Sur le plan militaire, les tactiques que les Palestiniens ont adoptées jusqu’à présent sont un curieux mélange d’attaques de missiles dernier cri avec des attaques à l’ancienne au couteau et avec des bombes dans des porte-documents. Les tactiques diverses démontrent que cette guerre est une combinaison de guerre par un vassal iranien et de cellules terroristes locales et éphémères. Les attaques sont aussi remarquables de par leur dispersion géographique et l’absence jusqu’à présent, d’attaques suicides.
Pour le public, les nouvelles tactiques ne sont pas intéressantes et le message qu’elles véhiculent n’est pas nouveau. Avec ou sans islamikazes à la bombe, les Israéliens comprennent que nous entrons dans une nouvelle période de peur sans relâche, et nous comprenons que nous sommes en danger où que nous soyons. Que nous soyons au lit endormis, ou en route vers le travail ou l’école, ou assis sur le banc d’un parc ou dans un restaurant, que nous soyons à Rishon Letzion, Sderot, Jerusalem, Itamar ou Beersheva, nous sommes dans les mailles des Palestiniens. Nous sommes tous des « colons ». Nous sommes tous en danger.
Les innovations militaires sont importantes pour les commandants de Tsahal qui ont besoin de trouver comment répondre à la demande de sécurité du public. Ils devront tirer des conclusions opérationnelles sur les défis que pose ce mélange de tactiques et d’architecture stratégique.
Alors que les motifs militaires des divers terroristes palestiniens sont importants, comme les deux précédentes, la nouvelle guerre terroriste palestinienne est d’abord et avant tout une guerre politique. Comme les deux précédentes, commencées en 1987 et 2000, le premier objectif de la nouvelle guerre terroriste n’est pas d’assassiner des Juifs. Tuer n’est qu’un bénéfice de plus. L’objectif de la nouvelle guerre terroriste est d’affaiblir Israël politiquement de façon à conduire à son effondrement final.
Et c’est dans ce contexte politique que le refus de la part des diverses armées terroristes de revendiquer l’attaque de mercredi à Jerusalem, et leurs décisions d’envelopper dans l’ambiguïté la plus grande part de responsabilité de leur récente activité terroriste est remarquable. Dans le passé, le Hamas et le jihad islamique étaient prompts à revendiquer les massacres.
A l’origine, il semblait que la pratique de routine était poursuivie dans le tout dernier round de meurtres. Les brigades des martyrs al Aksa du Fatah par exemple, ont été prompts à revendiquer le massacre de la famille Fogel à Itamar le 12 mars. Le Hamas a paru concourir pour le revendiquer quand ses forces ont célébré publiquement l’atrocité dans la ville de Gaza le 13 mars. Mais ensuite le Fatah a retiré sa revendication, et le Hamas ne l’a jamais revendiquée.
De même pour les tirs de barrage de roquettes et de missiles depuis Gaza, le Hamas a revendiqué 58 projectiles tirés sur le Sud d’Israël samedi dernier. Ensuite, il a laissé au jihad islamique les attaques de Katyusha à longue portée sur Rishon Lezion, Beersheba, Gedera et Ashdod cette semaine.
De nouveau, personne n’a revendiqué l’attentat à la bombe de Jerusalem mercredi.
Que nous indique ce soudain accès de modestie sur la vision par les maîtres terroristes palestiniens de l’agression actuelle contre Israël ? Qu’est que cela nous enseigne sur leur évaluation de nos défis et objectifs politiques ? Dans les deux précédentes guerres terroristes, les groupes terroristes avaient deux motivations pour revendiquer leurs attaques. La première raison était d’élargir leur popularité. Dans la société palestinienne, plus vous tuez de Juifs, plus vous êtes populaire.
La principale raison qui a permis au Hamas de gagner les élections de 2006, était que les Palestiniens croyaient que la guerre terroriste du Hamas était à l’origine du retrait d’Israël de Gaza en août 2005. Même si le Fatah avait en réalité tué plus de Juifs que le Hamas entre 2000 et 2005, le Hamas récolta de plus grosses récompenses pour ses attaques parce que son passé n’était pas entaché par des pourparlers politiques avec Israël.
