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Barack Obama est-il « bon pour les Juifs”? par Joel Fishman


Barack Obama est-il « bon pour les Juifs”? par Joel Fishman

L’attitude de tout président américain envers Israël constitue une préoccupation en soi parce qu’elle affecte nos existences et notre sécurité. Cette semaine, le président Obama a exhorté publiquement Israël à prolonger le gel des implantations. Beaucoup d’Israéliens ont trouvé cette immixtion blessante et malvenue . On ne devrait pas se demander si ce président est un ami d’Israël parce qu’il a publiquement révélé ses préférences dans son discours du Caire du 4 juin 2009. Malgré tout, nous nous demandons sans arrêt si Obama est « bon pour les juifs » (et Israël), même si la question n’est pas ouvertement formulée.Normalement, nous supposons que tout président est d’abord bon pour l’Amérique, mais Obama n’a pas convaincu beaucoup d’Américains qu’il en est bien ainsi. Il est remarquable qu’il y ait aux Etats-Unis une démarche interrogative de même nature. Des observateurs politiques réputés, comme Peggy Noonan, Dinesh D’Souza, Charles Krauthammer, Andy McCarthy, et Victor Davis Hanson, se demandent également si ce président est bon pour l’Amérique, et ils n’en sont pas convaincus. Leur angle de vision est peut être différent, mais si l’Amérique et Israël partagent bien les mêmes valeurs [judéo-chrétiennes], les intérêts des deux pays devraient coïncider en grande partie. Mais, de fait, ce n’est pas tout a fait le cas.

Il est nécessaire de se pencher sur le passé récent, parce que les deux présidents américains précédents, qui prétendaient être des amis de l’état juif, lui ont causé en réalité des dommages considérables.

Plus globalement, le grand manquement de Bill Clinton en tant que président a été de ne pas considérer le terrorisme islamique radical comme une menace sérieuse, même après les attentats contre le World Trade Center [en février 1993] et Khobar Towers(1) [en juin 1996].

Pour aggraver les choses, l’administration Clinton a donné une définition réductrice du terrorisme, une infraction criminelle plutôt qu’un acte de guerre. Selon le cas, la réponse est différente. Si l’on considère le terrorisme comme un acte criminel, on traine les contrevenants en justice. Si l’on considère le terrorisme comme un acte de guerre, on est en droit de le combattre par tous les moyens possibles. Il y a une différence, et, comme l’a écrit Albert Camus, « mal nommer les choses, volontairement ou pas, c’est ajouter au malheur du monde. »

Cette réticence à affronter les dangers du terrorisme a contribué à l’émergence d’une vulnérabilité de l’Amérique à une attaque surprise dévastatrice. Bien que le rapport sur le 11 septembre n’ait pas mis en cause une responsabilité personnelle, le professeur émérite de Harvard, feu Ernest May, membre éminent de la Commission sur le 11 septembre, s’est prononcé en public, indépendamment. Il a rapporté que « la C.I.A s’était retournée contre lui [Clinton] parce qu’il n’avait pas assisté à une cérémonie à la mémoire de deux de ses membres abattus par un terroriste devant l’entrée du siège de l’agence. » De plus, il n’avait pas de rapports du tout avec Louis Freeh, le directeur du FBI. Le Président Clinton n’avait donc pas de relations de travail opérantes avec les principaux services de sécurité de l’Amérique, et on en connait les conséquences pour l’Amérique et pour ses alliés, entre autres Israël.

En ce qui concerne les relations bilatérales, on ne se souvient pas en général qu’au printemps 1993, le président Clinton a contraint le gouvernement Rabin à rapatrier quatre cents quinze membres de la direction du Hamas qu’il avait expulsés au Liban en décembre 1992. Ainsi, Clinton a contribué à l’ascension du Hamas à Gaza. Si on additionne les contributions de Condoleezza Rice et de Bill Clinton, il est évident que les Frères Musulmans et la République islamique d’Iran doivent une fière chandelle à deux administrations américaines récentes.

En outre, il y a des choses que nous ne pourrons jamais savoir. Au cours des auditions d’habilitation de Hillary Clinton en tant que secrétaire d’état, la Fondation William J. Clinton a révélé à contrecœur que le royaume d’Arabie Saoudite lui avait fait un don de dix à vingt-cinq millions de dollars pour financer la bibliothèque présidentielle de Clinton. Nous devons savoir exactement ce que le prince Bandar entendait quand il a dit que « si la réputation des Saoudiens de prendre soin de leurs amis quand ils quittent leurs fonctions est désormais établie, vous seriez étonnés de savoir à quel point nous avons des amis, les meilleurs qui soient, quand ils entament leur mandat. » Il est clair qu’il y a là un manque de transparence. Nous ne savons toujours pas ce que les Saoudiens achètent avec cet investissement considérable, quand il prend la forme d’un paiement différé.

La semaine dernière, l’ancien président Clinton a dit le fond de sa pensée et ouvertement critiqué les Israéliens qui ont émigré de l’ancienne Union Soviétique parce qu’ils étaient défiants vis-à-vis du « processus de paix. » Il est inimaginable qu’un premier ministre israélien critique l’attitude d’un groupe ethnique des Etats-Unis, quel qu’il soit, et c’était là tout simplement une mauvaise manière.

George W. Bush de son coté donna beaucoup de lui-même pour afficher son amitié avec Israël. Quand il vint en Israël pour la célébration des soixante ans de l’Indépendance, il se comporta comme un frère avec le premier ministre Olmert. Cependant, l’apparence et la réalité ne coïncidaient pas. Suite à des pressions et des menaces saoudiennes à fin août 2001 (juste avant le 11 septembre), pour la toute première fois, les Américains soutenaient l’idée d’un état palestinien. En outre, en novembre 2005, Condoleezza Rice contraignait Israël à ouvrir le poste frontalier de Rafah. Contre des avis unanimes, Rice poussait à des élections au sein de l’Autorité palestinienne qui incluait alors Gaza (25 janvier 2006). Cette décision s’est avérée être une erreur colossale. Le Hamas a gagné à Gaza, et ce territoire est devenu un sanctuaire pour le terrorisme, comme le Laos en son temps. Nous vivons maintenant avec les conséquences de cet échec. Merci, Condoleezza ! Il faut aussi mentionner le rapport des services de renseignement américains de novembre 2007 (National Intelligence Estimate), aussi scandaleux que malhonnête, qui niait l’existence de la menace constituée par le programme nucléaire iranien. Ce rapport a fourvoyé l’opinion publique et interdit une réponse approprié au problème.

Jusqu’à présent, le président Barack Obama n’a pas encore réussi à causer à Israël des dommages comparables à ceux de ses deux prédécesseurs. À son crédit, il ne prétend pas être un ami. Pour le présent, nous devons respecter sa franchise, mais exercer à son endroit une vigilance étroite.


Joel Fishman, historien et chercheur, pour le quotidien israélien Makor Rishon, le 1 Octobre 2010
Le docteur Joel Fishman est membre d’un institut de recherche de recherche de Jérusalem.

(1) Complexe immobilier situé près de la ville de Dhahran dans l’Est de l’Arabie saoudite (NdT)

Titre original : Is Barack Obama “Good for the Jews”? – Traduction : Objectif-info




Journaliste québécois, pro-atlantiste, pro-israélien,pro-occidental



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