Contexte
Des expressions de délégitimation de l'état d'Israël ont toujours existé. Depuis sa création, l'Etat d'Israël à toujours été confrontée à une muraille d'isolement, de non-reconnaissance et de délégitimation, surtout de la part de ses voisins.
Israël a tenté de faire fondre et de détruire cette muraille par la puissance et la dissuasion militaires mêlées à la recherche de la paix politique et tout en s'appuyant sur le support et l'assistance toute-puissante des Etats Unis.
Cette politique a partiellement réussi ; elle a contribué à ce que Israël soit reconnue en tant que fait accompli parmi la majorité des pays de la région, mais cependant, sa légitimation en tant qu'état national du peuple juif n'a pas été acceptée ni intégrée. Sur la scène internationale, le droit des juifs à un pays a été reconnu par la Société des Nations et les Nations Unies, et l'ombre des atrocités de l'Holocauste a contribué à ce qu'Israël soit acceptée en tant que membre légitime dans la famille des nations.
Cependant, après six décennies et plus, de l'existence de l'état, s'est créée une impression d'inversion des tendances au détriment d'Israël. Il semble que sa délégitimation s'étend de plus en plus, et devient une tendance croissante qui fait son chemin à partir du Moyen Orient et des marges du centre de la scène du dialogue international. On peut voir une ligne imaginaire s'étendant entre la Convention de Durban pour la guerre contre le racisme en 2001, qui a été consacrée à condamner Israël en tant qu'état raciste, et le Rapport de Goldstone de 2009, qui a accusé Israël d'être coupable de crimes de guerre à Gaza et qui continue à être à l'ordre du jour des Nations Unies.
Les expressions du phénomène sont nombreuses, ses instruments de diffusion sont variés et le public ainsi que des individus sont exposés à ses dangers. Le débat sur le sujet tourne autour de l'opinion publique israélienne et a aujourd'hui de nombreux échos dans les médias internationaux; du matin au soir, les médias parlent des mesures de boycott économique ou universitaire contre Israël et d'entités Israéliennes, de poursuites judiciaires contre Israël dans différents pays pour "crimes de guerre", d'annulations de représentations d'artistes internationaux en Israël, de la mise au silence de porte-paroles israéliens et de leur mise à l'écart de scènes internationales et autres. Des sondages d'opinion publique en Europe démontrent une baisse continue et significative de l'image d'Israël. Le Premier Ministre Israélien, Benjamin Netanyahu a même intégré le sujet de la délégitimation dans un discours qu'il a prononcé il y a un an, en citant les trois principales menaces stratégiques auxquelles Israël est confrontée selon lui, aux cotés du projet nucléaire iranien et de la prolifération des armes sur une pente raide dans notre région.
En même temps, nous sommes témoins de phénomènes dangereux de délégitimation du peuple juif et de sa relation à l'Etat d'Israël. Il est clair que “l'attitude envers Israël” et "l'attitude envers le peuple juif" ne coïncident pas totalement. Cependant, il existe entre elles un lien important car le débat sur la question de la légitimation d'Israël est intrinsèquement lié à des questions telles que: y a-t-il une justification à l'existence d'un état national pour le peuple juif; quelles sont les affinités de la fidélité des juifs de la Diaspora et autres. Depuis sa création, Israël est devenue un facteur essentiel et central dans la vie du peuple juif et dans son impact sur l'attitude envers celui-ci, et d'un autre coté – des manifestations antisémites et anti-juives ont toujours eu – et continueront à avoir – un impact sur l'attitude envers “l'Etat juif”.
La tendance de délégitimation d'Israël, du peuple juif et de la relation entre les deux va s'aggravant et soulève l'urgente nécessité d'approfondir la compréhension de ce phénomène, de comprendre ses racines et ses sources, d'établir ses composants et ses expressions, de contempler ses tendances avec acuité et de mettre le doigt sur les directions politiques qui auraient le pouvoir de freiner ou de minimiser l'attitude envers Israël et le peuple juif et la relation entre Israël et le peuple juif en général.