La seconde raison pour laquelle les divers groupes ont toujours été prompts à revendiquer les attaques est qu’ils voulaient montrer à leurs Etats parrains qu’ils faisaient bon usage de leurs armes, de leur formation et du soutien financier. Saddam Hussein et la famille royale saoudienne payaient de coquettes récompenses aux familles des terroristes tués ou capturés. Au cours des décennies passées, l’Iran, la Syrie et la Hezbollah ont dépensé des centaines de millions de dollars pour armer, entraîner et financer des cellules terroristes palestiniennes du Fatah, du Hamas et du jihad islamique.
Le fait qu’aujourd’hui ni le Hamas, ni le Fatah ne veuille revendiquer l’attentat à la bombe de mercredi à Jerusalem ou le massacre de la famille Fogel est le signe que quelque chose de fondamental est en train de changer dans la dynamique politique entre les deux factions. Avant d’envisager ce que ce changement peut être, un mot d’explication sur le jihad islamique est nécessaire.
Le jihad islamique a été fondé par l’Iran en 1988. A l’opposé du Hamas et du Fatah, le jihad islamique n’a aucune aspiration politique. Il n’a pas d’agents politiques, et il se contente de limiter ses opérations au terrorisme. Le Hamas, bien plus important et puissant, a subordonné son commandement et son contrôle à l’Iran en 2005. Le jihad islamique n’a servi à rien de plus qu’à être le sous-traitant du Hamas. Il exécute et revendique les attaques quand le Hamas ne souhaite pas le faire.
Il existe deux explications palestiniennes internes plausibles pour la toute nouvelle réticence du Fatah et du Hamas, et elles ne sont pas mutuellement exclusives. La première explication de leur silence, c’est que les pourparlers récents pour un gouvernement d’unité entre le Fatah et le Hamas sont sérieux. L’annonce par le Fatah jeudi qu’il a arrêté deux terroristes du jihad islamique en liaison avec l’attentat à la bombe de Jerusalem est remarquable dans ce sens. Il indique qu’après quatre ans de combat contre les forces du Hamas en Judée et en Samarie, le Fatah recherche un groupe politique plus commode de « suspects habituels ».
La seconde raison pour laquelle Hamas et Fatah peuvent garder le silence sur les responsables, c’est qu’ils savent tous deux qui a agi et utilisent le terrorisme pour de nouveau se hisser l’un par rapport à l’autre à la table des négociations. Si le Hamas exécute les attaques, ses chefs peuvent simplement les utiliser pour renforcer leur position de marchandage dans les pourparlers d’unité. Le Fatah sait que si le Hamas revendique les attaques, sa popularité dans les masses en Judée et en Samarie augmentera. Et si le Fatah les exécute, ses chefs peuvent les utiliser pour montrer au Hamas qu’ils sont sérieux pour enterrer la hache de guerre avec les ‘Frères Musulmans’.
Alors que la dynamique politique interne des divers groupes terroristes palestiniens est intéressante, ce n’est pas le principal enjeu. Aussi bien pour le Fatah et le Hamas, la plus importante cible d’audience est l’Europe. Mais avant de discuter comment l’évaluation des Palestiniens est liée à leur décision de masquer la responsabilité organisationnelle du terrorisme, il est nécessaire de considérer l’objectif politique concret de leur nouvelle guerre terroriste.
Le Fatah se situe au milieu d’une campagne mondiale pour bâtir un soutien international en vue d’une déclaration palestinienne unilatérale d’indépendance en septembre. Du point de vue d’Israël, cette campagne est menaçante pour deux raisons. D’abord, un Etat palestinien déclaré unilatéralement sera de facto en état de guerre avec Israël. Ensuite, si les Palestiniens s’assurent une reconnaissance internationale de leur « Etat » à Jerusalem, en Judée, Samarie et à Gaza, la décision placera les 500.000 Juifs qui vivent dans ces zones dans les mailles internationales.
