Une terre et des hommes – Israël – Pays pionnier
Ce voyage touche à sa fin.
Un voyage qui nous a conduit en Erets Yisra’el, et nous avons parcouru cette terre d’Israel depuis les sables de Tel Aviv naissante jusqu’aux Lumières de Yerushalayim, ville où convergent tous les regards du judaïsme.
Puis nous avons rejoint le Yarden jusqu’à Tsfat, découvrant les fermes que les pionniers ont bâties sur ces terres abandonnées.
Oui, nous avons découvert, comme les pionniers sionistes, que ce pays était misérable, abandonné, aride et rocailleux.
A chaque pas, nous avons foulé le sol de la tradition biblique.
Et en portant le regard dans les vallées et les collines, nous y avons vu une terre en friche, où chacune des pierres a été déplacée à la main par les pionniers sionistes, pour rendre à cette terre d’Israel toute sa fertilité.
Cette facette du sionisme apparaît si loin de tout ce qu’on peut entendre ici ou là. C’est pourtant la seule, celle qui a existé et celle qui a donné au futur Etat d’Israel ses fondations. De concrètes fondations faites de draînage de marécages et de défrichage de terres abandonnées par leurs propriétaires terriens de Damas ou de Beiruth.
Le sionisme est cette extraordinaire aventure de labeur et de liberté.
Loin des persécutions, des interdictions, et des pogroms, loin des ghettos et des mellahs, loin de l’oppression, loin de la haine et de la folie.
Un amour de la terre, du temps présent, de l’enracinement créatif.
Le sionisme est amour de la terre. Il naît de la beauté de la terre d’Israel que les pionniers allaient faire revivre.
Sinon, quelle force aurait pu animer ces femmes et ces hommes pour défricher ces terres à main nue et à la sueur de leur front ?
Le sionisme est amour de la liberté. Et suscite les convoitises… Mais laissons-là tous ces enragés qui ont fait le choix de la destruction…
Notre retour vers Tel Aviv passe par Tibériade, avant de nous rendre à Haifa et à la plaîne de Sharon.
Tibériade, Tvérya (?????????) a subi en 1837 un tremblement de terre qui a détruit une partie de la ville. En 1862, nombreuses sont encore les ruines.
Panorama de la bourgade en 1862:
En 1870 :
Et en 1877 :
Point de vue sur le Kinneret et des environs de Tibériade en 1877 :
La léthargie et la solitude dominent les environs de Tibériade. (photo 1893)
En 1894 :
Les Juifs de Tibériade vivent de façon traditionnelle sous le joug ottoman, impliquant un statut précaire, sans protection juridique ni même une quelconque égalité.
Nous rencontrons cette famille juive de Tibériade devant leur maison (photo 1894) :
A Tibériade, la tombe de Rabbi Meir Baal Haness, sage appartenant à la seconde génération des Tannaim, rappelle que l’histoire juive s’est écrite en Terre d’Israel, bien avant les différentes occupations, notamment islamique et ottomane.
La tombe de Rabbi Meir Baal Haness :
La présence juive dans la région a redonné vie à cette bourgade, qui devient également un point d’arrivée de nombreux arabes syriens, attirés par les perspectives offertes par les fermes juives. En effet, les paysans arabes étaient soumis à un statut de quasi servage, dominés par de riches propriétaires terriens arabes qui déléguaient à des métayers peu scrupuleux la charge de surveiller la terre. L’achat par les pionniers Juifs de terre va modifier radicalement la donne. Les paysans arabes trouvant alors de bien meilleures conditions de travail. Il est important d’avoir à l’esprit que la famille du mufti Al Husseini est avant tout une famille de propriétaires terriens qui a vendu à prix d’or aux pionniers juifs des terres en Samarie et Galilée. Ces mêmes qui inventeront de toute pièce un nationalisme inexistant… (Photo 1928)
Comme on peut le voir sur la photo de 1911 montrant le retour des champs de paysans juifs de Kvutzat Kinneret, ce que certains appellent « colonisation » est un défrichement et une mise en culture. Pas une trace de village prospère dans les environs. Pas non plus de check points ou de chars merkava. Des étendues vides à perte de vue. Preuve, s’il est nécessaire de le rappeler, que le sionisme n’a spolié personne et qu’il est dans sa réalité historique un repeuplement légitime (retour d’un peuple sur la terre d’où il a été chassé) et légal (basé sur l’acquisition conforme au droit de parcelles achetées à prix d’or auprès de propriétaires qui en connaissaient la valeur aux yeux des Juifs).
