Si le proverbe "à quelque chose malheur est bon" devait s'appliquer à la situation actuelle des Juifs de France, ce serait, à mon sens, dans la perspective d'une reprise à neuf de la réflexion sur les conditions de possibilité d'une lutte efficace contre l'antisémitisme en contexte culturel européen et sur la portée de cette lutte.
Au moment où l'enseignement de la Shoah connaît, à travers la nouvelle affaire Dreyfus – conséquences dramatiques comme l'exil sur l'île du Diable en moins – que constitue l'affaire Pederzoli, une tentative de délégitimation sans équivalent dans les vingt dernières années, ceux qui aiment penser devraient se demander si et en quoi l'enseignement historique de la Shoah est capable où non de venir à bout de l'antisémitisme en faisant comprendre à tous nos concitoyens pourquoi la vigilance contre son retour les concerne tous et non pas seulement ceux qui sont de confession ou d'ascendance juive .
Une affaire Dreyfus en plus petit?
On retrouve dans l'affaire Pederzoli (ainsi nommée parce que Mme Catherine Pederzoli-Ventura a fait appel devant le Tribunal administratif de la décision de sa hiérarchie de la mettre à pied) à peu près le même noyau dur d'accusations et la même structure sociologique que dans l'Affaire Dreyfus ;
destitution-dégradation par sa hiérarchie de l'accusée (4 mois …) jugée partiale dans son enseignement au profit des Juifs et de leur si étrangère et soi-disant si mal nommée "Shoah" ;
accusation de trahison des principes de l' Ecole de la République que sont la laïcité et la neutralité du professeur et, du coup,
mise en doute de sa loyauté envers la communauté nationale; reproche d'avoir exercé une fascination diabolique sur des élèves mineurs et innocents ("lavages de cerveau") qui, pour le coup, rappelle davantage la rumeur d'Orléans que la célèbre "Affaire";
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