Le « tsunami palestinien de l’automne » ou encore le « guet-apens diplomatique de septembre » : C’est ainsi que les observateurs de la scène proche-orientale et internationale ont déjà surnommé les divers scénarios plausibles qui verraient, d’ici quatre mois le « gouvernement d’union » Fatah-Hamas autoproclamer – sans nulle négociation préalable avec Israël – un État palestinien dépendant en Judée-Samarie, à Jérusalem-Est ainsi qu’à Gaza.
Lequel serait reconnu par l’ONU avec toutes les conséquences que cela emporterait au détriment de l’État hébreu sur les scènes régionale et mondiale… Une démarche politico-diplomatique hautement provocatrice qui ne manquerait pas d’envenimer un conflit déjà fort complexe et de susciter une dangereuse escalade des tensions sur le terrain ! (*)
Consacrant trois longues décennies de négation du droit d’Israël à exister en tant qu’État souverain et indépendant dans cette partie du monde et de délégitimation systématique de son existence de facto par tous les mensonges et artifices de l’immense machine de la propagande arabe, les scénarios que prépare en ce moment le leadership palestinien semblent avoir de quoi inquiéter les dirigeants israéliens. D’autant qu’ils ont déjà recueilli l’appui de nombreux pays européens, du « bloc arabo-musulman » dans son entier, des États voyous comme l’Iran et le Pérou, ainsi que de la plupart des États du tiers et du quart-monde ayant pignon sur rue à l’ONU.
Que préparent en fait les dirigeants palestiniens… ?
Deux scénarios onusiens propalestiniens…
En fait, ils hésitent encore entre deux scénarios onusiens emportant chacun des conséquences juridiques et politiques connexes et presque semblables.
Le premier consisterait à s’assurer qu’ils disposent bel et bien d’une majorité d’au moins 8 membres sur les 15 au total que compte le Conseil de Sécurité (CDS) de l’ONU – la seule instance de l’organisation internationale à pouvoir le faire – qui voteraient en faveur de l’admission de leur nouvel État aux Nations Unies. Certes, il existe bien plus que 8 des 15 pays membres actuels du CDS en faveur d’une telle résolution. Mais elle ne saurait être adoptée à la majorité absolue que si aucun de ses cinq membres permanents (les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et la Grande-Bretagne) ne renonce à opposer pas son véto – ce qui, dans ce cas, bloquerait l’adoption de toute décision de ce genre.
Or, à l’heure actuelle – surtout après les récentes déclarations du président Barack Obama qui, dans son adresse du 19 mai dernier, a mis en garde les Palestiniens contre le fait que « leurs efforts visant à délégitimer Israël aboutiraient sur un échec.
(…) Car ces actions symboliques voulant isoler Israël aux Nations-Unies en septembre prochain (…) et lui dénier le droit d’exister ne sauraient à elles seules créer un État palestinien indépendant » -, l’hypothèse la plus vraisemblable (encore qu’incertaine) serait que les USA – plus que la France ou la Grande-Bretagne – bloquent par leur véto une telle résolution au cas où elle serait soumise au vote de CDS. Ce qui constituerait un cuisant échec pour le leadership palestinien.
L’autre scénario, nettement plus plausible, est celui pour lequel semblent opter à la fois les dirigeants de l’AP et ceux du ’Hamas faisant apparemment – mais pour combien de temps encore ? – route commune devant les lampions de la scène internationale au sein de leur nouveau et fort factice « gouvernement d’union » dont le principe a été lancé après l’accord de pure forme signé le mois dernier au Caire.
Cette fois, ce serait donc non pas le CDS onusien, mais l’Assemblée générale annuelle (AGA) des Nations Unies (qui a lieu chaque automne à New York) qui avaliserait – mais de manière seulement délibérative et sans que cela n’implique de conséquences contraignantes pour Israël – une nouvelle déclaration d’indépendance d’un État palestinien, ou bien même la réitération par simple reconduction de celle déjà faite voilà 23 ans par Yasser Arafat le 15 novembre 1988 à Alger, une autoproclamation qui fut ensuite « reconnue » par plusieurs résolutions de l’AGA…
Mais sans que cela ne change grand-chose sur le terrain ! Et ce, justement parce qu’un vote de ce genre de l’AGA (contrairement à une éventuelle résolution du CDS) est purement « consultatif ».
De plus, toute déclaration unilatérale de ce type faite par l’AP annulerait sur le champ toutes les dispositions territoriales, institutionnelles, sécuritaires et économiques des Accords d’Oslo – censés initier avec « l’autonomie palestinienne » une solution intérimaire applicable à ces territoires dépourvus auparavant de tout statut international reconnu. Ce qui laisserait théoriquement Israël libre d’annexer à son territoire tout ou partie de la Judée-Samarie
Des conséquences risquant d’encore accentuer l’isolement international d’Israël, voire de mener à une crise mondiale !
Il n’empêche : Comme les Palestiniens disposent presque certainement aujourd’hui de la majorité requise des deux tiers des 192 États membres de l’AGA (soit au moins 128 voix) prêts à adopter une résolution même seulement consultative reconnaissant l’existence d’un État palestinien sur les territoires acquis par Israël pendant la Guerre des Six Jours de juin 1967, cela aurait plusieurs conséquences…
La première modifierait le statut qualifiant jusque-là de simples « occupants » les centaines de milliers d’Israéliens civils et militaires vivant en Judée-Samarie et dans la partie Est de Jérusalem en en faisant d‘un coup des « envahisseurs » du territoire d’un jeune État nouvellement reconnu par l’ONU…
Or, cette modification aggravante du caractère de la présence israélienne sur ces territoires anciennement « disputés », mais désormais « indépendants » pourrait favoriser ensuite l’adoption d’une série d’autres résolutions accentuant le boycott économique de l’État hébreu, voire l’éventuelle prise de sanctions (financières et autres) contre Israël et ses dirigeants. Si cette crise devait encore s’approfondir à l’avantage des Palestiniens et des Arabes le plus radicaux, appuyés pour l’occasion par des majorités antisionistes et antisémites automatiques à l’ONU, on pourrait assister à un processus de « recours à l’utilisation de la force » contre Israël…
Comme ce fut le cas en 1991 en Irak contre le régime de Saddam’Hussein, ou plus récemment contre le colonel despote Kadhafi en Lybie, mais cette fois dans le cadre de l’OTAN.
On pourrait dès lors affirmer sans se tromper que serait atteint dans ce cas l’objectif ultime qu’avait toujours convoité le chef de guerre terroriste qu’était l’ex-président de l’AP et de l’OLP, Yasser Arafat, quand il ne cessait déjà de déployer d’immenses efforts afin de créer – en une première étape – un État palestinien « porte-avion » à Gaza, Jérusalem-Est et en Judée-Samarie. Lequel avait, selon lui, pour vocation unique d’accélérer l’internationalisation de ce conflit régional grâce au déploiement sur le terrain de forces étrangères ou onusiennes censées « protéger le jeune et faible » État palestinien contre les foudres d’Israël et de Tsahal…
(*) Première partie d’une analyse à deux volets. Suite la semaine prochaine avec l’article : « Comment peut réagir Israël ? ».
Source : Hamodia, par Richard Darmon