Les Américains ont longtemps été intrigués par Avigdor Lieberman. Ils l’ont rencontré de temps à autre, à différents niveaux, avant même qu’il ne soit réellement connu en Israël. Lieberman était d’ailleurs souvent cité dans les câbles diplomatiques publiés par WikiLeaks.
L’un des documents les plus fascinants traitant de Lieberman a été écrit par l’Ambassadeur Richard Jones, après une réunion qu’ils ont tenu à la fin octobre 2006. La réunion, dans le bureau de Lieberman à la Knesset, a eu lieu un jour avant son arrivée spectaculaire et inattendue dans le gouvernement d’Ehud Olmert, juste après la guerre du Liban II.
« Dans son petit bureau parlementaire, nous avons rencontré Avigdor Lieberman qui a poliment éteint son cigare Top O’Neill avant de commencer la réunion », écrit le diplomate. La réunion était prévue depuis longtemps et malgré l’actualité, le diplomate note que Lieberman n’a pas cherché à l’annuler.
« Il a décrit le président palestinien Mahmoud Abbas comme ‘‘faible, corrompu, et non pertinent’’ et a suggéré que les États-Unis et Israël devraient trouver un partenaire plus propice au dialogue. Son candidat : Mohammed Rashid, ‘‘bien qu’il ne soit pas Woodrow Wilson’’. »
Rashid a été le conseiller économique du défunt leader palestinien Yasser Arafat et le gestionnaire de ses comptes bancaires européens. Il a également soutenu, et peut-être encore maintient, des liens d’affaires avec le milliardaire autrichien Schlaff, qui est un ami très proche de Lieberman. Les rapports précédents ont établi un lien avec les affaires Schlaff, et Rashid est parfois également mentionné dans l’arrière-plan. L’ancien ambassadeur des États-Unis en Israël, Martin Indyk, dit dans son livre “Innocent à l’étranger” que Lieberman a rencontré son copain Rachid après la défaite d’Ehoud Barak face à Ariel Sharon aux élections de 2001, et a proposé de grandes concessions politiques aux palestiniens.
Selon le câble de Jones, Lieberman lui a dit qu’il avait décidé de rejoindre le gouvernement afin d’aider Olmert à stabiliser la situation et de lui permettre de remettre en état la sécurité d’Israël sans avoir à craindre pour la survie de son gouvernement.
Dans la conversation avec Jones, Lieberman a critiqué le président égyptien Hosni Moubarak « pour être fixé sur l’avenir politique de son fils plutôt que sur les graves problèmes de sécurité nationale ». Il a ajouté que « l’Égypte risque de s’effondrer sous 15 à 20 ans et devenir vraiment un pays radical ».
Un deuxième avertissement : « Nous avons deux ans pour régler la situation en Judée-Samarie », a mis en garde Lieberman. « Dans le cas contraire, la situation deviendra comme dans la bande de Gaza. »
Voilà qui ressemble à la vision d’un expert qui connait réellement la géopolitique du Proche-Orient. Si seulement le Quai d’Orsay avait de pareils spécialistes…
Jonathan-Simon Sellem – JSSNews
08/04/11