Par Jacques BENILLOUCHE
samedi 9 octobre 2010
Les écologistes ont gagné assurément un nouvel adepte en la personne du chef du Hezbollah. Hassan Nasrallah, qui apparaît rarement en public pour des raisons de sécurité, a pris le risque de sortir brièvement de sa tanière, ce vendredi 8 octobre dans la banlieue sud de Beyrouth, pour planter un arbre dans le cadre d’une campagne du mouvement chiite pour encourager le gouvernement libanais à suivre la voie écologique. Ses conseillers ont dû lui suggérer de s’inspirer des méthodes du KKL, chargé du reboisement d’Israël. Il ne manque donc plus que les petites boites, jaunes pour l’occasion, pour ramasser les dons des militants barbus.
Le responsable de la milice islamiste a fait preuve d’un acte de bravoure dans la mesure où il sait qu’il est la cible des israéliens qui l’épient en permanence pour régler avec lui le contentieux ouvert depuis 2006. En juillet 2007, une force spéciale de renseignements et d’exécution, dépendant de l’Aman, le service des renseignements militaires, avait été constituée par Tsahal avec mission de collecter des données sur les dirigeants ennemis pour les éliminer dès que l’ordre politique était donné. Il s’agissait de localiser avec précision les différentes caches d’Hassan Nasrallah.
Cette force n’a pas réussi à identifier avec précision son lieu de résidence puisqu’il change de domicile tous les jours afin de déjouer toute action de repérage. Durant la guerre du Liban de 2006, des avions F-16 avaient largué plus de 23 tonnes de bombes sur des bâtiments de la banlieue sud de Beyrouth supposés héberger le chef de la milice, sorti indemne de l’attaque. Depuis lors, Hassan Nasrallah sait qu’il est en permanence pisté par les services de renseignements israéliens et leurs drones. Il n’apparait donc plus en public, quitte rarement ses fortifications souterraines et communique avec ses militants par vidéo interposée. Sa dernière apparition publique remonte à juillet 2008.
La chaîne de télévision, al-Manar, vient cependant de diffuser des images d’Hassan Nasrallah en pleine action écologique puisqu’il apparait, accompagné du ministre de l’agriculture, en train de creuser un trou pour planter un arbre à l’endroit où son immeuble avait été bombardé par les raids aériens juifs.
Le secrétaire du Hezbollah devrait pourtant refréner ses pulsions écologiques qui risquent de le dévoiler auprès des israéliens. On se rappelle qu’Adolf Eichmann s’était trahi face au Mossad le jour où il avait décidé d’offrir des fleurs à sa femme pour son anniversaire. Cette comparaison funeste devrait le ramener à la raison en le persuadant de retourner vivre comme une taupe, loin de la lumière du jour et des sunlights des médias, et avec l’angoisse permanente d’une épée de Damoclès fixée au-dessus de son turban. En effet, s’il lui venait l’idée noble d’arroser tous les soirs son arbrisseau, il risquerait d’alerter ses poursuivants qui seront insensibles à sa conversion écologique.