Une constatation: Barack H. Obama, qui est prêt à laisser tomber l'autocrate égyptien Hosni Moubarak, légitimement rejeté par son peuple, n'a pas fait preuve de tant de témérité devant le tyran Mahmoud Ahmadinejad, lorsque la rue iranienne réclamait elle aussi, au printemps 2009, la démocratie et la liberté.
La possible récupération par l'islamisme de l'exemplaire insoumission d'une partie du monde arabo-musulman est un risque qui va demeurer dans un avenir immédiat. Aussi cette perspective n'a-t-elle pas besoin d'obtenir, en plus, la caution flatteuse du président des Etats-Unis, qui rappelle volontiers que son deuxième prénom, Hussein, le porte à comprendre et admettre les revendications identitaires de l'Islam. Le rôle des démocrates est de soutenir sans ambiguïté les Tunisiens et les Egyptiens quand ils exigent la liberté et la démocratie. Il est aussi de mettre en garde contre l'hypothèse d'une régression théocratique qui profiterait des inévitables dissensions locales, voire d'une bienveillance américaine pour un "islamisme modéré" dont des "experts" nous disent déjà que la Turquie en serait le modèle. Tant mieux si l'Islam parvient à se moderniser. Cependant, il me semble que l'Occident devrait, par une élémentaire réserve, se tenir à l'écart de ce processus qui reste à conduire. Il relève du seul monde musulman.
Ivan Rioufol