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Economie de Gaza : Comment le Hamas reste au pouvoir.


Economie de Gaza : Comment le Hamas reste au pouvoir.

« Depuis le retrait israélien de la Bande de Gaza en août 2005, le Hamas a évolué d’un mouvement relativement mineur en un conglomérat bien financé.Plutôt que d’être paralysée par les sanctions et le siège, l’organisation a trouvé les moyens de surmonter assez rapidement les difficultés – telles que les retards de salaires – et d’établir un système efficace de gouvernance, tout en resserrant son emprise sur son fief.

En résultat, le Hamas a été capable de renforcer ses partisans tout en laissant aux autres le fardeau principal des 1,6 millions d’habitants de Gaza.

Malheureusement, tant l’Autorité Palestinienne (AP) de Ramallah que les donateurs internationaux ont toléré cette situation, contribuant dans les faits, même si indirectement, au budget du Hamas.
    Il est très difficile d’obtenir des données fiables sur les finances de Gaza. Le Hamas est muet, Tsahal ne délivre que peu d’informations, et les agences internationales telles que le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale rassemblent généralement Gaza et la « Cisjordanie » lorsqu’elles présentent leurs statistiques.

La plus grande part des informations de cet article est tirée des rapports palestiniens d’actualité et des interviews de sources informées à Gaza ; ainsi, la plupart des chiffres suivants doivent être considérés comme des approximations. 

L‘économie de GAZA

Le FMI a estimé la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) de Gaza en 2009 à 12%, un chiffre impressionnant. Selon un rapport du FMI de septembre 2010, le PIB total de Gaza et de « Cisjordanie » est de 7 milliards de dollars, tandis que le fossé des revenus par tête entre les deux zones était de 48% ; cette donnée, combinée avec d’autres statistiques pertinentes, implique que le PIB par tête à Gaza était d’environ 1.400$, dont beaucoup dérive des salaires payés par l’AP. Les transferts et autres paiements ont ajouté 50% de revenus supplémentaires, impliquant que le revenu moyen total par tête était, en fait, de 2.100$. Mais la plus grande part de ce revenu ne représente pas le produit d’activités économiques, et le chômage demeure élevé – probablement un tiers des actifs.   

Il faut aussi prendre en compte le commerce considérable à travers les plus de 800 tunnels vers l’Egypte. En se basant sur des preuves fragmentaires, on peut évaluer que ce commerce culmine aux environs de 600-850 millions de dollars par an.

Beaucoup d’attention a été déjà accordée au traffic de biens par ces tunnels, tels que l’essence et le ciment. Ce qui est bien moins compris est le fait qu’en échange de ces biens, de l’argent liquide a été régulièrement exporté à travers les tunnels, à un niveau de près de 750 millions de dollars par an. L’argent liquide sort aussi de Gaza – par les tunnels et par les transferts banquaires – vers des refuges sécurisés dans les pays du Golfe persique et l’Europe.

La nouvelle classe fortunée – dont beaucoup sont associés au Hamas – ainsi que les détenteurs établis de capital s’inquiètent de la présence de leur argent à l’intérieur de Gaza, et préfèrent le transférer à l’étranger. Et l’exportation de ces grandes sommes, il y a toujours plus d’argent à Gaza que d’opportunités pour l’investir.

En février 2009, par exemple, les banques de Gaza se sont tournées vers la Banque centrale israélienne avec une étrange requête : déposer leur excès de liquidités en Israël.   

D’où vient tout cet argent ? Beaucoup supposent que des sommes substantielles sont entrées à Gaza par les tunnels depuis 2008, mais cela ne peut qu’être partiellement confirmé.

Il semble plutôt que cet afflux de cash vienne principalement des banques. Selon les agents banquaires palestiniens, une moyenne de 2 milliards de dollars par an a été transférée à Gaza par le système banquaire palestinien depuis la prise de pouvoir par le Hamas en juin 2007.

On estime que l’AP introduit à elle seule 1,2 milliards de dollars par an dans les banques de Gaza, surtout en pensions et salaires pour les 77.000 fonctionnaires toujours salariés même s’ils ne travaillent plus.

