisations du ghetto sera dépêché en mission pour aller s'informer à l'extérieur. Il a réussit à s'évader du ghetto et a pris un train en direction du camp. Une quarantaine de kilomètres avant Treblinka, il en descend et rencontre un rescapé qui lui dévoile la vérité sur l'atrocité des camps. Horrifié il est rentré à Varsovie pour informer les populations et dénoncer la barbarie en marche.
Peu à peu les habitants ont connu la véritable nature des déportations: contrairement à ce que les nazis leur faisaient croire, les trains ne voyageaient pas en direction des camps de travaux forcés mais vers des usines de la mort. Animés par un sentiment de révolte, de petits groupes ont commencé à mettre en place une véritable résistance. Mordehai Anielewicz est l'une des figures de proue de celle-ci.
Né à Varsovie, le jeune homme connaissait bien sa ville et son pays désormais tombés aux mains de la Triplice gérée par les nazis. Engagé depuis son adolescence dans les mouvements de la jeunesse juive, il a sillonné le pays afin d'observer de ses propres yeux la réalité douloureuse. Après plusieurs voyages jusqu'en Roumanie, il est revenu dans le ghetto de Varsovie pour y organiser la révolte. Appartenant au mouvement sioniste socialiste Hashomer Hatzaïr, il a oeuvré pour organiser, à l’intérieur du ghetto, la résistance armée dont il a pris courageusement tête.
En 1942 alors que les déportations s'accélèrent, les organisations juives présentes dans le ghetto se sont décidées à unir leurs forces pour lutter contre les agressions des soldats SS et libérer les prisonniers. Sionistes, communistes, religieux, laïcs: tous se rassemblent pour défendre le peuple juif. Mordehaï Anielewicz est élu à la tête de ce nouveau groupe : l'Organisation Juive de Combat. L'OJP a pris peu à peu le contrôle du ghetto en multipliant les attaques contre les SS. En janvier 1943 Mordehaï Anielewicz a ainsi entraîné ses forces vers le combat contre les déportations.
Le 19 avril 1943, l'insurrection du ghetto de Varsovie commence. Les premiers jours, les combattants de l'OJP réussissent à maintenir les nazis loin du centre du ghetto. Surpris par l'importance de la résistance les SS ont été obligés de rebrousser chemin. Les troupes de l'OJP, bien moins nombreuses que les escadrons de SS envoyés à l'intérieur du ghetto ont réussi à résister plus longtemps que l'armée de leur pays, désormais occupé. Mais les forces à l'intérieur du ghetto ne disposaient que de peu de matériel face à l'artillerie lourde des chars et des fusils allemands. .
Une formule écrite par l'un des soldats de l'OJP reflète l'état d'esprit dans lequel se trouvait les combattants : "Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons sauver la dignité humaine". Vivant dans la détresse la plus totale, les insurgés furent obligés de se réfugier dans les égouts du ghetto pour échapper aux tirs des nazis. Finalement, le 8 mai 1943 les nazis mirent le ghetto à feu et à sang.
Sachant que les combattants se cachaient dans les égouts, ils ont gazé ces tunnels sous-terrain pour mettre fin à leurs jours. Au cours des combats, 7 000 habitants furent et tués, 6 000 ont été brûlés vifs ou gazés durant la destruction totale du ghetto. Les survivants ont quant à eux été déportés vers le camp d'extermination de Treblinka et les camps de travail de Poniatowa, de Trawniki et de Majdanek.
Mordehaï Anielewicz, face à l'inéluctable victoire des nazis, a préféré se donner la mort plutôt que de la recevoir de ses bourreaux. Après des combats acharnés, les Allemands ont eu raison de la population juive. Jusqu'à ces derniers jours, Mordehaï Anielewicz aura tenté de repousser les nazis. Il est mort en véritable héros de cette révolte populaire et a incarné le visage de la résistance juive.