Contre toute attente, la reprise des livraisons de gaz égyptien a été reportée sine die. Le gaz égyptien a cessé de couler vers Israël il y a 12 jours, à la suite d’une explosion qui avait endommagé le gazoduc dans la région d’El-Arish.
Dorénavant, le retard n’est plus seulement technique : les nouveaux dirigeants de l’Egypte ont ordonné l’interruption de la livraison de gaz à Israël « en raison de son prix particulièrement bas ».
La société israélienne Ampal, qui est associée à la compagnie égyptienne de distribution du gaz EMG, vient d’annoncer à la Bourse de Tel Aviv que la livraison reprendra « dans le courant de ce mois », sans autres précisions.
20% de la production d’électricité
En 2005, les deux pays ont signé un contrat pour la livraison de gaz égyptien à Israël, à raison de 1,5 milliard de m³ par an pendant 15 ans, soit pour un montant global de 2,5 milliards de dollars. L’homme d’affaires israélien Yossi Maiman prendra même une participation de 21% dans le capital de la compagnie égyptienne de distribution du gaz EMG. Pour faciliter la livraison du gaz, EMG va aller jusqu’à poser un gazoduc entre El-Arish et Ashkelon. Les contrats de gaz avec des entreprises israéliennes vont alors se multiplier.
En 2010, quatre sociétés israéliennes vont signer de gros contrats de livraison de gaz avec EMG: la compagnie d’Electricité, Israel Corp., le holding IDB et Haïfa Chimicals. Au total, les livraisons de gaz égyptien ont totalisé 2,5 milliards de m³ en 2010 ; en 2011, elles auraient dû se monter à 3 milliards de m³ pour passer progressivement à 8 milliards de m³ par an. Depuis 2007, l’Egypte livre 40% du gaz naturel utilisé par la Compagnie nationale d’Electricité, le reste provenant des réserves israéliennes. Aujourd’hui, le gaz égyptien contribue à la production de 20% de l’électricité israélienne.
Gaz israélien ou importation de gaz liquide
Pour ne pas rester à cours de carburant, Israël va devoir reconsidérer ses sources d’approvisionnement. La première solution serait d’importer du gaz d’ailleurs. Or pour l’instant, Israël ne dispose pas d’infrastructures pour recevoir des livraisons de gaz d’un pays tiers. Le ministère des Infrastructures vient de lancer la construction d’installations qui permettront de recevoir du gaz liquide, mais elles ne seront prêtes qu’à la fin 2012. Israël pourra alors importer du monde entier le gaz qui lui manque.
En attendant, les autorités israéliennes pourraient accroître la quantité de gaz extraite du puits « Yam Tatis » au large d’Ashkelon. Les réserves de Tatis sont sensées suffire jusqu’à la fin 2013, mais s’il faut produire davantage pour remplacer le gaz égyptien, le puits s’asséchera à la fin 2012. La relève serait alors assurée par le puits « Tamar », au large de Haïfa, mais celui-ci ne sera opérationnel qu’en 2014.
La pénurie pour 2013
Autrement dit, 2013 risque d’être une année de transition pour l’approvisionnement en carburants d’Israël. Pour combler ce « trou », il faudra trouver d’autres sources d’approvisionnement, même si elles coûtent plus chères. Par exemple, Israël pourrait se remettre à produire de l’électricité à partir du mazout, mais le coût de revient pour le consommateur sera beaucoup plus élevé qu’avec du gaz.
Certes, Israël ne restera pas à cours de carburant. En revanche, toutes les solutions de remplacement seront plus coûteuses que le gaz égyptien. A moins que les récentes découvertes de gaz en Mer méditerranée ne soient exploitables avant 2014.
ISRAËLVALLEY – Jacques Bendelac (Jérusalem)