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Mes réflexions concernant les assises sur l’islamisation – par Guy Millière


Mes réflexions concernant les assises sur l’islamisation – par Guy Millière

Guy Millière, après avoir visionné l’ensemble des contributions aux assises sur l’islamisation, nous a fait parvenir cette analyse. Nous la soumettons au débat en cours sur le sujet.

Je ne me suis pas rendu au colloque sur l’islamisation tenu à Paris le 18 décembre. J’ai ici expliqué pourquoi. J’ai pu constater en lisant les commentaires de mes articles que des analyses un peu plus subtiles trouvent difficilement leur place dans la réflexion. Je pense qu’elles auraient trouvé moins de place encore le 18 décembre.

J’ai, par contre, suivi les débats sur le net, et écouté les discours qui ont été tenus. J’ai constaté, comme je m’y attendais, une convergence autour de deux thèmes. Et cette convergence mérite explicitation.

Le premier thème a été l’incompatibilité de l’islam avec les civilisations européennes et la menace que l’islam fait peser sur celles-c

Le second thème a été, symétriquement, la défense des identités nationales européennes menacées non seulement par l’islam, mais par une forme de cosmopolitisme planétaire, par la mondialisation, par la finance internationale et par les Etats-Unis.

Ce qui se joue, en arrière plan, est une convergence entre les positions nationalistes du Bloc identitaire, clairement situables à l’extrême-droite, et celles d’un républicanisme laïciste de gauche aux accents robespierristes, situé à la gauche de la gauche.  


1. Les dénonciations globales de l’islam énoncées étaient toutes porteuses de pertinence, et je n’ai pas de désaccord profond avec elles. Oui, il y a une dimension totalitaire dans l’islam.  Oui, il y a une offensive nette et préoccupante de l’islam radical sur toute la planète aujourd’hui, et en Europe en particulier, et cette offensive vient détruire la liberté de parole et de choix .


Cela dit, considérer que tous les gens nés musulmans en Europe sont musulmans et que la seule alternative pour eux est d’énoncer qu’ils renoncent à l’islam me semble être un discours simpliste.


Cela me paraît aussi être un discours dangereux qui ne laisse aucune ouverture aux gens nés musulmans, qui se disent culturellement musulmans, mais ne sont pas des musulmans pratiquants et pas des lecteurs du Coran. Ces gens sont la majorité des musulmans installés en Europe.


Une stigmatisation globale de l’islam peut les conduire à se rapprocher des adeptes de l’islam radical, alors quune attitude leur disant qu’ils sont les bienvenus pour peu qu’ils laissent de côté les lourds bagages régressifs venus d’un dogme bloqué depuis mille ans leur donne une possibilité d’évoluer et de s’intégrer.

Il y a dans ce discours simpliste le danger de faire croître le diable qu’on prétend vouloir vaincre. Il y a en lui une absence de vision du moyen terme qui me semble très préoccupante, et qui doit trouver remède.

2. La défense des identités nationales européennes, en soi, est elle aussi légitime. La façon dont elle est énoncée, elle, me paraît poser problème. Une civilisation forte et sûre de ses valeurs n’a pas a être défendue : elle est et s’accomplit. Point. Une civilisation qui a besoin d’être défendue est une civilisation malade. Pour espérer la soigner, encore faut-il se donner les moyens de poser le bon diagnostic.

S’il est exact que l’islam radical monte, il importe de voir pourquoi il monte : et il importe de voir pourquoi un nombre croissant de musulmans en Europe n’ont pas l’envie de s’intégrer et basculent vers ce que Norman Podhoretz appelait au moment de la montée de la contre-culture aux Etats-Unis, une « culture adverse ».

L’islam en soi ne me semble pas être la raison.

