L'antisémitisme sur le net continue à prendre de l'ampleur et à menacer de changer la perception historique des prochaines générations.
Il faut combattre ce phénomène, avant qu'il ne soit trop tard.
Les juifs vivant en Israël ont souvent des difficultés à comprendre combien l'antisémitisme vit et prospère et combien le net peut également donner libre cours aux racistes les plus sombres. Il n'y a pas si longtemps, j'ai donné une conférence devant des jeunes gens dans la région du centre, et j'ai développé devant eux la théorie des négationnistes de l'Holocauste. Cela dans le cadre d'une conférence sur le phénomène de l'antisémitisme sur l'internet. Mes jeunes auditeurs étaient stupéfaits.
Je leur ai raconté, tout en illustrant en ligne, que le phénomène du négationnisme avait une présence bien nette sur l'internet et que, à mon avis, plus les années passeraient, et plus les adolescents d'aujourd'hui auront un problème de plus en plus difficile, pour arriver à prouver que la machine d'extermination nazie avait vraiment massacré et exterminé six millions de nos frères le siècle dernier.
A la veille de la Journée de l'Holocauste 2011, le phénomène de l'antisémitisme sur le net continue à prendre de l'ampleur. L'auteur de ces lignes suit de près le phénomène de l'antisémitisme sur le net, depuis son tout début, alors qu'en 1985, le premier site calomnieux – stormfront – était publié.
Pendant les premières années, le phénomène a grandit et s'est accru. Aujourd'hui, il prend de l'ampleur et est à présent dans tous les espaces en lignes : Sur les réseaux sociaux, dans les blogs, sur différents sites, sur les forums et dans les distributions de courriels.
Ce phénomène a quatre caractéristiques principales :
- Le déni de l'Holocauste,
- L'activité raciste et néonazie active (le recrutement, la distribution, la collecte d'argent, l'organisation etc.),
- La distribution de matériaux idéologiques (“Mein Kampf” d'Hitler, les “Protocoles des Sages de Sion”, etc.), ainsi que la distribution de calomnies contre le judaïsme et contre Israël.
On ne pourrait préciser ici toute l'étendue de ces matériaux.
Quiconque désirerait des “échantillons” peut, par exemple, taper sur Google le terme “Les Protocoles des Sages de Sion”. On peut trouver ce faux texte sur le net dans presque toutes les langues, de toutes les formes, avec une variété d'illustrations comme celles du Strimmer et une vaste diversité d'explications dégoulinantes de venin et de calomnies.
Sur Facebook, il y a de nombreux groupes calomnieux qui agissent sous des noms provocateurs.
Sur YouTube, on peut trouver une profusion de vidéos empoisonnées.
La direction de Google (dont le site YouTube est en sa possession), dans une mesure étonnante, censure en Israël des segments de vidéo racistes et antisémites et empêche les israéliens de les regarder. Dans les mots d'explications, il a été dit que cet acte était au même titre que la loi israélienne qui ne permet pas d'activités antisémites et racistes. C'est bien beau. Mais dans un même temps, la direction du site permet à d'autres populations du monde entier de voir exactement les mêmes clips sans aucune censure.
A propos – sur YouTube, les clips antisémites reçoivent d'innombrables réactions calomnieuses (non censurées). Et il y a plus encore. Face à chaque clip antisémite censuré, on peut voir en Israël bien d'autres clips, qui ne sont pas moindres que les clips censurées et qui sont même encore pires.
Il est extrêmement difficile d'évaluer exactement le nombre de sites calomnieux sur le net, mais on peut dire en toute sécurité, que dans le monde entier, de l'Australie jusqu'en Europe, des Etats-Unis et de l'Amérique du Sud jusqu'au Moyen-Orient, agissent cinq groupes caractéristiques – l'extrême-droite, l'extrême-gauche, l'Islam extrémiste, les anarchistes et les négationnistes, qui échangent des connections entre eux, des adresses et d'autres références, quand il s'agit de l'agenda de la calomnie du judaïsme et d'Israël.
De plus, ces groupes distribuent des jeux de calomnie sur le net, et opèrent des sites pour des groupes ciblés – des femmes, des jeunes, des anciens SS et leurs familles etc.
