Alors qu'Israël doit mettre en accusation l'ingénieur gazaouï pour détention d'informations sur Guilad Shalit, Benyamin Netanyahou a affirmé qu'Abu Sisi était un terroriste du Hamas.
La famille de l'accusé continue à démentir ces accusations.
Les services de sécurité du Shin Bet et le bureau du Procureur d'Etat devraient présenter prochainement un acte d'accusation contre Dirar Abu Sisi, l'ingénieur palestinien qui est placé en détention en Israël depuis quarante jours. La notification de l'acte d'accusation a été relayée dans la soirée du mercredi 30 mars à l'avocate d'Abu Sisi, maitre Smadar Ben-Natan.
Selon cette notification, une déclaration du procureur, indiquant l'intention d'inculper le suspect, sera présentée ce jeudi 31 mars au magistrat de la Cour de Petah Tikva.
En dépit du fait que les détails de l'affaire soient soumis au silence, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a déclaré sur Youtube mercredi 30 mars qu'Abu Sisi appartenait à l'organisation terroriste du Hamas.
« (Abu Sisi) est un membre du Hamas retenu légalement en détention dans une prison israélienne. Il a fournit d'importantes informations », a ainsi affirmé le chef du gouvernement israélien sans donner plus de précisions.
Veronika, la femme d'Abu Sisi, a nié cette accusation, soulignant que son mari était « totalement apolitique ». Elle a également affirmé que son mari ne détenait aucune information concernant Guilad Shalit.
De son côté, la juge Lia Lev On, de la Cour de Petah Tikva, qui avait décidé le 20 mars dernier de retirer l'imposition du silence sur l'affaire, a finalement ordonné l'interdiction de « publier quelque détail que ce soit concernant l'enquête ou l'arrestation » jusqu'au 17 avril prochain.
Interrogés pour savoir si, en s'exprimant sur Youtube, le Premier ministre israélien avait violé l'imposition du silence, les conseillers de Benyamin Netanyahou ont répondu que le chef du gouvernement avait au préalable « vérifié ce point avec de hauts responsables de l'armée et de la défense avant d'obtenir un feu-vert » pour l'interview.
Ils ont par conséquent confirmé la non-violation de l'imposition du silence. Le Shin Bet, qui est chargé de l'interrogatoire d'Abu Sisi, a refusé d'émettre des commentaires sur ce point. Cependant, même si le Shin Bet affirme que les déclarations de Benyamin Netanyahou n'ont pas obstrué l'enquête, ni les services de sécurité ni le Premier ministre ne sont autorisés à agir directement contre un ordre que la Cour aurait donné explicitement, avant de s'être entretenu au préalable avec le juge qui a ledit l'ordre.
Jeudi 31 mars, les membres de la Cour doivent se réunir au sujet de la requête du Shin Bet d'étendre la détention provisoire d'Abu Sisi jusqu'à lundi 11 avril, jour où l'acte d'accusation sera vraisemblablement présenté officiellement. L'ingénieur gazaouï est retenu en détention provisoire depuis quarante jours. Sa femme affirme qu'il a été enlevé d'Ukraine avant d'être emmené en Israël par avion.
L'ingénieur gazaouï, détenu à a prison de Shikma à Ashkelon, a rencontré mercredi 30 mars son avocate Smadar Ben-Natan et a nié les publications parues dans le journal allemand Der Spiegel, selon lesquelles il détiendrait des informations concernant Guilad Shalit.
Se basant sur différentes sources des renseignements, l'hebdomadaire a laissé entendre que la motivation principale de l'arrestation d'Abu Sisi serait la possibilité qu'il détienne des informations cruciales sur l'endroit où se trouve le soldat franco-israélien détenu par le Hamas depuis six ans.
La source des services de renseignements a déclaré qu'Israël estime qu'Abu Sisi est « un agent de haut rang du Hamas », ajoutant que « Si le Mossad dépense autant (d'énergie) et interroge l'homme pendant six semaines, alors il doit certainement savoir quelque chose qu'Israël veut absolument entendre ».
Selon plusieurs médias étrangers, l'ingénieur gazaouï serait un employé de l'unique centrale électrique de la Bande de Gaza. Il serait également détenteur d'un passeport jordanien. Il aurait par la suite quitté Gaza pour l'Egypte avant de rejoindre la Jordanie. Après avoir été interrogé par les services de sécurité jordaniens, il a finalement été autorisé à s'envoler pour l'Ukraine, pays d'origine de sa femme, où il devait finaliser sa demande pour en obtenir la citoyenneté.
Abu Sisi, 42 ans, est marié à une ukrainienne âgée de 32 ans. Veronika a déclaré au journal Kiev Post que le couple avait pris la décision de fuir l'enclave côtière palestinienne avec leurs six enfants lors de la guerre de Gaza en 2008.
Selon elle, Abu Sisi a été capturé par deux hommes en uniforme et un homme en civil alors qu'il se rendait à Kiev en train pour rendre visite à son frère.
Source : Guysen, par Jean-Bernard Lagrange