Par conséquent, l'Institut de Planification d'une Politique pour le Peuple Juif a pris l'initiative de créer un projet de mission à long terme à ce sujet, qui est censé se baser sur les meilleurs experts dans les domaines pertinents et utiliser des moyens scientifiques. Le débat des groupes de travail à ce sujet dans le comité annuel de l'Institut est destiné à apporter une aide dans la création d'un cadre conceptuel pour le projet. Cependant, plusieurs organismes ont déjà réalisé des travaux de recherche à ce sujet, ont organisé des journées d'études et publié des conclusions, mais la particularité du projet de l'Institut est censée constituer en l'existence d'un travail de recherche approfondi, complet, détaillé et continu, qui comprendra la vaste perspective de l'attitude envers l'état juif, le peuple juif – et la relation entre eux. A ce stade, nous avons d'avantage d'impressions empiriques et de questions, qui seront présentées par la suite, que de réponses claires et nettes.
Pourquoi cela est-il important?
L'Etat d'Israël et le peuple juif ne vivent pas en espace clos. Leur force, leur puissance et leur prospérité sont fondées, entre autres, sur leur acceptation en tant que phénomène légitime dans le milieu local et international dans lesquels ils vivent. "Certes, c'est un peuple qui
demeure seul et qui n'a pas compté parmi les nations" n'est point, et ne peut sembler être, une recette proactive à la prospérité du peuple juif grâce à ses différences allant jusqu'à son isolement de son environnement. En ce qui concerne l'Etat d'Israël, il s'agit d'un petit état fragile extrêmement exposé aux menaces et aux attaques, et qui dépend en grande partie de ses relations avec le monde extérieur et l'attitude de "l'autre" vis-à-vis de lui. Le fait qu'il s'agit d'un membre légitime et accepté dans la famille des nations lui ouvre un espace vital et un espace d'action politique, économique et autres, lui permet de motiver des facteurs extérieurs à œuvrer en vue de ses intérêts et crée par cela des éléments de puissance "doux" qui sont, finalement, tout autant essentiels que l'existence d'éléments de puissance "durs" (comme la force militaire) et que leur application en période de nécessité.
Par conséquent, on peut dire que la légitimation de l'Etat d'Israël en tant qu'état national du peuple juif est un élément de base important dans les bases de la sécurité nationale de l'Etat d'Israël. C'est la raison pour laquelle le gouvernement Israélien actuel a réclamé, dans une requête exprimée dans le discours du Premier Ministre à Bar-Ilan (juin 2009) que la solution de deux états comprenne la reconnaissance d'Israël à exister en tant qu'état national du peuple juif, et, par conséquent, il est clair qu'il s'agit de deux états pour deux peuples.
Sur le plan pratique, les dégâts et les dangers potentiels imbriqués dans le phénomène sont profonds et vastes, et une partie d'entre eux sont déjà ressentis d'une manière ou d'une autre: baisse dans le statut international, isolement, atteinte à la capacité d'Israël (et des juifs) de recevoir l'attention et l'écoute internationales ouvertes et égalitaires pour la présentation de leur cas, amélioration de la légitimation pour la mise en œuvre de mesures anti-israéliennes et anti-juives (y compris des mesures violentes) et érosion de la dissuasion générale d'Israël à long terme, atteinte économique (déjà, de nos jours, se tient la campagne de BDS – Boycotts, Divestments and Sanctions – Boycotts, Désinvestissements et Sanctions), un boycott universitaire, un discrédit moral, la diminution de la sensation d'identité, l'atteinte de la relation entre la Diaspora et Israël, des mesures légales contre des individus et des collectifs (la tentative de trainer Israël devant le Tribunal Criminel International ou l'exploitation de la méthode de Juridiction Universelle fréquente dans certains pays pour porter plainte contre des personnalités Israéliennes – y compris contre des personnes haut placées telles que le Ministre de la Défense Barak et l'ancienne Ministre des Affaires Etrangères, Livni) et beaucoup d'autres conséquences négatives. Plus ce phénomène grandira et s'étendra, plus il prendra racine dans d'important milieux internationaux (gouvernements, milieu universitaires, compagnies financières, unions professionnelles et autres) et deviendra une tendance dominante, et plus ses dégâts grandiront et prendront une importance stratégique.
