Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Dimanche 10 octobre 2010
Il y a quelque temps déjà, le journal Le Monde avait évoqué la situation des chrétiens dans la Bande de Gaza (v. ici même notre point de vue du 23 février 2008 : Les chrétiens de Gaza entre craintes et rumeurs). La situation des chrétiens revient dans ce même journal, daté des 10-11 octobre 2010, sous la plume de Stéphanie Le Bars, qui fut, il y a quelques années, correspondante du journal en Israël.
Cette fois, il s’agit d’évoquer la situation des chrétiens « au Proche Orient », à l’occasion d’un synode qui s’ouvre à Rome sur cette question.
Alors que le sous-titre de l’article paraît refléter effectivement la situation de cette minorité, en relevant « la coexistence difficile avec l’Islam », dans la suite de l’article, on est édifié par la présentation biaisée de la question.
Il est évident que « la lente érosion du nombre de chrétiens au Proche-Orient constitue pour le Vatican une source d’inquiétude majeure ».
Et on ne peut qu’être édifié par les chiffres cités par la journaliste : en Turquie, « Les chrétiens y représentaient 20 % de la population au début du XXe siècle. Ils sont aujourd’hui 0,2 %. En Irak, le nombre de chrétiens serait passé de 1,5 million il y a vingt ans à moins de 600 000 aujourd’hui, et leur exode se poursuit ».
Mais, immédiatement après ces chiffres, (les seuls cités d’ailleurs) la journaliste poursuit en indiquant que pour expliquer ce phénomène, les évêques mettent en cause les situations de guerre ou de conflit et, notamment, « l’injustice politique imposée aux Palestiniens » par l’occupation israélienne (précise Stéphanie Le Bars), la situation économique, mais aussi l’absence de démocratie dans la plupart des pays concernés.
Sans doute la formule se trouve-t-elle dans le document de synthèse sur lequel vont travailler les évêques et nous avons déjà relevé, ici même (v. notamment le 29 juillet 2010), l’hostilité manifestée à l’égard d’Israël par les représentants de l’Eglise au Proche Orient.
Mais ce qui nous paraît à la fois stupide et malintentionné c’est de relever en premier lieu « l’injustice politique imposée aux Palestiniens », qui n’a évidemment rien à voir avec l’exode des chrétiens de Turquie et d’Irak.
Il eut été intéressant de connaître les chiffres, en chute libre, des chrétiens dans d’autres pays de la région (Egypte, Liban), chute qui n’est pas davantage liée à la situation de guerre entre Israël et les Etats musulmans de la région depuis 1948.
Et c’est là que l’on retrouve le parti pris anti-israélien du journal, parti pris que l’on croyait estompé depuis le changement intervenu dans la direction du journal et surtout de sa rédaction.
Et l’on peut se demander si le récent rachat du journal par une nouvelle équipe, plus marquée politiquement, n’est pas une explication de cette situation. A moins que ce ne soit la confirmation de l’adage populaire « Chassez le naturel, il revient au galop »…..
Bref, on est bien loin de l’information et en plein dans la désinformation.
A croire que pour les journalistes du Monde , il ne faut jamais perdre de vue que le responsable de tout ce qui va mal dans le monde c’est Israël.
