La venue en Israël du Premier ministre polonais Donald Tusk devait être une visite officielle « ordinaire », mais le passé chargé d’histoire commune entre Juifs et Polonais ainsi que le rôle croissant de la Pologne au sein de l’UE ont donné un relief particulier à cet événement.
Binyamin Netanyahou l’a souligné lors de leur première rencontre en déclarant « que les deux peuples avaient vécu une histoire commune faite de moments heureux mais aussi de terribles tragédies ». Donald Tusk a reconnu « l’aspect particulier et délicat des relation israélo-polonaises » mais a voulu préciser « qu’il était là pour entrevoir le futur et pas seulement regarder le passé ».
A noter que dans la délégation de dix ministres qui accompagne le Premier ministre polonais, ce dernier a tenu à emmener avec lui Vladislav Bartozovsky, ancien chef de la diplomatie, nommé « Juste des nations » par « Yad Vashem » et décoré en 1991 par Israël du titre de « Citoyen d’Honneur ». Bertozovsky, ancien résistant, est un rescapé du camp d’Auschwitz et fut pendant la guerre parmi les fondateurs du « Conseil polonais pour l’Aide aux Juifs ».
Après la guerre, il continua à œuvrer en faveur de la mémoire juive et il contribua à la création du Mémorial de la Shoah à Auschwitz. Parmi les accords signés entre les deux dirigeants, l’augmentation des rencontres entre jeunes israéliens et polonais lors des visites dans le camp d’Auschwitz-Birkenau.
Donald Tusk a loué « l’excellente collaboration entre les services de sécurité des deux pays » et a parlé de manière très claire en faveur d’Israël : « Nous nous opposons de la manière la plus ferme aux mensonges et aux silences complices qui contribuent à délégitimer Israël ». Concernant l’Iran, il a déclaré « qu’il est impossible de dire que ce pays est normal ni que des terroristes sont des combattants de la liberté ».
La Pologne va prendre d’ici quatre mois la présidence tournante de l’Union européenne et il a déclaré à ses interlocuteurs israéliens « qu’ils pouvaient compter sur lui pour défendre la position d’Israël auprès des pays de l’Union ».
Binyamin Netanyahou a exprimé son souhait « que sous la présidence polonaise, les relations économiques entre Israël et l’UE se verront encore rehaussées », car depuis quelques années, l’UE exerce un chantage politique et économique envers Israël, et conditionne l’amélioration de ses relations économiques et commerciales avec l’Etat juif « à l’avancée du processus de paix », ce qui veut dire en clair à l’acceptation israélienne des exigences européennes.
Sous la présidence polonaise, la position d’Israël a quelques chances de se voir mieux défendue, la Pologne étant soutenue par d’autres pays de l’ancien bloc de l’Est. De manière générale, les relations entre Israël et la plupart des pays européens pris chacun à part sont bonnes, mais c’est au niveau des instances de l’Union Européenne que les choses sont plus délicates sous l’influence de quelques pays de l’Europe de l’Ouest soucieux de ménager leur population musulmane de plus en plus importante et influente.