En fait cette estimation est une fourchette basse ; selon le premier ministre de l’AP Salam Fayyad, 54% des 3,17 milliards de dollars du budget 2010 de l’AP sont allés à Gaza. La plus grande part semble relever des salaires, même si cela couvre aussi ce que l’AP paie directement pour l’électricité, l’essence et l’eau fournies à Gaza par des firmes israéliennes.   

En plus de cela, l’UNRWA transfère annuellement environ 200 millions de dollars cash vers Gaza, en plus de biens, céréales et essence d’une valeur de 250 millions de dollars par an.

Du liquide est aussi transféré à Gaza par l’intermédiaire des 160 ONG y opérant, des organisations internationales telles que la Banque Mondiale, et des aides de gouvernements étrangers, bien que la plus grande part arrive sous forme de biens transitant par Israël. 

Les ressources du Hamas

Les officiels du Hamas refusent invariablement de révéler les détails budgétaires ou autre information portant sur leurs sources de revenu.

Un fonctionnaire, Jamal Nasser, déclara que le groupe n’obtenait que 60 millions de dollars par an par les cotisations et les impôts, le reste provenant de cadeaux et d’aide étrangère.

Cela ne semble toutefois pas plausible. Selon les renseignements militaires israéliens, les subventions iraniennes au Hamas totalisent annuellement environ 100 millions de dollars, soit moins de 20% du budget déclaré par le groupe – établi officiellement à 540 millions de dollars en 2010. Les fonds iraniens sont principalement orientés vers le Bureau politique du Hamas à Damas, surtout pour des achats d’armement et de cargaisons, plutôt que vers Gaza.

Le président de l’AP Mahmoud Abbas a proposé une estimation plus haute, soutenant que l’aide iranienne est d’approximativement 250-500 millions de dollars, mais les preuves manquent pour ce chiffre.   

Le Hamas prélève vraisemblablement jusqu’à 250 millions de dollars en taxes par an. Le groupe a imposé toutes sortes de nouvelles cotisations et taxes, telles que l’imposition de trois nouveaux shekels israéliens (NIS) sur chaque paquet de cigarettes (ce qui peut générer près de 80 millions de dollars annuels) et des frais d’immatriculation automobile de 1.400 NIS (ce qui peut générer un apport supplémentaire de 25 millions de dollars si l’on se base sur l’estimation de 60.000 voitures immatriculées à Gaza).

Le Hamas réglemente aussi certains types d’activités – des vendeurs de rue aux compagnies de change à Gaza -, exigeant d’elles de payer des frais de licence. De plus, des taxes sont prélevées sur les biens « de luxe » venant d’Israël, ainsi que sur les cyclomoteurs.   

Le Hamas prélève aussi une part importante du commerce des tunnels égyptiens, imposant des taxes d’usage et des cotisations journalières aux contracteurs locaux des tunnels. Un tel commerce a radicalement diminué depuis juin 2010, lorsqu’Israël a quadruplé le nombre de camions pouvant apporter des biens à Gaza par les terminaux légaux. Afin de combler cette perte de revenu par les tunnels, on rapporte que le Hamas tire avantage de la croissance relative des prix sur les biens arrivant par les canaux israéliens officiels, imposant de nouvelles taxes sur des produits variés.

Par exemple, de début juillet au 20 septembre 2010, l’organisation a interdit l’importation de nouvelles voitures depuis Israël jusqu’à ce que les problèmes de taxation soient résolus.   

La Hamas exploite aussi son contrôle des diverses ressources gazaouies, tel que la location de lourdes machines de propriété gouvernementale à des contracteurs privés pour un coût journalier. C’est l’un des divers moyens par lesquels l’organisation a été capable de bénéficier indirectement des fonds internationaux de reconstruction qui affluent vers Gaza. 

Les dépenses du Hamas

 En 2005, le Hamas était une organisation modeste de 4.000-7.000 personnels militaires, avec un petit réseau de charité et d’éducation, et une bureaucratie de parti squelettique.

De 2006 à 2010, toutefois, on rapporte que les fonds à disposition du groupe ont crû de 40 millions à 540 millions de dollars. Dans le même temps, le Hamas a gagné un contrôle total sur tous les ministères gouvernementaux et conseils municipaux de Gaza, ainsi que sur bien des agences civiles.