La plus grande part de la discussion sur cet objectif a été centrée sur le fait de savoir si oui ou non le président des USA Barack Obama mettra son veto à une résolution adoptant une telle déclaration. Et selon le comportement d’Obama jusqu’à présent, les Palestiniens ont une bonne raison d’espérer qu’il pourrait bien soutenir leur décision. Mais en vérité, la discussion sur la façon dont les USA répondront à la déclaration planifiée par les Palestiniens est largement hors sujet. Le sujet de la menace de cette déclaration n’est pas d’obtenir une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU la soutenant. Le sujet est bien d’obtenir que l’UE mette en actes de nouvelles sanctions contre Israël.
Et cela nous ramène à la nouvelle politique de non revendication des attaques contre Israël, et à la décision de lancer une nouvelle guerre terroriste en général. D’un côté, à un moment aussi sensible diplomatiquement pour les Palestiniens, il semblerait qu’ils veulent conserver leur scénario traditionnel du ‘Fatah bon flic’, et du ‘Hamas mauvais flic’ en action, et que le Hamas prenne la responsabilité des attaques récentes. De fait, il semblerait que les Palestiniens veuillent accorder un répit aux attaques ensemble jusqu’après leur déclaration d’indépendance.
Le fait que le Fatah et le Hamas n’ont pas attendu jusqu’après septembre pour attaquer ni chercher à se différencier entre eux alors que les attaques se fondent en une nouvelle campagne terroriste démontre puissamment que les Palestiniens ne ressentent plus le besoin de prétendre s’opposer au terrorisme pour maintenir le soutien européen à leur guerre contre Israël.
Les Palestiniens mesurent que l’Europe en vient rapidement au point où elle n’a plus besoin de prétendre être équitable avec Israël. Les votes des Britanniques, des Français, et des Allemands en faveur de la résolution anti-Israël des Palestiniens au Conseil de Sécurité de l’ONU le mois dernier étaient le tout dernier signal de l’adoption par les principaux gouvernements européens d’une stratégie politique ouvertement hostile à l’égard d’Israël.
Plus important, ces politiques ne sont pas la conséquence d’efforts de ‘lobbying’ palestinien, et ainsi, Israël ne peut pas espérer les modifier par des efforts d’influence opposée. L’abandon par l’Europe d’un simple masque d’équité à l’égard d’Israël est le produit de réalités politiques intérieures en Europe elle-même. Entre le pouvoir politique des communautés musulmanes d’Europe s’élargissant rapidement et les positions anti-Israël virulentes presque universellement adoptées par les media européens, les gouvernements européens sont obligés d’adopter des positions toujours plus hostiles envers Israël pour apaiser les publics haïssant Israël et les communautés musulmanes.
Prenez le Premier ministre britannique David Cameron par exemple. Quand Cameron a qualifié Gaza de « prison à ciel ouvert » l’an dernier, ce n’était pas parce que il venait tout juste de parler au chef du Fatah Mahmoud Abbas. Et il n’agissait certainement pas par conviction. Cameron savait sûrement que sa déclaration était un mensonge absolu. Et il savait aussi sûrement que le Hamas est un groupe terroriste jihadiste qui partage l’idéologie de ses compagnons, sous-produits d’al Qaïda les ‘Frères Musulmans’. Mais pour Cameron, bien plus importants que la relative prospérité de Gaza et les objectifs génocidaires du Hamas, il y avait le fait qu’au cours des dernières élections britanniques, le Comité Britannique Musulman des Affaires Publiques (MPAC-UK) a évincé six membres du Parlement qui avaient exprimé leur soutien à Israël.
Les Palestiniens reconnaissent qu’ils n’ont pas besoin de prétendre être bons pour obtenir le soutien de l’Europe. Après que les peuples d’Europe se soient faits laver le cerveau par leurs media et intimider par les communautés musulmanes, ils ont développé une réponse pavlovienne envers Israël, où chaque rappel d’Israël les fait le haïr davantage. Il n’importe pas que le récit concerne le massacre d’enfants israéliens ou des attentats à la bombe contre des synagogues et des crèches. Ils savent qu’Israël est le coupable et attendent que leurs gouvernements le punissent. Le silence palestinien sur les auteurs de cette atrocité nous indique que dans cette nouvelle guerre terroriste, les Palestiniens croient qu’ils ne peuvent pas perdre. Avec l’Europe en remorque, Fatah et Hamas se sentent libres d’unir leurs forces et de progresser aussi bien militairement et politiquement.
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