Nombreux parmi les responsables de la tendance de délégitimation actuelle considèrent l'exemple de l'Afrique du Sud qui n'a finalement pas réussi à faire face à la pression de délégitimation, d'isolement et de boycott internationaux, malgré sa puissance militaire et financière, et qui a finit pas se soumettre et à passer le pouvoir aux mains de ses habitants noirs. Les responsables de la tendance de délégitimation ont pour but de brouiller l'importante différence entre la discrimination raciale menée dans un pays et le conflit national entre deux pays, et de présenter Israël comme étant raciste et niant les droits de l'homme et de nation. Ainsi, le terme d'apartheid devient de plus en plus fréquemment juxtaposé au nom d'Israël, malgré le fait que sa signification soit totalement différente de cette description, même critique, de la politique Israélienne dans le conflit Israélo-palestinien (cette juxtaposition à même trouvé son expression dans le titre du livre de l'ex-président des Etats Unis, Carter, et dans les événements d'Israël Apartheid qui ont fréquemment lieu dans des campus du monde entier).
Les responsables de la délégitimation présument et le disent ouvertement, qu'Israël n'est pas suffisamment forte pour supporter une campagne de délégitimation si elle implique également la juxtaposition de la comparaison à une deuxième Afrique du Sud, "lépreuse". Si c'est le cas, Israël ferait vraiment face à une menace existentielle. Avons-nous affaire à une réelle menace?
En Israël, et pendant des années, la conception était d'essayer de minimiser l'attitude internationale vis-à-vis d'elle et de se contenter de compter sur "ma force et la force de mon bras" et sur l'amitié des Etats Unis. De là, viennent les expressions telles que "Oum-Shmoum" ("ONU, le Machin") ou "ce que pensent les goys n'a pas d'importance, ce qui est important est ce que feront les juifs". Cependant, dans le système international multipolaire (certains parle de manque de polarité), dans lequel les Etats Unis mettent l'accent sur le multi-littéralisme, il faut prendre en considération que l'aggravation de la délégitimation internationale d'Israël aggravera également les pressions sur les relations entre Israël et les Etats Unis et que, bien évidemment, la tendance de délégitimation qui va croissant alimentera également ce débat. Par conséquent, les failles dans les relations entre Israël et les Etats Unis ne font qu'encourager les attaques internationales additionnelles contre Israël par ceux-là même qui cherchent à lui nuire.
Le sapement de la légitimation de l'Etat d'Israël a le pouvoir de mener à des conséquences néfastes également en ce qui concerne les relations entre Israël et la Diaspora. Il faut présumer que l'Etat d'Israël isolé et accablé aura du mal servir non seulement de "Lumière pour les Goys" mais également de "Lumière pour les Juifs". Son statut affaibli risque d'avoir une influence négative sur l'attitude envers les juifs où qu'ils soient et Israël risque de perdre de son importance en tant que centre d'identité du peuple juif et que pôle d'attraction des juifs.
