Le PS a ses vapeurs, quand il entend Claude Guéant évoquer le nombre de musulmans en France. Ce parti empesé ne pratique plus que le small talk mondain, qui évite l'impair de parler religion ou politique.
Son programme pour 2012, présenté mardi, fait comprendre son incapacité à se remettre en question : les principales propositions, fruits d'une "refondation intellectuelle", auraient pu être écrites il y a trente ans (taxation des riches, emplois jeunes, embauche de fonctionnaires, encadrement des loyers, etc.). À ne pas vouloir répondre aux mutations de la société, nées des écroulements de l'État providence et de la société multiculturelle, le progressisme devient immobile.
Selon le PS, donc, Guéant a franchi "un cap dans l'indignité", pour avoir déclaré, lundi: "En 1905, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd'hui il y en a entre 5 et 6 millions. L'accroissement du nombre de fidèles de cette religion et un certain nombre de comportements posent problème".
SOS Racisme, qui a entendu des "propos qui stigmatisent la population arabo-musulmane", a porté plainte, puis le Mrap. Mais ces organisations racialisent elles-mêmes une réflexion banale. Oui, il y a davantage de musulmans et ils sont les premiers à le faire savoir. Oui, des pratiques cultuelles heurtent la laïcité. Pourquoi le taire ?
Le désir de restreindre la liberté d'expression fait injure à l'esprit français.
Ivan Rioufol
09/04/11