BEYROUTH – Le chef du Hezbollah a appelé tous les Libanais, jeudi, à boycotter le tribunal des Nations unies qui enquête sur l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, affirmant que l’information récoltée par les enquêteurs est transmise à Israël.Cheikh Hassan Nasrallah a fait cette déclaration jeudi, un jour après qu’une foule de femmes eut attaqué deux enquêteurs de l’ONU et un interprète libanais qui recueillaient des preuves dans une clinique privée de gynécologie à Beyrouth. Les femmes se sont bagarrées avec les enquêteurs et leur ont volé plusieurs articles.
L’attaque met en évidence les émotions chargées qui entourent les travaux du tribunal, que le Hezbollah juge biaisé.
Nasrallah n’a pas parlé des violences à la clinique et n’a pas dit si le Hezbollah les avait commandées, mais il a confirmé que des épouses et des proches de commandants et de responsables du Hezbollah faisaient partie des patientes de la clinique.
Tard jeudi, le tribunal a réagi en critiquant l’appel au boycott et a juré de poursuivre son enquête.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a condamné l’attaque, affirmant que «de tels actes d’interférence et d’intimidation sont inacceptables», selon son porte-parole, Martin Nesirky.
Le secrétaire général a fait valoir que le tribunal est indépendant et qu’il a été mis sur pied à la demande du gouvernement libanais, avec un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. Le tribunal est «un outil important pour découvrir la vérité et pour mettre fin à l’impunité», a ajouté le porte-parole.
M. Ban a appelé toutes la parties à s’abstenir d’interférer dans le travail du tribunal, affirmant qu’il est impératif qu’il puisse travailler de façon sécuritaire. Il a aussi loué les autorités libanaises pour avoir rapidement ouvert une enquête sur l’assassinat, a dit son porte-parole.
Le tribunal n’a pas encore inculpé de suspects pour l’assassinat de Rafic Hariri, mais les spéculations voulant qu’il puisse mettre en cause des membres du Hezbollah a soulevé des craintes de violences entre la milice chiite lourdement armée et les alliés majoritairement sunnites de l’ancien premier ministre.