Voici le corps de ferme de Kvutzat Kinneret, en 1911 :
L’immigration musulmane est un tabou qui sape l’un des principaux arguments de la propagande anti-israélienne. Non seulement il n’y a pas eu spoliation — et si il y a eu mouvements de population lors de la guerre de 47-48, il convient de rappeler qu’ils sont réciproques les Juifs de Samarie et Judée ont été expulsés manu militari par la Légio Arabe, et qu’à partir de 1948 commence l’expulsion (accompagnée de violences et de spoliations effectives) des Juifs du monde musulman… — , mais il y a eu aussi d’intense mouvements migratoires musulmans en direction de la Palestine géographique à partir des années 1880, comme en témoigne la présence de bosniaques, yougoslaves musulmans près de Caesaria (photo 1880) :
Beer Tuvia en 1897.
La même petite ville en 1913 :
Et Beer Tuvia après les attaques arabes de 1937. La réalité est que les « paisibles fellahs » se sont opposés par la violence à toute autonomie juive. Car, en tant que telle, ce n’est pas la présence de Juifs –dans le sens où ils apportent richesses et main d’oeuvre — que la présence juive libre qui est radicalement refusée par les populations locales, habituées à pratiquer la discrimination envers les non-musulmans. Que des Juifs se gouvernent eux-mêmes en rejettant le statut subalterne de persécuté, voilà la raison de la haine en Palestine.
Les fermes juives sont ainsi l’objet d’attaques récurrentes de la part des populations arabes. Les routes ne sont également pas sûres. Ce qui conduit à la nécessité de se défendre. Ce sont des gardes juifs des fermes de Galilée, en 1915, alors que la terre d’Israel est sous le joug ottoman (d’où les vêtements de ces gardes).
Puis nous arrivons à Haifa ! (photo 1890 vue du mont carmel)
La quartier de la German Colony de Haifa (?????? ???????) en 1897. Fondée par des Protestants allemands, le village allemand est une partie de la nouvelle ville, proche de ce qu’imagine Herzl dans son roman Altneuland :
Le quartier Herzliah en 1907 :
Symbole de la ville et de la renaissance scientifique juive, le Technion (???????) de Haifa est fondé en 1912, mais il n’accueillera des étudiants que douze plus tard.
Etape de la construction du Technion (photo 1913) :
Le projet pédagoqique et scientifique du Technion doit son importance à la participation de Juifs allemands à son essor. A l’époque, l’Empire allemand est aussi le principal pôle de recherche dans le monde (avec des scientifiques comme Max Planck ou Albert Einstein,…). Et en 1913 a lieu l’arrivée des premiers équipements scientifiques en vue de l’ouverture de l’établissement, qui sera retardée par la Première Guerre mondiale.
Le quartier musulman de Haifa, ville pluriconfessionnelle, dont l’essor va coïncider avec l’arrivée des pionniers sionistes.
Vue du Technion depuis le hadar haKarmel. (1915)
Haifa 1915 :
Puis nous quittons la petite ville côtière de Haifa et nous arrivons à Zikhron Yaakov, à une trentaine de kilomètres de Haifa, abordés par des gardes juifs. La situation de ce village juif est exemplaire. En 1882, des membres des Hovevei Tsion de Roumanie fondent le village, avant de recevoir l’appui d’Edmond de Rothschild. A partir de là, les terres environnantes sont mises en culture (notamment la vigne) et le village compte dès 1885 près de 380 habitants. Puis il passe sous le patronage de la Yika de Maurice de Hirsch et d’accueillir des Juifs du Yémen faisant leur aliyah. L’enrôlement des hommes de Zikhron Yaakov dans les rangs de l’armée turque marquera durement le village durant la Première Guerre mondiale, avant que la situation ne s’améliore au cours des années 1920.
Vue sur les vignobles de Zikhron Yaakov en 1912 :
Sur la route menant à Hadéra, nous croisons ces médecins itinérants, dont la principale tâche est de soigner les cas de malaria. Une chose que le sionisme a réussi à vaincre, et qui rappelle combien cette terre d’Israel était laissée à l’abandon est le paludisme qui sévissait dans les marécages côtiers que les pouvoirs successifs n’avaient jamais draînés. (photo 1910)
La côté méditarranéenne près de Hadéra en 1910 :
Voici une famille de Juifs russes à Hadéra (????????) en 1910, un peu moins de vingt ans après sa fondation :
La route principale de la plaine du Sharon traverse Hadéra. Les arbres ont été plantés par les pionniers (photo 1912)
La mise en valeur de la terre par les sionistes contrastent avec l’état d’abandon voulu par les Ottomans (photo 1925 des marais de kabara) :
Campement bédouins au bord des marais de Kabara (1925) :
Cette années débutent les travaux de draînage par les sionistes. Loin de toute mythologie, la réalité du sionisme est dans ce labeur exigeant, harassant, ingrat, en vue d’une terre rendue fertile. Comme on peut le constater les ouvriers sont des pionniers juifs: ce n’est pas une colonisation qui aurait exploité les autochtones.. Encore une fable qui s’effondre face à la vérité historique.
