Le gaz naturel égyptien assure la production de 43% de l'électricité en Israël.

Les responsables israéliens sont toutefois bien décidés à tirer les leçons de cette première alerte. Sous Hosni Moubarak, les contrats conclus depuis une décennie portant sur un total de plus 14 milliards d'euros avaient été assurés. Mais les Frères musulmans, le mouvement d'opposition égyptien le mieux organisé, prône l'abrogation du traité de paix entre les deux pays conclu en 1979 et l'arrêt de la fourniture de gaz et de pétrole à Israël. Ces menaces ont été prises très au sérieux par les responsables et les médias israéliens qui redoutent de voir des islamistes profiter d'élections démocratiques pour s'emparer du pouvoir et imposer un régime «à l'iranienne», comme l'affirme Benyamin Nétanyahou, le premier ministre.
Payer le prix fort
«Depuis le début des événements en Égypte, nous avons sorti de nos tiroirs nos plans d'urgence pour nous préparer à une possible interruption des fournitures de gaz, si bien que tout s'est passé cette fois-ci sans problème», explique Moshé Bahar, vice-directeur général de la Compagnie d'électricité. Pour faire face à la pénurie, l'entreprise publique a aussitôt augmenté ses fournitures auprès d'un gisement gazier israélien exploité depuis des années en Méditerranée et recouru aux réserves de charbon et de mazout pour faire tourner les centrales. «Ces solutions alternatives sont malheureusement plus polluantes, et plus chères, mais elles marchent», ajoute-t-il.
L'essentiel pour Israël est de tenir le coup pendant un à deux ans, le temps que commencent à être exploités deux gisements gaziers très prometteurs, qui doivent permettre au pays d'accéder pour la première fois de son histoire à l'indépendance énergétique, voire même devenir à terme exportateur vers l'Europe via Chypre ou la Grèce.
Pour compléter le tableau, l'État hébreu compte investir plus de 230 millions d'euros dans la construction d'installations et l'achat de bateaux permettant l'utilisation de gaz liquéfié, ce qui pourrait permettre de multiplier les fournisseurs étrangers et réduire d'autant la dépendance vis-à-vis de l'Égypte. Bref, Israël est en train de se donner les moyens de faire face à un éventuel boycott égyptien prolongé. Mais les consommateurs ont toute chance de payer le prix fort avec des factures d'électricité qui pourraient grimper de 10 à 20%.
Par Marc Henry