L'une des conséquences potentielles dangereuses pour l'Etat d'Israël comprise dans la tendance de délégitimation, est le rétrécissement de sa liberté d'action et d'usage de la force militaire au nom de la défense du pays, de ses habitants et de ses intérêts. C'est, bien sur, l'intention d'une partie de ceux qui sont responsables de ce phénomène, dont le but est d'affaiblir Israël par d'autres moyens et qui ont échoué, et ils continuent à lutter contre elle par d'autres moyens. Dans l'ère de la guerre asymétrique face aux organisations non militaires-politiques qui utilisent des moyens militaires et terroristes à partir d'un environnement civil et contre des civils – Israël est piégée dans le dilemme entre l'obtention d'un résultat effectif et la perte de sa légitimation dans les moyens utilisés pour obtenir ce résultat. On peut voir cette tendance dans la ligne descendante de la légitimation internationale accordée aux vastes actions militaires israéliennes lors des dix dernières années – qu'il s'agisse du "Mur de Défense" ou de la Deuxième Guerre du Liban, ou de l'opération "Plomb Durci", du rapport Goldstone qui l'a suivit, et de l'affaire de la flottille turque. Ce n'est pas par hasard que le sujet de la légitimation est devenu un élément dans l'évaluation de la situation de la sécurité nationale ces dernières années.
Quel est le sujet du débat?
La définition du phénomène, ses sources et ses "moteurs"
La première question que nous avons mentionnée peut parfaitement illustrer le débat sur le caractère des sources du phénomène de délégitimation: à quel point est-il motivé par l'image d'Israël en tant que "refusant" la paix et à quel point est-il motivé par la négation de son droit à exister et à se défendre? Certains prétendront que tant qu'Israël a pris l'initiative et a géré un processus de paix sérieux, son espace d'action militaire pour son auto-défense a grandit (par exemple, "le Mur de Défense" suite à la brisure de "Camp David"). Par contre, d'autres diront que la tendance de délégitimation est plus profonde (exemple de "Plomb Durci" et du Rapport de Goldstone suite à l'expulsion unilatérale de Gaza par Israël et la brisure du processus d'Annapolis).
Il est intéressant de constater que l'Autorité Palestinienne d'aujourd'hui, menée par Abu-Mazen et Salam Fiad, joue sciemment sur ces aspects de dualité. D'un coté, elle encourage des tendances d'accusations internationales d'Israël (Rapport Goldstone, trainer Israël devant des tribunaux internationaux) en tant que moyens de lutte politique contre elle.
D'un autre coté, elle fait attention de ne pas boycotter des marchandises produites en Israël et réduit son boycott à des marchandise produites au-delà de la Ligne Verte, afin de mettre l'accent sur le fait que, à l'inverse de certains éléments dans la scène internationale, elle n'est intéressée qu'à la délégitimation de "l'occupation" et non pas de l'Etat d'Israël.
Mais dans ce contexte, il serait approprié de définir le concept de "délégitimation" dont il est si fréquemment fait usage. Par où passe la ligne séparant l'attitude négative légitime envers l'Etat d'Israël et l'attitude illégitime et/ou niant la légitimation de l'existence de l'Etat d'Israël en tant qu'état juif ?
Quelle est l'attitude critique légitime concernant le lien entre le peuple juif et l'Etat d'Israël et quelle est l'attitude illégitime ?
Y a-t-il une attitude anti-juive qui ne serait pas incluse dans la définition de la "délégitimation" du peuple juif ?
