27 décembre 2008, 11h30. L'armée israélienne lance l'opération Plomb durci et bombarde la bande de Gaza.
Plus de 100 avions de combat et des hélicoptères frappent une centaine de cibles en quelques minutes.
200 Palestiniens, principalement des membres du Hamas, sont tués.
La seconde catégorie de cibles vise des personnages symboliques de la lutte des organisations terroristes, comme le cheikh Ahmed Yassin.
L'action mise en place par le commandement des opérations de Tsahal est loin d'être unique. Durant les mois qui ont précédé Plomb durci, les dirigeants de l'armée se sont longuement attardés sur la possibilité d¹éliminations ciblées sur les chefs du Hamas, pour choquer et affaiblir l'ennemi, de façon à le paralyser. Mais faute de renseignements suffisants quant à la localisation des principaux chefs terroristes, Israël se voit finalement contraint d'entreprendre Plomb durci.
Impossible cependant de savoir si la campagne envisagée aurait eu des effets différents de l’opération militaire anti-Hamas. Après trois semaines de combats, le conflit s'était soldé par la restauration de la dissuasion israélienne, mais également par la publication du rapport Goldstone et ses condamnations internationales sans précédent.
Les lendemains des Jeux de Munich
L'histoire démontre pourtant l¹importance des éliminations ciblées contre les chefs terroristes. Une politique également menée par les États-unis, pour l'élimination du leader d¹Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans sa cachette pakistanaise.
Pour Israël, ces actions sont directement issues des conflits auxquels l'État doit faire face. Des groupes terroristes comme le Hezbollah, le Hamas ou le Djihad islamique ne présentent souvent pas de pouvoir central clairement défini. Le bombardement d'un tel centre rendrait les opérations plus aisées et détruirait une force importante de la guérilla. Mais ces groupes ne fonctionnent pas comme un État, doté de cibles claires comme des bases militaires, des institutions gouvernementales ou des infrastructures étatiques.
Ce manque d¹objectifs explique le recours des États occidentaux, comme Israël et les États-unis, à d'autres interventions. Et parmi elles, les éliminations ciblées.
Cette politique a été adoptée en Israël lors de la seconde Intifada, en 2000, dans le cadre de sa lutte contre le terrorisme palestinien. Alors que les organisations pour les droits de l'Homme s'insurgent, l'armée israélienne clame ses intentions : Prévenir les attentats terroristes, définir une force de dissuasion et endommager sérieusement les infrastructures terroristes. La stratégie avait été mise en place au lendemain du massacre des athlètes olympiques israéliens à Munich par le groupe Septembre noir. Israël avait alors orchestré une politique de représailles – connue sous le nom d¹opération Colère de Dieu et Printemps des Jeunes. Un seul mot d¹ordre à l'époque : Éliminer les leaders de l'OLP à Beyrouth et à travers l’Europe et faire payer les responsables pour leurs crimes passés.
Le général Yoav Galant, ancien commandant de la section Sud de l'armée israélienne, a expliqué cette semaine, et pour la première fois de façon
publique, l'importance des éliminations, à la lumière de l'opération américaine contre Ben Laden. « Ceux qui affirment que ces mesures n'ont aucun effet se trompent », a déclaré Galant, qui a personnellement participé à de telles opérations en tant que membre de la Marine puis chef du commandement Sud. « L'élimination des leaders terroristes permet d'empêcher les attaques et d'influencer les organisations ».
Ben Laden et le cheikh Yassin
Deux types de cibles se distinguent. Les premières sont des agents secrets de terrain, tels que le commandant militaire du Hezbollah, Imad Mughniyeh, tué par Israël en 2008 à Damas ou encore Ali Mahmoud Mabhouh, trafiquant d'armes pour le compte du Hamas, mort à Dubaï en 2010. Des disparitions qui ont fortement endommagé l'organisation de ces deux groupes respectifs. A tel point que, plus de trois ans plus tard, le Hezbollah n'aurait toujours pas réussi à remplacer Mughniyeh.
La seconde catégorie de cibles vise des personnages symboliques de la lutte des organisations terroristes. En 2004, par exemple, le cheikh Ahmed Yassin, leader spirituel du Hamas, était tué par un missile de l¹armée israélienne, alors qu¹il quittait une mosquée dans la bande de Gaza. La mort d'Oussama Ben Laden peut être comparée à l'élimination de Yassin. Si le chef d'Al-Qaïda incarnait, à un moment, le leader d'une organisation clairement établie, depuis le 11 septembre il faisait davantage office de figure symbolique.
Depuis les attentats de 2001, Al-Qaïda s'est transformée en organisation tentaculaire, répartie dans le monde entier et organisée en petites cellules terroristes qui partagent la même idéologie et peuvent échanger des informations techniques sans pour autant travailler ensemble. Les morts de Yassin et Ben Laden ne vont donc pas faire disparaître ces mouvements mais constituent l'affirmation d'une force de dissuasion importante.
Une union de façade ?
La mort de Ben Laden a rapidement été éclipsée, cette semaine, par d'autres événements de première importance pour Israël. Parmi eux : La signature des accords de réconciliation entre le Hamas et le Fatah, mercredi 4 mai au Caire.
Certains citoyens affirment que, si les États-unis ont été capables de localiser et tuer Ben Laden dans une opération commando après plus de dix ans, Israël devrait être capable de secourir Guilad Schalit lors d'une opération similaire. La vérité pourtant est tout autre. La réconciliation des deux factions palestiniennes pourrait être plus bénéfique pour Schalit qu'une opération militaire inspirée de l'armée américaine. Selon certains renseignements, le retour de l’Égypte au premier plan dans la politique palestinienne pourrait aider à l’avancée des négociations pour mettre en place un échange de prisonniers et permettre la libération du jeune soldat.
Pourtant au-delà de cette constatation, il semble que rien de bon pour Israël ne pourra sortir de cette nouvelle unité, qualifiée par le chef du Shin Bet (l'Agence de Sécurité d'Israël), Youval Diskin, d’unité de « façade ». Problème : Aux yeux du monde, cette « façade » pourrait bien fonctionner. L'opinion mondiale, aujourd'hui favorable à la cause palestinienne, ne se donnera pas la peine d'étudier la complexité de cette réconciliation et ne pourra donc pas réaliser que les chances d'une unification réelle sont minces.
Source : jpost, par YAAKOV KATZ