Les questions du déni de l'Holocauste avec laquelle j'ai commencé, prend sur le net une forme soi-disant scientifique, qui tente, grâce à une campagne de désinformation, de distorsion, de transformation des faits, de prouver que l'Holocauste n'a jamais existé.
Des manifestes de négationnistes tels que Duke, Faurrisson, Zundel et autres sont trouvables sur une variété de sites et de réseaux sociaux.
Il y a également des sites qui se déguisent en sites de recherche scientifique, et qui tentent, sous le titre “venez ouvrir un débat sur la question de l'existence de l'Holocauste juif”, d'éveiller des doutes.
Un autre site essaye de prouver que rien ne s'est jamais passé, grâce à une pseudo comparaison entre des images (puisqu'une image vaut mille mots) et les témoignages de survivants. Les créateurs du site méprisent malheureusement l'intelligence des surfeurs, car nous savons tous aujourd'hui, que grâce à des logiciels comme Photoshop, il est possible de réécrire, de changer et de transformer visuellement presque tout.
A présent, réfléchissons un moment sur un adolescent typique.
Disons qu'il réside aux Etats-Unis. Appelons-le John. Imaginons qu'il habite dans le Maryland. Dan le lycée dans lequel il étudie, la maitresse lui a demandé, ainsi qu'à ses amis de classe, de préparer un travail sur l'Holocauste des juifs d'Europe au siècle dernier. John n'est pas juif. Ses amis de classe non plus.
John et les amis de son âges, qui sont nés en pleine révolution d'information informatique, rassemblent des renseignements grâce au net. Ainsi, avec une facilite intolérable, il parvient également aux sites de négationnistes, et voit que des “historiens” et des universitaires y écrivent, Il trouve une quantité de matériaux dans les réseaux sociaux, et il surfe et accumule des renseignements sur le blogosphère.
John retourne en classe le lendemain et raconte ce qu'il a trouvé. Il y a beaucoup de matériel sur l'Holocauste juif, dit-il, mais il y a également beaucoup de matériel de ceux qui prétendent que cela n'a jamais eu lieu. Mais la maitresse – comment expliquera-t-elle cela ? Comment explique-t-elle, par exemple, qu'un professeur d'université écrit sur “la fraude des six millions” ?
Des organisations juives de par le monde œuvrent à différents niveaux avec fermeté afin d'effacer des sites calomnieux ou de les neutraliser grâce aux moyens légaux qui sont à leur disposition. Dans certains cas, ils réussissent, dans d'autres – la fermeture d'un site donne lieu à sa réouverture peu de temps après sous un autre domaine.
Force de mission informatisée
Il faut faire la différence entre l'approche européenne et l'approche américaine en ce qui concerne la question de l'activité raciste – antisémite sur le net.
L'approche européenne est beaucoup plus ferme et plus profonde, et règle leur compte à ceux qui opèrent un site raciste ou antisémite. Selon la loi en Allemagne et en France, par exemple, ceux qui opèrent un site de ce genre sont passibles de prison. Les peines sont sévères et sans équivoque.
Par contre, les Etats-Unis sont plus libéraux et en fonction du Premier Amendement de la constitution, la maison de Hillel prévaut.
Il faut faire quelque chose: La création d'une “force de mission informatique”, qui tenterait avec persévérance et diligence, d'attaquer les phénomènes d'antisémitisme sur le net, grâce à une inondation de contenus d'informations de base, d'éducation, de faits et de messages, est indispensable et possible.
Un tel forum doit agir pour la création d'une convention internationale qui empêcherait la distribution de calomnies et d'antisémitisme sur le net.
Il faut le faire maintenant, afin d'éviter dans quelques dizaines d'années, une situation dans laquelle les jeunes d'aujourd'hui ne devront pas seulement se battre pour leur droit à un état, mais également pour éviter la destruction et la réécriture de l'Histoire de leur peuple.
Remarque – Par désir de ne pas faire grandir l'indice d'audimat de sites, de clips, de blogs antisémites, aucune connexion n'a été donnée.
Eli Hacohen est le directeur professionnel de l'Institut de Recherche de l'Internet à l'Université de Tel Aviv.
Source : CFCA (Le Forum de coordination pour la Lutte contre l’antisémitisme)