Raphael Draï , chronique de radio J, 8 novembre 2010
La défaite de Barack Obama lors des élections dites de « mi- mandat » est certainement imputable à ses échecs en politique intérieure, au décalage de plus en plus criant entre son image et ses messages de la fin 2008, d’une part, et les réalités économiques de l’année 2010 d’autre part. Cette défaite marque également le désaveu de sa politique au Moyen Orient et du choix fait, il y a deux ans, d’une stratégie de pression contre l’Etat d’Israël.
Après un moment d’incrédulité et une phase de flottement, le gouvernement légitime de Benjamin Netanyahou ne s’est pas laissé impressionner. Il y a résisté, ayant compris que le danger venait de la vision purement idéologique nourrie par le président américain fraîchement élu au regard d’autres réalités, celles complexes et virulentes de cette partie du monde. Pareille cuisante défaite signe également l’échec de la tentative de division des organisations juives américaines, tentative à l’enseigne de J- Street avec sa succursale européenne à l’enseigne de J- Call. Il s’agit d’en tirer les leçons, au lieu de s’acharner au soviétisme terminologique, si ce n’est au ressentiment, comme vient de s’y exposer une nouvelle fois l’ancien Ambassadeur d’Israël à Paris, Elie Barnavi.
Dans une contribution à l’édition du 1er novembre de Marianne, reprise sur le site du CRIF – dont on se demande si c’est bien sa mission de se prêter à cette guerre verbale – il croit devoir lier ses considérations sur le sort des chrétiens d’Orient à l’action de ce qu’il nomme les colons fanatisés, à Jérusalem et ailleurs. Au fond, l’ancien ambassadeur de l’Etat d’Israël en France est capable de dénoncer tous les fanatismes sauf celui dont il ne cesse de faire preuve. Ce fanatisme, heureusement verbal, est celui d’une « gauche », imaginaire ou présumée, dont la représentativité électorale se réduit de plus en plus. Cette gauche-là qui appelle, avec David Grossman, à fronts renversés, au boycott de citoyens israéliens et dans laquelle il n’est pas sûr que ni Léon Blum ni Aaron David Gordon se reconnaîtraient, est incapable d’admettre ses excès, ses échecs et de se déjuger. Elle bénéficie de l’écho disproportionné qui est le sien dans de nombreux médias pour une seule raison, hautement problématique : elle parle comme souhaitent qu’elle parle ceux pour qui le sionisme confine à l’Apartheid, et qui rêvent de déposséder le peuple juif de sa capitale. Il faut en même temps reconnaître que cette gauche n’est pas la seule en Europe à nourrir ce désir politico – théologique d’un autre âge : le gouvernement britannique du conservateur et rétrograde David Cameron, avec son impayable ministre des Affaires étrangères, n’est pas en reste. L’Histoire juive en a vu et en a entendu d’autres. Pas plus que l’idée de socialisme n’est le monopole d’une telle gauche, le sens de cette Histoire ne sera dicté par l’antisionisme, ni par le post-sionisme. Et, comme à Rome, il y a quelques semaines, il seront de plus en plus nombreux , Juifs ou non, à le faire savoir.
Raphael Draï – Raison-Garder.info