Il détient aussi un monopole sur tous les services de sécurité et de renseignement du territoire, tels que la force de police « bleue » d’environ 10.000 hommes. Au total, le Hamas paie des salaires à au moins 35.000 employés, dont plus de 20.000 sont du personnel armé. Etant donné cette apparente masse salariale et un salaire moyen mensuel estimé à 1.500 NIS (425$), l’organisation pourrait dépenser – selon le premier ministre Ismaïl Haniyeh – rien moins que 300 millions de dollars par an en salaires, une somme plus élevée que les dépenses salariales de l’AP.

Le Hamas soutient aussi qu’il alloue 30 millions de dollars annuels à ses activités en « Cisjordanie », sans dévoiler les méthodes par lesquelles ces fonds peuvent y arriver.   

Afin de restreindre le financement illégal, les Etats-Unis ont désigné la Banque nationale islamique du Hamas et la Banque postale de Gaza comme des « entités terroristes », mais on ignore comment cette mesure a affecté leurs opérations.

Les deux banques poursuivent leurs activités en NIS (New israeli Shekel), et semblent avoir développé des méthodes pour travailler avec les bureaux de change et fournir ainsi les individus recevant leurs salaires en dollars américains.

La Banque nationale islamique a même actuellement suffisamment de liquidités pour proposer des prêts hypothécaires. Cette situation démontre le succès majeur du Hamas pour surmonter le système de « blocus », « boycot »t et « négation de reconnaissance et d’assistance » imposé par Israël, l’AP et la plupart des pays arabes (particulièrement l’Egypte), et l’Occident.

En plus de ses propres dépenses directes, le Hamas a été capable d’exploiter les ressources financières transférées par l’AP et les agences d’aide, assurant le paiement de ses supporters ayant remplacé les fidèles du Fatah dans la fonction publique. Les listes utilisées par les donateurs pour éviter de financer les terroristes n’incluent que peu d’employés du Hamas ; même si ce problème a été examiné, le filtrage des employés de l’AP est largement pratiqué par les sympathisants du Hamas. Au total, des milliers de membres du Hamas, incluant beaucoup de personnel militaire avec des fausses qualifications civiles, sont payés par les donateurs étrangers.
   

Le mouvement islamique s’est aussi récemment tourné vers différentes activités de business et a investi dans différents capital-risques, tels que la Banque islamique, la firme d’assurance al-Multazim, des projets immobiliers, des hôtels, un centre commercial, des centres de loisirs, des fermes agricoles, et un élevage halieutique.

En fait, le mini-empire économique du Hamas est rapidement en train de devenir le principal joueur dans le secteur économique privé de Gaza.

L’organisation oblige souvent les concurrents à fermer boutique pour éliminer toute compétition. Elle contraint aussi les propriétaires à vendre des terrains à bas prix ou à « contribuer » au bénéfice du Hamas soit en liquide soit sous diverses formes (par exemple en matériaux de construction). Les nouvelles activités du Hamas sont fréquemment enregistrées sous les noms d’hommes de paille. Le groupe s’est aussi emparé de tous les terrains appartenant précédemment aux implantations israéliennes de Gush Katif, ainsi que de parties des plages de Gaza.

Conclusion

Peu après sa victoire électorlae de 2006 à Gaza, le Hamas a fait face à de grandes difficultés financières, poussant le groupe à importer des millions de dollars en liquide à travers l’Egypte.

Aujourd’hui, toutefois, le Hamas a entrepirs de développer des sources locales de revenu qui sont en croissance régulière, principalement en exploitant les importantes sommes d’aide transférées par l’AP et les donateurs internationaux pour subvenir aux besoins généraux de la population.

Aucun mécanisme efficace n’est en place pour empêcher l’organisation de tirer avantage de l’afflux constant de liquidités vers Gaza ; en résultat, une partie significative de l’argent visant à alléger les dures conditions des habitants de la région est gaspillée. Des mesures plus rigoureuses sont nécessaires pour restreindre les capacités du Hamas à siphonner ces fonds pour ses propres objectifs. »

Ehoud Yaari & Eyal Ofer

Lundi 10 janvier 2011






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