Des travaux d’ampleur similaire avait conduit à l’extension des cultures autour de Petah Tiqva (?????? ????????) – photo 1906 -. Petah Tiqva (la Porte de l’Espérance d’Osée 2-17) est le premier village agricole moderne, fondé en 1878, et qui plus est, par des Sionistes religieux venant de Jerusalem, une fondation venant du yichouv même.
Vue de Petah Tiqva en 1910 :
A Rehovot (??????????), fondée en 1890, les champs sont protégés par un garde des incursions et razzias menées contre les fermes juives. (photo 1910)
Vue de la rue principale de Rehovot (1912)
La situation d’insécurité prévaut pour toutes les fermes. Ici, des paysans montent la garde à Rishon le Tsion (???????? ?????????? ) – photo 1910 –
Photo représentant une ferme de Rishon le Tsion en 1913, près de trente ans après sa fondation le 31 juillet 1882 par les Amants de Sion :
Kfar Saba (??? ???) a été fondé en 1892, mais le village a été entièrement détruit par des milices arabes venant de Qalqilya le 6 août 1910. Situation révélatrice de la réalité de terrain, là encore, bien loin de l’image d’Epinal de paisibles paysans arabes. Durant la Première Guerre mondiale, la ville se situe près de la ligne de front, et sert de camp de réfugiés en provenance de Tel Aviv. En 1920, des pionniers tentent de refonder le village, comme nous le voyons sur la photo prise la même année.
Ces fermes, protégées par quelques gardes, seront à nouveau dévastées par les arabes. En quoi une ferme les privaient-ils de leur liberté ? De leur biens ? Le fondement qui est trop souvent oublié de la Hagannah puis de Tsahal est la défense. C’est aussi pour cela que l’armée israélienne inclut dans son code éthique la désobéissance à des actes immoraux, car elle est fondée non sur la conquête mais seulement sur la défense du peuple juif.
L’exemple de Kfar Saba est, me semble-t-il, symptomatique de la confrontation entre vision juive (travail de la terre, piété, liberté) et vision arabe (fondée sur la hiérarchie théologique et la pratique de la razzia).
La fable arabo-palestinienne a cherché pendant des années à gommer cette histoire commune aux Juifs et aux Arabes. Alors que le pouvoir est aux mains des Ottomans jusqu’en 1917, il n’est pas question d’associer la restauration de ces villages à une quelconque « colonisation », concept qui forme aujourd’hui la clé de la contestation d’inspiration gauchiste, de la présence juive sur sa terre historique. Contestation teintée de judéophobie, de toute évidence.
Car toutes ces photos n’ont fait que monter la nature du sionisme : la recherche de la liberté et de la souveraineté juive sur son propre destin. Cela n’impliquait pas nécessairement une forme d’indépendance comme celle que l’histoire a connu, avec le « plan de partage » non équitable de 1947, attribué notamment l’essentiel du désert à l’Etat juif. Pour les pionniers, c’était avant tout la liberté et la sécurité. Même sous autorité ottomane. Pour cela, il aurait fallu que les élites arabes ne choisissent pas la voie de l’endoctrinement politico-religieux, selon lequel la défaite juive signifierait une victoire musulmane.
La restauration de l’Etat d’Israel trouve l’essentiel de ses racines dans la recherche d’un défense de la vie juive.
Contre les attaques, contre les missiles, contre les idéologies et autres impostures qui cherchent à détruire ce jardin devenu si verdoyant.
Pour ce voyage où j’ai moi-même pu découvrir des pans entiers de l’histoire moderne d’Israel, dans toute son humanité et sa grandeur, je dois exprimer ma dette envers eretz yisroel, ainsi que mes plus chaleureux remerciements à Aschkel, qui, sans le savoir, m’a donné l’idée de ce voyage virtuel à travers le temps et Israel…
Qu’elle trouve dans ces quatre articles l’expression de ma reconnaissance.
Une terre et des hommes – Israël – Pays pionnier – 1ère partie
Sur le chemin de la liberté Israël 1947 – 1949 – 2è partie