La Libye a été élue, le 13 mai dernier, au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, malgré les efforts de nombreuses ONG qui la jugeait indigne d'y siéger. Un groupe de 37 organisations de défense des droits de l'homme avait pourtant adressé aux 192 Etats membres de l'ONU un appel de dernière minute pour qu'ils ne donnent pas à la Libye un siège au Conseil, principal organe de l'ONU pour les droits de l'homme situé à Genève.
Compte-tenus de la situation explosive dans le pays, le Conseil des droits de l'homme tiendra vendredi 25 février une session spéciale sur la situation en Libye, à la demande de l'Union européenne, a indiqué mercredi un responsable du Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme.
"Nous avons reçu la demande de session spéciale ce matin (mercredi), déposée par la Hongrie au nom de l'UE", a déclaré Alessandro Marra du Haut commissariat, interrogé par l'AFP.
La réunion des 47 membres du Conseil, installé à Genève, doit démarrer à 10H00 (09H00 GMT).
"C'est la première fois qu'un membre du Conseil sera soumis à une session spéciale", a précisé M. Marra dans un courriel.
Le Conseil des droits de l'homme se réunit rarement en sessions extraordinaires mais celles-ci aboutissent en général à l'adoption d'une résolution commune, comme il l'avait fait fin décembre concernant la Côte d'Ivoire.
Dans le passé, le Conseil s'est aussi réuni en session spéciale pour étudier la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, au Liban, au Darfour, en République démocratique du Congo, en Birmanie et au Sri Lanka.
Après d'intenses discussions qui ont duré plusieurs heures mardi, les pays ont finalement réussi à se mettre d'accord dans la nuit de mardi à mercredi, selon une source diplomatique occidentale.
"Cette session spéciale est due à l'impulsion des Européens, avec un large soutien transrégional. Elle doit permettre au Conseil de réagir face aux très graves violations des droits de l'homme constatées en Libye", a expliqué à l'AFP l'ambassadeur français auprès de l'ONU à Genève, Jean-Baptiste Mattéi.
Des pays qui ne sont pas membres du Conseil ont également soutenu la demande européenne, a indiqué M. Marra.
Parmi les pays qui appuient la démarche de l'UE figurent notamment les Etats-Unis, la Jordanie, le Qatar, la Norvège, la Suisse, la Turquie, le Japon, l'Argentine, le Pérou, le Mexique et le Brésil, a-t-il précisé.
"On veut vraiment une résolution de consensus qui condamne les violences et qui demande qu'une commission d'enquête indépendante se rende sur le terrain pour faire un recensement précis des violations et du nombre de morts", a souligné une représentante de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH), Julie Gromellon.
De son côté, Julie de Rivero (Human Rights Watch) a estimé qu'il devrait y avoir un consensus car "il y a une certaine unanimité sur la violence enregistrée".
"Il serait important d'établir si des crimes contre l'humanité ont eu lieu", a-t-elle souhaité.
Mouammar Kadhafi a assuré mardi qu'il resterait en Libye en tant que "chef de la révolution", promettant qu'il se "battrait jusqu'à la dernière goutte de (son) sang" et menaçant les manifestants armés de se voir infliger "la peine de mort".
Les violences qui ont accompagné la révolte contre le régime libyen ont fait 300 morts — 242 civils et 58 militaires –, selon les premiers chiffres officiels communiqués mardi soir.
La Libye a été élue l'an dernier par l'Assemblée générale de l'ONU comme membre du Conseil des droits de l'homme. Une session régulière du Conseil des droits de l'homme commence lundi à Genève pour quatre semaines.
Plusieurs ONG ont réclamé l'exclusion de la Libye du Conseil. Toutefois, "la décision doit être prise à la majorité des deux tiers par l'Assemblée générale", a spécifié Mme de Rivero.