Il ne fait aucun doute que les sources du phénomène, les éléments qui influencent la création de "moteurs" qui propulsent sa distribution, sont nombreux et variés. Les motivations d'éléments islamiques sont différentes de celles de milieux intellectuels de la gauche profonde en Europe. Tous se servent de motifs idéologiques, politiques, religieux et autres; l'antisémitisme classique avec l'antisémitisme revêtu de libéralisme moderne; l'ignorance avec le savoir dont il est fait mauvais usage; l'image immorale de l'Etat d'Israël qui a des conséquences sur les fondations de la justification de son existence, et autres. Il en va de même pour la diversité des arguments et des illustrations qui servent la campagne, comme la négation du droit des juifs à avoir un état national à eux (la négation du judaïsme en tant que nationalité séparée de la religion ou la négation du lien historique significatif entre les juifs et la terre d'Israël); la présentation d'un état national juif comme ombrageant la fidélité des juifs à leur pays de résidence et de nationalité; la présentation de l'Etat d'Israël comme dénué de base morale – en tant qu'état fondé sur la base de la négation de droits et de l'occupation des terres de ceux qui ont un lien et des droits précis; la présentation de l'état en tant que colonialiste; en tant pays d'apartheid (également en ce qui concerne les arabes israéliens); et comme un état dont l'existence / le comportement mettent la paix en danger au Moyen Orient et dans le monde; en tant qu'état perpétrant des crimes internationaux, et en tant qu'état qui, par son comportement, contredit les principes fondamentaux des droits de l'homme; et cætera…
Tony Blair, l'ex-Premier Ministre britannique et l'envoyé du Quartet au Moyen-Orient dans le présent, a dernièrement mentionné qu'il fallait faire une différence entre deux types de délégitimation; le premier type, traditionnel, comprend l'attaque directe et ouverte du droit d'Israël à exister, comme l'attaque iranienne. Le second type, plus complexe, est déguisé en critique contre Israël mais derrière cela, se cachent le parti-pris, les préjugés et le refus d'écouter l'opinion d'Israël, d'essayer de la comprendre et de lui permettre un espace d'expression. Selon Blair, le second type est plus dangereux et il est plus difficile d'y faire face. Ces propos sont justes. Le challenge consistant à faire face au phénomène de délégitimation constitue, entre autres, le challenge d'identifier les délégitimateurs qui se déguisent en critiques légitimes, de dévoiler leur motivations et de leur opposer une réponse appropriée.
En fin de compte, l'observation approfondie de ce phénomène obligera à essayer d'évaluer l'importance relative de l'antisémitisme classique, de l'antisémitisme moderne déguisé en libéralisme-intellectuel et de l'image usée d'Israël suite à la continuation du conflit Israélo-palestinien. La délégitimation est un instrument dans les mains de ceux qui sont emplis de haine envers Israël et les juifs, haine idéologique, culturelle, religieuse et autre, et elle représente une arme dans le combat politique palestinien-arabe contre Israël.
Le challenge d'aujourd'hui est différent et plus grave que celui qui existait depuis la création de l'Etat d'Israël car il s'agit d'un monde différent dans lequel les conditions de base pour l'existence et le développement de moyens de délégitimation sont plus pratiques. Le monde d'aujourd'hui connait de moins en moins – et pour cela, considère de moins en moins Israël– l'héritage de la Bible et les événements de l'Holocauste. Il n'est plus aigu ou bipolaire. C'est un monde de "globalisation", un monde dans lequel la culture occidentale présente un point d'interrogation sur l'instrument classique de l'état national, et plus particulièrement quand il s'agit d'un état ethno-religieux, et met l'accent sur des joueurs sous-politiques, trans-politiques et non-politiques. C'est un monde d'intérêts, de blogs, de Facebook et de Twitter, qui crée une société de networks et de nouveaux modèles de profanation de la science et d'absorption de messages. C'est un monde de guerres asymétriques, de l'Europe de plus en plus influencée par la communauté musulmane qui se développe en son sein et qui transforme son aspect démographique. C'est un monde qui met de plus en plus l'accent sur les droits de l'homme dans le débat international, qui s'identifie avec les misères des palestiniens et qui exprime moins de tolérance vis- à -vis de la non réalisation de leurs droits à l'auto-détermination à cause des besoins de sécurité israéliens (en ce qui concerne "la force du droit face à la force des armes"). Dans un tel monde, la justification du droit à l'autodéfinition de la nation juive n'est absolument pas évidente et elle est remise sur le débat. Dans un tel monde, des signes d'identité et de tradition juives (tels que, par exemple, la circoncision, les lois de l'abattage et la kippa qui sont attaqués par certains milieux en Europe) sont remis en question.
