Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a prévenu, jeudi 11 novembre, qu’il tenait pour un « engagement » du président américain Barack Obama son évocation de l’entrée à l’ONU de l’Etat de Palestine, lors du sixième anniversaire de la mort de Yasser Arafat.
Des milliers de personnes ont défilé au quartier général du dirigeant historique palestinien Yasser Arafat, décédé le 11 novembre 2004, pour se recueillir sur sa tombe, à Ramallah en Cisjordanie. Comme les années précédentes, les commémorations ont été interdites dans la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par les islamistes du Hamas.
UN ÉTAT DE PALESTINE À L’ONU
Le 23 septembre, M. Obama a évoqué à la tribune de l’ONU « un accord qui nous mènera à accueillir un nouveau membre de l’ONU : un Etat de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israël », lors de la prochaine assemblée générale.
« Nous considérons cette déclaration comme un engagement du président Obama, pas comme un slogan, et nous espérons que l’année prochaine, il ne nous dira pas : ‘Excusez-nous, nous ne pouvons pas' », a affirmé M. Abbas dans son discours à Ramallah.
ABBAS EN APPELLERAIT AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
S’inscrivant dans la lignée de Yasser Arafat, M. Abbas a assuré qu’il ne déviait pas des revendications palestiniennes sur la colonisation, Jérusalem-Est et le droit au retour des réfugiés. Il a récusé les reproches de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton de recourir à des « mesures unilatérales » en voulant porter la question de la colonisation devant le Conseil de sécurité, comme il l’a annoncé mercredi.
« Nous pensons aller au Conseil de sécurité et cela est considéré comme un acte unilatéral, mais quand eux [les Israéliens] se livrent à des actions unilatérales telles que le mur, les incursions, les assassinats, l’arrachage des oliviers, ce n’est pas considéré comme unilatéral », a déploré M. Abbas.
NÉTANYAHOU INFLEXIBLE
De son côté, Hillary Clinton rencontrait jeudi matin à New York le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, plus inflexible que jamais sur la question des constructions juives à Jérusalem. La secrétaire d’Etat a fait le vœu au début de la rencontre de « trouver un moyen d’avancer », assurant que M. Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas étaient « très engagés en faveur d’une solution à deux Etats ».
L’analyste américain Aaron David Miller, du Centre Woodrow Wilson, a estimé dans un entretien à l’AFP que M. Nétanyahou se montrerait intransigeant face à la secrétaire d’Etat. Le dirigeant israélien, selon lui, devrait se sentir plus à l’aise face à un président Obama « sur la défensive » après la défaite des démocrates aux législatives américaines. « La question n’est pas seulement qu’il y aura plus de républicains au Congrès. C’est aussi que les priorités de l’administration ont changé », ajoute-t-il.
Le processus devait déboucher sur un accord de paix en un an. Mais il paraît déjà au bord de l’effondrement, après le refus d’Israël de prolonger un gel de la colonisation en Cisjordanie occupée. Cette semaine, l’annonce de la construction de 1 300 logements juifs dans la partie à majorité arabe de Jérusalem a encore envenimé la situation, bien qu’Israël ait souligné qu’aucun moratoire sur les constructions juives n’avait jamais concerné la Ville sainte.
LEMONDE.FR avec AFP | 11.11.10