Si les dirigeants politiques européens avaient adopté ces dernières années une attitude claire, nette et digne, si les économies européennes avaient été dynamiques et créatrices de plein emploi, si un discours énonçant ce que sont les valeurs de l’Occident et soulignant que celles-ci sont accueillantes et bienveillantes vis-à-vis de qui les accepte et s’intègre à elle, les données auraient été différentes.

Si le discours tenu majoritairement en Europe concernant l’économie, les cultures, le politique depuis l’école jusqu’aux médias avait lui-même été clair, net digne, tourné vers le dynamisme, l’esprit d’entreprise et les valeurs de l’Occident en tant que valeurs accueillantes et bienveillantes vis-à-vis de qui les accepte et s’intègre à elle, les données auraient été plus différentes encore.

Au lieu de cela, les dirigeants politiques européens, et les membres des élites, ont eu une attitude souvent pusillanime, myope, cynique, sans épine dorsale. Les économies européennes ont été asphyxiées graduellement sous diverses lubies asservissantes nées du socialisme, du dirigisme et de l’économie mixte, puis, plus récemment, de l’écologisme. L’école et les médias se sont faits les chantres du multiculturalisme, du relativisme, de la grande culpabilité de l’Occident. Ils ont disséminé les lubies asservissantes. Ils se sont faits les porte-voix  de tout l’éventail des discours politiques ambiants ou presque.

L’islam radical a pu croître sur ce terreau d’ensemble très fertile. Il est un sous-produit. Il est le reflet de la faillite des politiques mises en oeuvre, des décisions économiques prises, de la guerre intellectuelle menée dans le domaine de la culture et de l’information. Lorsqu’on sème du chiendent, on ne récolte jamais des fruits féconds. Il a existé une division du travail entre les politiques européens, le prêt-à-penser européen et l’islam radical.

L’exclusion des débats publics de l’essentiel des analyses sur l’islam, hors des analyses relativistes et multiculturalistes ou de celles menées depuis un laïcisme résolument athée, explique en soi pourquoi entre ceux qui s’aveuglent sur le danger représenté par l’islam, et ceux qui jettent tout l’islam et tous les musulmans dans les feux de l’enfer, il n’y a quasiment rien.

La défense des identités nationales sur un mode crispé est elle-même la conséquence de la situation d’ensemble que je viens de décrire et de l’impossibilité d’affirmer les valeurs de l’Occident de manière paisible.

La dimension xénophobe des rejets du cosmopolitisme planétaire et du métissage sont l’effet en retour de la xénophilie débridée émanant du multiculturalisme, du relativisme et de la grande culpabilité. Les accusations portées contre la mondialisation et la finance internationale sont les résultats désastreux de la destruction dans les esprits de ce qui devrait permettre une compréhension des ressorts de l’économie de marché, du capitalisme et du post-capitalisme : ce sont, au mieux, des attitudes d’arrière-garde qui posent sur le monde un regard datant du dix-neuvième siècle et en aucun cas un regard du vingt-et-unième siècle.

Les économies européennes asphyxiées par l’absence de liberté et par les édifices technocratiques se voient proposer comme alternative des surcroîts d’asphyxie dont Friedrich Hayek dénonçait les périls dès 1945 lorsqu’il écrivait La route de la servitude.  Cela me fait penser aux médecins des comédies de Molière qui proposaient aux asthéniques une bonne saignée. Les gouvernants européens broient les économies. Les professeurs d’économie et les médias transmettent des doctrines ineptes. L’extrême-droite et la gauche de la gauche proposent des inepties alternatives. Quelle belle situation !

Les Etats-Unis sont placés en position de bouc émissaire : de la part de l’extrême-droite et de la gauche de la gauche, c’est normal. Des théories géopolitiques abracadabrantes sont énoncées, et on les a entendues le 18 décembre : tout comme aucune différence n’est faite entre les diverses tendances de l’islam et ses évolutions historiques, aucune différence n’est tracée entre la politique étrangère américaine avant l’émergence de l’islam radical et après l’émergence de l’islam radical, entre les positions des adeptes de la realpolitik au temps de Nixon ou de George H.W. Bush et celles des conservateurs et néo-conservateurs des années Reagan et George W. Bush, aucune approche de l’évolution et de la dérive du parti démocrate entre les années Kennedy et les années Obama n’est proposée.