De plus, même dans la région dans laquelle nous vivons, des changements exacerbent le challenge auquel nous faisons face. Le Moyen Orient musulman est en plein dans un combat historique sur son caractère, entre le pôle radicaliste mené par l'Iran, qui aspire à l'arme nucléaire et fait usage du terrorisme et le pôle pragmatique (l'Egypte, le Jourdain, l'Arabie Saoudite et d'autres), qui est en relation avec les Etats Unis et est en faveur du processus de paix avec Israël basé sur une solution pour les deux pays. Dans cette "guerre des idées" entre ces pôles (qui a également des expressions d'incitation et de violence de la part du pôle radicaliste et de ses branches), l'attitude envers "l'état juif" est un pion important quand le pôle du radicalisme aspire avec constance à la radicalisation de cette relation et à l'échec de la paix Israélo-palestinienne. Israël à clairement intérêt au renforcement du pôle pragmatique à l'inverse du pôle radicaliste qui aspire à son extermination, qui se joint aux idées de ceux qui créent la délégitimation et qui prêchent la solution d'un seul état, c'est-à-dire – l'extermination de l'Etat d'Israël en tant qu'état juif.
L'une des questions à résoudre en la matière est la question du lien, le lien existant et le lien possible, entre les différents délégitimateurs.
Y a-t-il vraiment un lien quelconque entre les propagateurs de la délégitimation dans tous les réseaux comme certains le pensent ?
Certains travaux de recherche prétendent qu'il existe une "alliance rouge-verte", c'est-à-dire une coopération opérative entre des éléments islamiques extrémistes et des éléments de la gauche profonde. L'image qui apparait est celle du manque de stratégie commune mais d'un lien commun conjoncturel pour une action anti-israélienne, comme cela s'est passé dans l'affaire de la flottille turque.
Alors, quel est le danger que de tels éléments se réunissent, par la force de négation d'Israël et du peuple juif, pour toute coopération de large envergure, coordonnée et efficace ?
Dans le contexte de ce qui précède, il est évident que nous sommes en face d'un phénomène qu'il est impossible et qu'il est interdit de prendre comme allant de soi, et, bien sur, de l'ignorer, mais il faut, au contraire, approfondir la compréhension de sa dynamique afin de cristalliser une réaction efficace à tous ses types d'expressions. Afin de mesurer l'intensité du phénomène de délégitimation et ses tendances et afin de cristalliser des instruments adaptées pour y faire face sur une scène si multidimensionnelle, afin d'approfondir la question des relations réciproques entre l'attitude envers Israël et l'attitude envers le peuple juif – il faut évaluer le phénomène en fonction de ses sources et de ses différentes formes d'expression. Cela, tout en faisant appel à la perspective de fonds historique – puisque l'histoire des "attitudes envers le peuple juif" s'étend sur de nombreux siècles – et de la perspective en largeur – car le phénomène pourrait être différent et extrêmement diversifié dans ses sources et ses caractéristiques dans tout l'univers.
Les principales expressions du phénomène de délégitimation et ses moyens de propagation
Il est important de commencer par une cartographie – ne serait-ce, à ce stade – basée que sur l'impression et l'empirisme, des principales expressions du phénomène: les arguments principaux pour sa justification, les principaux "acteurs" (états, organisations, individus) dans la scène de délégitimation, ses différentes motivations et les questions possibles de liaison, de connexion et de coordinations entre elles, la manière dont les expressions de délégitimation sont publiées, la traduction du phénomène à des actions pratiques (telles qu'actions de violence, boycott économique, boycott politique, boycott universitaire, sanctions légales, propagande, actions antisémites etc.) et les principales scènes d'actions et les moyens les plus fréquemment employés pour la propagation du phénomène (tels que – dans les medias, dans les universités, sur internet, dans le débat intellectuel, dans l'univers de la création littéraire – artistique –culturelle, dans le monde pratique et politique, etc.). Sans une telle cartographie, il serait impossible de cristalliser des moyens différentiels et efficaces pour y faire face.
