Que nous réserve l’année 2011 ? Dans nombre de journaux et de magazines, la question se trouve posée ces jours-ci. On peut donc tenter d’y répondre.
Certaines choses sont d’ores et déjà très prévisibles et peuvent être l’objet de pronostics aisés.
En voici quelques-unes, en vrac : Ahmadinejad proclamera de nouveau, avec le sourire niais qui le caractérise, sa volonté de détruire Israël, le monde arabe continuera à être régi par des dictateurs et des monarques à l’esprit perfide et mensonger, Hugo Chavez prononcera des discours ineptes, vulgaires et ignobles, la Chine restera une dictature dirigée par le Parti Communiste, Nicolas Sarkozy, tout en continuant à gouverner sans la moindre ligne directrice, envisagera d’être candidat pour un second mandat à la présidence de la France. On peut ajouter que si l’hiver reste très froid, on dira dans la presse francophone que cela vient du réchauffement global, et si l’hiver se révèle clément en janvier et février, on dira dans la presse francophone que cela vient du réchauffement global. On peut anticiper que, quelque part sur la planète, des islamistes commettront des attentats suicides meurtriers, persuadés que cela leur donnera accès immédiat au paradis et à soixante-douze vierges, que Vladimir Poutine en Russie se comportera de manière brutale et cynique, et que Barack Obama continuera à être présenté, quoi qu’il décide ou ne décide pas, par quasiment tous ceux qui exercent la profession de journaliste, comme un homme extraordinaire qui fait ce qu’il peut dans un pays qui décline. On peut être assuré que le Portugal, puis l’Espagne glisseront tout au bord de la faillite, mais que les principaux dirigeants européens sauveront l’euro, présenteront l’Europe comme une grande idée, et se présenteront eux-mêmes comme des gens lucides et courageux.
Si je devais dresser la liste de ce qui me semble très improbable, elle serait elle-même facile à écrire, et pourrait s’établir de manière quasiment symétrique à celle de ce qui est prévisible. Quelques échantillons ?
Je ne m’attends pas une seule seconde à ce qu’Ahmadinejad cesse de se conduire en être haineux et viscéralement antisémite, et je ne m’attends pas non plus à ce qu’un dirigeant du monde musulman fasse une déclaration sincèrement empreinte de bienveillance et d’ouverture. Je ne m’attends pas davantage à ce que Chavez parle comme un être intelligent et respectueux de la démocratie, ou à ce que la Chine se rapproche un tant soit peu du fonctionnement d’un état de Droit. Je serais extrêmement surpris que Nicolas Sarkozy se révèle soudain devenir un dirigeant clairvoyant et courageux, qu’on cesse de parler de réchauffement global, en France, qu’il pleuve, neige, vente ou qu’il fasse beau. Je serais étonné qu’un courant de modération vienne d’un seul coup transformer l’islam planétaire, et le fasse sortir de l’impasse radicale, qui lui donne toujours davantage des allures de dogme meurtrier pour attardés mentaux, et serial killers en quête de prétexte, que Vladimir Poutine veuille faire de la Russie un pays de liberté économique et politique, ou que, au grand dépit de ceux qui l’admirent tant, Barack Obama commence à se conduire en Président digne des Etats-Unis, et agisse effectivement pour libérer l’esprit d’entreprise et pour rétablir le respect envers la puissance américaine sur la planète.
Je serais littéralement ébahi si des dirigeants européens disaient qu’ils allaient effectivement tout faire pour que l’Europe se redresse, et échappe à la spirale du déclin qui l’entraîne vers l’agonie collective, en rétablissant des flexibilités aujourd’hui terriblement absentes, quitte pour cela à revoir les règles de la monnaie unique. Et je serais plus ébahi encore, s’ils ajoutaient les paroles aux actes, et s’ils pouvaient le faire sans déclencher immédiatement une grève générale, à laquelle participerait les millions de gens au cerveau essoré par des années d‘une propagande soigneusement conçue pour tuer les neurones, et les remplacer par du fromage blanc, fabriqué en respectant scrupuleusement les trente cinq heures, et les normes permettant de disposer du label « bio ».
D’autres choses, c’est vrai, me paraîtraient plus improbables encore : qu’une lueur de compréhension des rudiments de l’économie émerge chez un dirigeant socialiste, ou qu’un éclair d’intelligence passe dans les yeux d’un syndicaliste de base, que les médias français deviennent des médias d’information, et que ceux qui y écrivent de manière clairvoyante cessent d’y être en position de marginalité, que des débats intelligents soient organisés dans ce pays sur l’islam, l’environnement, les mutations économiques, politiques et géopolitiques qui vont structurer le vingt-et-unième siècle, auxquels participeront des gens qui savent de quoi ils parlent, qu’Israël cesse d’être traité de tous côtés avec la haine qui suintait des publications anti-juives d’extrême-droite avant la Deuxième Guerre Mondiale.
2011 sera, de fait, sans doute l’équivalent de 2010. En pire, puisque ce qui ne restera pas similaire montrera une aggravation des tendances déjà dessinées.
Des fragments d’espoir quand même ?
Disons, oui : Israël survivra, au désespoir de tous ceux, innombrables, qui rêvent de voir Israël disparaître. Aux Etats-Unis, 2011 sera l’année qui précède 2012, et pourra laisser entrevoir une alternance, permettant qu’un Président digne du pays soit élu, et entreprenne un redressement. Quelques esprits libres continueront à exister, écrire et parler ici ou là, montrant que tout n’est pas perdu.
C’est pour cela que des publications telles que celle-ci existent, et c’est pour cela aussi que vous les lisez. Recevez en conséquences tous mes vœux, où que vous soyez, et qui que vous soyez.