L’Europe est d’ores et déjà dans l’impasse, mais si, dans l’impasse, on vient y dire que c’est la faute du seul pays occidental avec Israël où les valeurs de la civilisation occidentale ont encore une chance de se redresser, autant se tirer une balle dans la tête tout de suite, en n’oubliant pas d’adopter ce faisant la posture de celui qui aura « résisté » jusqu’au bout.

3. La convergence entre le nationalisme façon Bloc identitaire et le républicanisme laïciste d’une certaine gauche, en ces conditions, m’apparaît comme un symptôme, essentiellement un symptôme.

Je l’ai déjà dit, et je le répète : je comprends les peurs, les colères, les désarrois. Et il m’arrive de les ressentir. Je me sens beaucoup plus proche des participants au colloque du 18 décembre que des militants qui, sur le trottoir d’en face, s’imaginaient lutter contre le « racisme » et le fascisme tout en se faisant les alliés actifs de l’islamofascisme.

Je me sens beaucoup plus proche d’eux que des journalistes qui ont utilisé les deux neurones qui restent dans leur pauvre cerveau pour décrire ce qui s’est passé dans des termes aussi débiles que ceux utilisés par les militants alliés de l’islamofascisme sur le trottoir d’en face.

Je crains pour autant que le combat mené ainsi ne soit un combat vain, voire contre-productif.

Vain parce que susceptible de conduire, lors de prochaines élections, à des votes protestataires qui représenteront, peut-être vingt pour cent des suffrages, mais

Vain aussi parce que je vois trop bien les limites empêchant ce combat d’être fédérateur et d’être vecteur d’un avenir positif.

Contre-productif, parce que l’un des résultats peut-être le renforcement des discours des idiots utiles parlant d’islamophobie et discernant moins que jamais l’islamofascisme, le repli de nombre de musulmans qui ne sont musulmans que du bout des lèvres vers l’islam, et le recours par les tenants du pouvoir politique et médiatique à un grand amalgame avec l’extrême-droite.

Si je devais concevoir une issue, elle serait du côté d’un discours ouvert, dynamique, affirmant la nécessité de retrouver la liberté économique et politique, de se situer au delà de la faillite des Etats providence et de la construction européenne et de réaffirmer les valeurs des sociétés ouvertes, des droits de l’être humain et de l’égalité de droit, de la liberté d’entreprendre et de créer, la nécessité de refuser les dictatures et les totalitarismes et de se battre contre eux s’il le faut.


Ce discours tendrait la main aux musulmans désireux de s’intégrer au grand élan dessiné, en leur disant seulement que les « lourds bagages » régressifs venus d’un dogme bloqué depuis mille ans doivent être abandonnés car, comme me le disait mon ami Fereydoun Hoveyda, il n’ont pas leur place dans l’avion du vingt-et-unième siècle.


Il serait strictement intransigeant avec l’islam radical, bien sûr. Il prônerait une alliance de tous les hommes aspirant aux valeurs de liberté économique et politique, au respect des droits de l’être humain et de l’égalité de droit et au refus des dictatures et des totalitarismes.

Je ne rêve pas. Je crains que ce discours, en Europe, ne soit pas tenu. Je suis ouvert à toute initiative pour qu’il se tienne.

Mon rôle intellectuel tel que je le conçois est d’expliquer. Essentiellement d’expliquer.

Je ne demanderais pas mieux que l’Europe puisse se redresser et que l’islam radical soit vaincu. Le redressement et la victoire impliquent de choisir la stratégie pertinente et, pour cela, de se donner d’abord les moyens de comprendre.


Guy Millière







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