Dans le cadre du projet, nous avons l'intention de mapper et d'analyser la situation d'après une approche multidisciplinaire et interdisciplinaire d'après plusieurs espaces par lesquels le phénomène de délégitimation s'exprime. Parmi ceux-ci:
- Le positionnement et l'image du peuple juif et de l'Etat d'Israël
- Les medias internationaux
- L'espace politique-strategique
- La scène légale internationale
- L'espace économique
- L'espace religieux et islamique
- Les espaces intellectuel – libéral – culturel –antisémite
- L'espace virtuel -cybernétique
Cartographie des efforts existant dans les communautés, des organisations juives et en Israël pour faire face au phénomène de délégitimation
Comment le peuple juif et Israël font-ils face aujourd'hui au phénomène de délégitimation? L'impression est d'une prise de conscience de la gravité de la menace et de l'inquiétude de la propagation et de l'aggravation de ce phénomène, mais il manque encore une stratégie et une politique claires et adaptées ainsi qu'une traduction de cette prise de conscience en programmes d'actions avec tout ce que cela implique. Quel est le degré d'attention, d'écoute pratique et de priorité dans les politiques et les budgets accordés à cette question par les dirigeants en Israël et dans le peuple juif ?
Quels sont les organismes qui gèrent la campagne ?
Quelles sont les méthodes de travail qui sont choisies et y a-t-il une préparation différentielle face aux différentes sortes de délégitimation ?
Quelle est la qualité de la coordination entre les différents organismes ?
Quel est le degré de la relation entre Israël et la Diaspora en la matière et à quel point chacune des parties considère-t-elle les conséquences de son comportement envers l'autre partie ?
A quel point "chacun des membres du peuple d'Israël dépend de l'autre" face à la menace de délégitimation ?
Les principes de politique et les moyens politiques
Le débat sur le phénomène de délégitimation est destiné, en fin de compte, à servir à la création de réponses efficaces pour l'Etat d'Israël et pour le peuple juif afin de faire face au phénomène et à ses dangers. L'intention est d'identifier des directions politiques primordiales et parmi elles, des principes d'actions, des lignes politiques, des moyens de politique et des moyens organisationnels requis – pour Israël, pour le peuple juif et pour la coordination entre eux – et de manière différentielle à toute menace selon ses caractéristiques, sa gravité et afin d'y opposer une solution adaptée.
Dans le débat sur les conclusions, la tension s'intensifiera entre les deux principaux éléments desquels nous avons débattus ci-dessus – la négation du droit à Israël à exister en tant qu'état national du peuple juif face à la négation de la légitimation d'Israël à cause de ce qui est perçu et présenté comme une occupation et une colonisation d'un autre peuple et de ses terres. La fin du conflit Israélo-palestinien et des revendications peut-elle, et dans quelle mesure, freiner la tendance de délégitimation internationale? La création d'un état pour le peuple palestinien peut-elle, et dans quelle mesure, assurer la légitimation de l'état national du peuple juif, ou, au contraire, risque-t-elle d'encourager des tendances d'irrédentisme (l'intensification de la question des arabes d'Israël en tant que facteur dans l'équation de délégitimation) et la continuation des tentatives d'érosion au niveau de la légitimation?
Les prises de conscience et les conclusions qui seront produites dans les débats du comité serviront de cadre à la promotion du projet au sujet de la délégitimation qui est mis en œuvre par l'Institut et, dans un même temps, seront soumises à des examens de validité dans le cadre du projet. Cela grâce à la scanographie et à l'utilisation de littérature appropriée, d'interviews, de recherches par des éléments extérieurs, de forums de consultants, de séminaires d'études et de réunions spécialisées, de sondages généraux et d'analyses d'experts, et autres.
Parmi les sujets qu'il est important de considérer, il faut mentionner des sujets tels que – quelle est l'explication au fossé qui s'approfondit entre le narratif et l'image de soi qui règnent en Israël et la tendance de délégitimation qu'elle subit dans la scène internationale; comment crée-t-on un cadre de suivi continu du phénomène de délégitimation et de ses tendances; quels sont les points de similarité et de différences entre la délégitimation d'Israël et la délégitimation du peuple juif et dans les réponses à celles-ci; comment développer le secteur éducatif et, en son centre, la chaine narrative du sionisme de base parmi les jeunes en Israël et dans la Diaspora, et, d'un autre coté, – quelle place faut-il accorder à l'éducation de la paix parmi nos voisins dans le cadre des accords de paix et les relations de paix avec eux; quels sont et qui sont les cercles de support extérieurs potentiels, les partenariats possibles et les personnalités dans le monde juif et en dehors du monde juif qui ont en leur pouvoir de faire face au phénomène de délégitimation – que ce soit dans le freinage des processus menant à la cristallisation de ce phénomène ou dans la réduction de ses dégâts.
