Caire, (AINA) – Jeudi, les forces armées égyptiennes ont assailli pour la seconde fois le monastère St. Bishoy qui date du 5ème siècle, à 110 kilomètres du Caire. Des coup de feu ont été tirées, blessant deux moines et six travailleurs du monastère copte. Plusieurs sources ont confirmé l’utilisation par l’armée de munitions RPG. Quatre personnes ont été arrêtées, dont trois moines et un avocat copte qui se trouvait dans le monastère pour l’enquête de l’attaque précédente par l’armée. (voir vidéo en fin d’article)
Les forces armées égyptiennes avaient démoli dimanche les clôtures entourant d’anciens monastères coptes, les laissant sans protection contre les attaques de bandes arabes armées, de voleurs et de prisonniers évadés.
“Les trois monastères qui ont été attaqués auparavant par des malfaiteurs, avaient demandé la protection des forces armées, mais il leur a été répondu qu’ils devaient se défendre eux-mêmes”, a déclaré un militant de la cause copte, Mark Ebeid. “Quand les moines terrifiés ont alors construit des barrières pour se protéger, les forces armées sont cette fois intervenues avec des bulldozers pour les détruire. Il faut souligner que ces monastères sont parmi les plus anciens d’Egypte, et renferment des icônes coptes et des manuscrits précieux, d’une valeur inestimable pour des collectionneurs.”
Le dimanche 20 février, les forces armées se sont ruées sur le monastère de Saint-Boula qui date du 4e siècle, dans la région de la Mer Rouge. Ils ont agressé trois moines, et ont ensuite démoli la petite clôture qui protégeait le portail menant au monastère.
“Nous avions eu l’idée de construire ce portail après avoir été attaqués le 13 février par 5 prisonniers évadés, a déclaré le père Botros Anba Boula. Ils étaient armés de pistolets et de matraques…”.”En détruisant le portail et la petite clôture qui le protégeait, l’armée envoie ainsi un message d’encouragement à tous les voleurs et malfaiteurs pour pénétrer dans le monastère.”
L’armée égyptienne a publié un démenti, niant l’attaque d’aujourd’hui contre le monastère, dont voici une vidéo :
Par 24 février 2011
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La charia en Egypte
Tout cela se passe à quelques kilomètres de l’Egypte. Où le vieux mentor des Frères musulmans, Youssouf al-Qaradawi, a fait un retour triomphal, se faisant acclamer par deux millions de personnes au Caire le 18 février (voir page 6).
Dimanche, la Cour de sûreté égyptienne a acquitté deux des responsables de la tuerie de Nag Hammadi, quand six coptes avaient été tués à la sortie de la messe de la Nativité, le 6 janvier 2010. Le 16 janvier, le principal accusé a été condamné à mort. Parce qu’il avait tué aussi un musulman qui passait par là. Ces jugements sont pleinement conformes à la charia. De toute façon, aucun des accusés n’assistait à l’audience. Selon certaines sources, le condamné à mort est en fuite depuis les troubles…
Les coptes étant, selon la charia, Ahl Al-Dhimma, le peuple des dhimmis, ils sont sous la protection des musulmans. Ils n’ont donc pas le droit de se défendre. Alors que le pays est dans le chaos, les monastères, qui sont les plus anciens du monde, sont ainsi à la merci des pillards.
Les monastères sans défense
Après une attaque de prisonniers en fuite, les moines de Saint-Boula (monastère fondé au IVe siècle), avaient érigé une modeste clôture et un portail. Le 20 février, l’armée est venue avec des bulldozers pour détruire la clôture. De même, au monastère Saint-Bishoy (fondé au Ve siècle), après que la police eut fait savoir aux moines qu’elle n’avait pas d’effectifs pour les protéger, ils avaient construit un petit mur du côté le plus vulnérable. Alertée par la police locale, l’armée est venue et a détruit le mur. De même, après une attaque qui a fait six blessés parmi les moines, le monastère Saint-Macaire avait édifié une clôture. L’armée est venue et a donné 48 heures aux moines pour démolir leur clôture, sinon elle le ferait elle-même (ce qui est sans doute fait au moment où vous lisez ces lignes).
Ces monastères font partie du plus ancien patrimoine chrétien, tant sur le plan spirituel qu’architectural, iconographique, etc. Ils sont aujourd’hui à la merci des pillards et des jihadistes.
Pendant ce temps-là, on assiste à une alliance objective entre les « révolutionnaires » qui ont fait tomber Moubarak et les Frères musulmans, les uns et les autres étant unis contre le gouvernement qui, malgré le nouveau remaniement, comprend toujours des dignitaires de l’ancien régime et ne laisse aucune place aux Frères musulmans.
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