Ce 27 avril 2011, les organisations palestiniennes OLP et HAMAS, ont décidé d’engager un processus de réconciliation par un acte qui doit être signé le 4 mai 2011 au siège de la Ligue Arabe au Caire. S’en suivra la formation d’un gouvernement palestinien de transition qui gérera les questions intérieures et ce, avant l’organisation des élections dans un délai maximum d‘une année. Bien évidemment, le gouvernement intérimaire ne s’occupera pas du processus de paix dans la mesure où le Hamas ne veut pas en entendre parler. Mahmoud Zahar, dirigeant de l’organisation islamiste dans la bande de Gaza, a confirmé que le Hamas restait sur sa position historique : "pas de reconnaissance (d'Israël), pas de négociation".
Il s’est d’ailleurs immédiatement désolidarisé des dirigeants du Fatah sur le principe d’un accord de paix avec Israël : « Si le Fatah est prêt à assumer la responsabilité de négocier sur des absurdités, qu'il le fasse. S'il parvient à obtenir un Etat, tant mieux pour lui. Nous ne considérons pas ce qui était en cours comme un processus de paix, et nous n'y avons donc pas participé ». En bref, la création prochaine de l‘Etat palestinien ne devrait pas contribuer à apaiser la région.
Pour autant, cette réconciliation entre les formations palestiniennes pourrait être une occasion de généraliser la démarche entreprise par le Conseil des Droits de l’Homme de l’Onu avec sa mission confiée au juge Goldstone concernant l’opération militaire menée par Israël à Gaza entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009. En effet, l’actualité internationale contemporaine offre une opportunité tout à fait intéressante d’examiner les différents foyers dans le monde, où les responsables politiques se livrent à des violations systématiques des Droits de l’Homme.
Rappelons tout d’abord que les paramètres guidant la mission Goldstone s’inspiraient exclusivement du Droit international général, du Droit international humanitaire, des Droits de l’homme et des obligations qui en découlent pour les Etats. Dans un premier temps, le rapport de 578 pages (tout à fait accablant pour l’Etat hébreu) reprochait à Israël:
Le 1er avril 2011, Le Juge Golsdstone a toutefois revu sa copie en prenant en compte un critère fondamental omis lors de sa première analyse, à savoir « l’intentionnalité ». Le Juge Goldstone a finalement admis que si les crimes imputés au Hamas l’ont été de façon intentionnelle et que ses roquettes ont délibérément et sans discrimination visé des cibles civiles, il n‘en est pas de même de l‘Etat hébreu. Il a ainsi reconnu que les victimes collatérales palestiniennes, ne l’ont pas été de façon intentionnelle et que des personnes civiles n‘ont jamais été prises pour cibles.
Le principe de la condamnation des attaques délibérées de personne civiles devrait, en réalité, conduire le Conseil des Droits de l’Homme à intervenir dans les différents pays où les responsables politiques s’attaquent directement aux populations civiles, afin affiner sa théorie.
Ainsi, le Juge Goldstone pourrait, dans un premier temps, se rendre en Côte d’Ivoire où les clans Gbagbo et Wattara ont réglé dans la violence le résultat des élections démocratiques. Ainsi, (par exemple) le 18 mars 2011, des obus de mortier ont été tirés par des forces loyalistes sur un marché populaire, faisant une centaine de morts et de blessés, ce que La Haut commissaire des Nations Unies Navi Pillav a considéré être un crime contre l’humanité. De son côté, le Président Ouattara (reconnu par la communauté internationale) a également participé à des massacres sur lesquels s’est exprimé Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch, en affirmant : « Étant donné les massacres perpétrés des deux côtés et l'incitation continuelle à la violence dans les médias par les partisans de Gbagbo, nous sommes extrêmement préoccupés par la possibilité d'autres atrocités et violations des droits humains. ». Le Juge Goldstone pourrait établir un rapport circonstancié sur les évènements de ce pays et traduire les responsables des massacres devant le Tribunal Pénal International, en considération du caractère intentionnel des crimes perpétrés contre des personnes civiles
La tournée internationale du Juge Goldstone pourrait se poursuivre en Lybie où les manifestations contre le régime en place ont été réprimées dans le sang faisant, selon un membre libyen de la Cour Pénale Internationale des milliers de morts (les cadavres étant entassés dans les rues pour terroriser la population). En avril 2011, le colonel Kadhafi, est passé à un autre stade dans la guerre livrée à son propre peuple, avec, selon l’opposition et Human Rights Watch, l’utilisation de bombes à fragmentations (qui explosent plusieurs fois pour faire le plus de victimes possibles). Une résolution onusienne a autorisé les frappes aériennes avec pour objectif désormais affiché par certains responsables de la communauté internationale, le départ de Kadhafi. Toutefois, et en marge de ce processus d‘éviction, rien n’interdit au Juge Golstone de dresser un rapport de plusieurs centaines de pages sur les violations des droits de l’Homme commises par le dirigeant libyen depuis le début des émeutes.
Le Juge Goldstone pourrait ensuite se rendre au Yémen, où le président Ali Abdallah Saleh a également donné l’ordre à des tireurs embusqués sur les toits d’ouvrir le feu sur des milliers de manifestants venus réclamer un changement de régime, (faisant des dizaines de morts) avant de poursuivre sa tournée en Syrie où le dirigeant Bachar El Assad se livre lui aussi, à un véritable carnage au sein de sa population. Les villes de Damas, Daraa, Hama et Izraa ont été mises à feu et à sang avec plus de 500 morts et des blessés par centaines. La population de Daraa est privée d’électricité et d’eau potable depuis que des tireurs ont tiré sur les réservoirs d'eau. Notons de plus que l'armée jordanienne s'est déployée sur les collines de Tarra, al-Chajara, Amrawa et Zounayba, qui surplombent la vallée, «pour empêcher des infiltrations», ce qui pourrait être qualifié par le Juge Goldstone de « non-assistance à personne en danger ».
Enfin, la tournée de Goldstone au Moyen Orient pourrait se terminer dans les territoires palestiniens. Dans la mesure où le Hamas et l’Olp n’entendent pas modifier une virgule de leurs Chartes qui appellent à l’éradication de l’entité sioniste, le Juge Goldstone pourrait qualifier les supports de la doctrine palestinienne comme étant des incitations au crime contre l’humanité et traduire leurs responsables devant le Tribunal Pénal international. Il pourrait également qualifier les tirs de roquettes Qassam ou de mortiers sur les civils, les attentats ou leur tentative comme étant des crimes contre l’humanité. Les célébrations du souvenir des personnes qui se sont données la mort dans des attentats suicides deviendraient alors des « apologies de crimes contre l’humanité ». Ainsi, le Conseil des Droits de l’Homme de l’Onu confierait alors au Juge Goldstone une nouvelle mission, à savoir parachever sa théorie du crime conte l’humanité.