Le débat du groupe de travail sur la délégitimation d'Israël et du peuple juif coïncide avec les débats des autres groupes de travail – influencé et influençant – car il est clairement lié aux questions de l'identité d'Israël, des relations entre Israël et la Diaspora, les communautés en Europe et la dimension juive des accords de la paix avec le monde arabe.
En fin de compte, et sur la base de ce qui précède, il nous sera important de vérifier dans quelle mesure, où et comment Israël et le peuple juif ont-ils la force d'influencer la tendance de délégitimation et de la faire repartir en arrière; comment et quand est-il sage d'ignorer une attaque, de lui répondre indirectement ou d'y faire face de front – et de quelle manière? Comment développer une image positive d'Israël et quel est le poids relatif qu'il faut accorder dans la réponse à l'amélioration de la réalité Israélienne (y compris la réalité politique, scientifique, éducative, sociale et autre) et à la propagande vers l'extérieur? Quel est le poids relatif de l'Etat d'Israël, de la Diaspora et de la coopération entre eux à ce sujet? Est-il possible, si l'on considère la gravité de la tendance, de se satisfaire de plus d'investissement, même massif, dans les moyens existants ou est-il plutôt essentiel de changer de paradigme et de créer des nouveaux moyens?
Résumé – Principales Questions du débat
- Qu'est-ce que la délégitimation d'Israël, du peuple juif et de la relation entre eux – la ligne de frontière entre la critique légitime et illégitime est-elle dépassée?
- Les facteurs de la délégitimation – tendances et facteurs de contexte historiques et globaux – actuels. Vérification de la tension entre l'image d'Israël en tant que refusant la paix et la négation de son droit à exister.
- Cartographie du phénomène et de ses tendances – les principaux "acteurs", leurs motivations et les relations entre eux: leurs principaux arguments; les scènes d'actions, les moyens d'expression, les “moteurs" et les moyens de propagation; l'écho et l'absorption internationaux; les tendances de développement.
- Cartographie de la préparation et des efforts existants dans les communautés, dans les organisations juives et en Israël pour faire face au phénomène et leur efficacité.
- Résumé de la gravité et des dangers du phénomène.
- Principes de réactions requis – principes d'actions, premières directions des politiques, instruments politiques, instruments organisationnels requis et partenariats internationaux – Israël, le peuple juif, et la coordination entre eux. Comment créer une réponse différentielle.
Source : CFCA
Michael (Mike) Herzog – Général de réserve, a quitté l'armée en 2010 après de nombreuses années de service à Tsahal, qui ont compris, entre autres, le combat en tant que soldat de l'infanterie lors de la Guerre de Kippour, un long parcours dans le département de l'Intelligence (AMAN) (Directeur de la division pour la planification strategique dans le département de planification (AGAT) ), secrétaire militaire du Ministre de la Défense et Directeur de l'Etat Major du Ministre de la Défense (en tout, six ans dans ces deux dernières fonctions, avec quatre ministres de la défense).
Le général (de réserve) Herzog a pris part à tous les débats de la paix entre Israël et les palestiniens, les syriens et les jordaniens depuis 1993. Entre mai 2009 et mars 2010, il a été en fonction en tant qu'envoyé spécial du Premier Ministre et du Ministre de la Défense dans les efforts pour faire avancer le processus politique.
A servi et sert également de membre de l'équipe de recherche pour l'Institut de Washington pour la Politique du Proche Orient (Washington Institute for Near East Policy)