Le Centre Communautaire Jérôme Cahen a organisé, le mardi 15 février, une rencontre à la synagogue de Neuilly.
Coordonnée par Philippe Karsenty, directeur de publication de Media-Ratings (agence de notation des médias), la conférence a été marquée par la participation de l’islamologue Daniel Pipes, président du Middle East Forum, spécialiste du Proche-Orient, de l’écrivain et essayiste Guy Millière et des journalistes Michel Gurfinkiel et Adel Gastel. Un sujet brûlant d’actualité a rythmé la soirée : l’islam, le monde arabe et l’Europe.
"Après avoir vu l’Egypte et la Tunisie tomber, jamais deux sans trois selon le proverbe français, qui sera le prochain ?", débute Philippe Karsenty, coordinateur de la soirée. Un certain nombre de questions ont été abordées : la loi sur la "bourqa" en France, l’anticipation des élections en Tunisie et en Egypte, la politique de Barack Obama au Proche-Orient, l’hypocrisie du Gouvernement français face à Ben Ali et Moubarak, l’avenir de l’Algérie, du Maroc, de l’Iran, de l’Arabie Saoudite et de la Syrie, mais aussi l’inquiétude de la montée de l’islamisme en Turquie, la situation du Hamas à Gaza et du Hezbollah au Liban.
"Si l’Iran dispose un jour de la bombe nucléaire, quelles conséquences au Proche-Orient ?", "Est-ce que l’Islam est compatible avec les principes de la démocratie ?", poursuit le coordinateur et conclut "Il y a une expression en vogue en ce moment à Washington : la démocratie quand les islamistes s’en emparent, c’est une personne, un vote, une seule fois".
"Depuis dix ans, deux blocs s’affrontent : d'un côté, la République Islamique d’Iran et ses alliés que sont la Syrie, le Qatar, le Hamas et le Hezbollah. Le Liban est en train de se joindre à ce bloc, celui de la résistance ; ce sont des Etats révolutionnaires et hostiles à l’Occident. Le bloc de la résistance a la capacité de changer l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient avec de grandes conséquences pour l’Islam, le marché mondial et bien sûr pour Israël. De l’autre côté, on trouve le bloc saoudien regroupant le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, l'Algérie, la Jordanie, le Yemen et les Emirats Arabes Unis", déclare Daniel Pipes.
Interrogé sur la politique d’Obama, le spécialiste du Proche-Orient déclare qu’elle ressemble à celle de Georges W Bush lors de ces deux dernières années de mandat ou encore à celle de Bill Clinton. Il constate que "la montée anti-islamique grandit encore plus vite que la menace islamique"
"La situation en Egypte est profondément troublée et va le rester pendant un temps certain parce que la situation économique va inéluctablement se détériorer, et en général cela génère des troubles sociaux beaucoup plus importants ; et généralement les islamistes y trouvent un terrain plutôt favorable. Tant que le monde arabe ne comprendra pas qu’il est réellement vaincu, je pense qu’il n’y aura pas d’évolution", a lancé Guy Millière
De son côté, Michel Gurfinkiel pense que "certaines révolutions sont allées dans le sens de la légalité alors que d’autres sont allées dans le sens de l’oppression. Dans les deux cas, il s’agissait d’une révolution. Le peuple se révoltait, renversait un Pouvoir, il y avait un nouveau pouvoir qui se créait et pendant quelques temps c’était réellement le peuple qui dirigeait la suite des évènements. Aujourd’hui dans le monde arabe, se passe quelque chose qui est aussi ancien que l’islam. Toute l’histoire de l’islam repose sur un combat entre deux formes de pouvoir, celui qui détient le pouvoir et en face celui qui le défie
Envoyé au Caire par la direction de sa chaîne France 24, Adel Gastel est venu témoigner. "Très vite, nous nous sommes faits repérer par les pro Moubarak. Nous étions trois. Un de mes collègues a été pris à partie en raison de son faciès, ses yeux sont bleus ! L’autre s’est fait tabasser parce qu’il s'exprimait en anglais dans la rue. Et moi qui suis d’origine algérienne, on m’en a voulu parce que l’Algérie a battu l’Egypte lors du match de la Coupe du monde de football". Le public rigole nerveusement. Le journaliste est sérieux et bouleverse l’assemblée. Tant d’éléments qui démontrent un climat d’extrêmes tensions et de terreur.
Le public, venu en nombre, a fortement réagi en soulevant plusieurs interrogations.